La région Provence-Alpes-Côte d'Azur a connu son troisième été le plus chaud jamais enregistré en 2025, marqué non pas par des pics de chaleur extrêmes en journée, mais par un nombre record de nuits où la température n'est pas descendue sous les 20°C. Ce phénomène, qualifié de "nuits tropicales", a particulièrement touché le littoral, avec des chiffres atteignant 77 nuits à Nice et 59 à Toulon.
Selon les données de Météo-France, bien que l'été 2025 se classe derrière les canicules historiques de 2003 et 2022 en termes de température moyenne, il se distingue par la persistance de la chaleur nocturne, établissant de nouveaux records de températures minimales dans plusieurs villes de la région.
Points Clés
- L'été 2025 a été le troisième plus chaud enregistré en région PACA, avec une température moyenne de 21,2°C, soit 1,94°C au-dessus des normales.
- Un nombre record de "nuits tropicales" a été observé, avec 77 à Nice et plus de 70 à Menton.
- Plusieurs records absolus de températures minimales ont été battus, notamment 27,2°C à Toulon et 28,7°C à Nice.
- Le Var a connu un déficit de pluie de 54%, le plus important de la région.
- Les conséquences économiques des événements climatiques extrêmes en Europe pour l'été 2025 sont estimées à 43 milliards d'euros.
Un été classé troisième plus chaud de l'histoire
L'été 2025 (période du 1er juin au 31 août) a confirmé la tendance au réchauffement climatique en France et plus particulièrement en Provence-Alpes-Côte d'Azur. À l'échelle nationale, il se positionne comme le troisième été le plus chaud jamais mesuré, avec une moyenne de 22,2°C, juste après les étés exceptionnels de 2003 (23,1°C) et 2022 (22,7°C).
Cette tendance se confirme au niveau régional. La direction de Météo-France à Aix-en-Provence rapporte une température moyenne de 21,2°C pour la région PACA. Ce chiffre représente une anomalie significative de +1,94°C par rapport à la normale saisonnière calculée sur la période 1991-2020. Comme au niveau national, 2025 se place derrière 2003 et 2022.
Sophie Ricard, météorologiste conseil chez Météo-France, explique que la moyenne régionale est inférieure à la moyenne nationale en raison des "gros écarts de températures entre le littoral et les départements alpins".
Des journées très chaudes, mais sans records majeurs
Concernant les températures maximales, l'anomalie régionale est encore plus marquée, atteignant +2,25°C. Le département du Vaucluse a été le plus touché avec une hausse de +2,79°C, et même +3,5°C dans le sud du Luberon. Le Var a enregistré une moyenne de 31,2°C, avec des pics à 40,3°C relevés à Vinon-sur-Verdon et au Luc-en-Provence, sans toutefois battre de records absolus.
Dans les Alpes-Maritimes, le littoral et l'arrière-pays ont subi une hausse similaire de +3,5°C par rapport aux normales. Nice a connu sa journée la plus chaude le 15 août avec 35,7°C. Malgré ces fortes chaleurs, les experts notent l'absence de nouveaux records de température maximale.
Qu'est-ce qu'une nuit tropicale ?
Le terme "nuit tropicale" est utilisé par les météorologues pour décrire une nuit durant laquelle la température minimale ne descend pas en dessous de 20°C. Ce phénomène empêche les organismes de récupérer de la chaleur accumulée pendant la journée, augmentant les risques pour la santé, notamment pour les personnes vulnérables.
Le véritable phénomène : des nuits exceptionnellement chaudes
Ce qui rend l'été 2025 remarquable, ce sont ses températures nocturnes. "On n’a pas connu un été exceptionnel du point de vue des températures maximales, mais il est toutefois remarquable par ces températures minimales", souligne Sophie Ricard.
"La mer, qui permet d’avoir sur le littoral des températures inférieures au reste du territoire en journée, empêche ces mêmes températures de baisser la nuit."
Sophie Ricard, Météorologiste conseil, Météo-France
Plusieurs records absolus de températures minimales ont été battus en PACA. La nuit du 17 juillet a été particulièrement étouffante dans le Var, avec quatre records établis :
- Les Arcs : 24,8°C
- Hyères : 26,5°C
- Bormes-les-Mimosas : 26,6°C
- Toulon : 27,2°C
Dans les Alpes-Maritimes, la ville de Nice a battu son record absolu le 12 août avec une température nocturne de 28,7°C.
Nombre de nuits tropicales en 2025
- Nice : 77 nuits (troisième valeur la plus haute enregistrée)
- Menton et Valbonne : Plus de 70 nuits
- Toulon : 59 nuits (troisième valeur la plus haute enregistrée)
- Le Luc-en-Provence : 28 nuits
Cette accumulation de nuits chaudes a un impact direct sur la santé et le confort des habitants, qui peinent à trouver du répit après des journées déjà chaudes.
Un déficit de pluie préoccupant et des coûts économiques élevés
En plus de la chaleur, l'été 2025 a été marqué par un manque de précipitations. Le Var a été le département le plus affecté de la région, avec un déficit de pluie de 54% par rapport à la normale. Dans les Alpes-Maritimes, le déficit s'est établi à 33%, aggravant les conditions de sécheresse.
L'impact économique du changement climatique
Ces événements climatiques extrêmes ont des conséquences économiques bien réelles. Une étude récente menée par Sehrish Usman de l'université de Mannheim a chiffré les pertes dues aux vagues de chaleur, sécheresses et inondations en Europe à 43 milliards d'euros pour l'été 2025.
L'étude prend en compte les dommages directs, comme la destruction d'infrastructures, et les coûts indirects, tels que les pertes de production ou l'inflation. Pour la France, l'Espagne et l'Italie, les pertes dépassent les 10 milliards d'euros pour chaque pays. Selon les projections, les coûts macroéconomiques liés aux catastrophes de cet été pourraient atteindre 126 milliards d'euros d'ici 2029.
Ces chiffres soulignent l'urgence d'adapter les territoires aux effets de plus en plus palpables du réchauffement climatique, dont l'été 2025 en région PACA est une nouvelle illustration frappante.