Vingt-quatre ans après le meurtre non élucidé d'Ariane Guillot sur la colline du Château à Nice, un témoignage saisissant vient relancer l'une des affaires criminelles les plus mystérieuses de la région. Une commerçante du Vieux-Nice affirme avoir reconnu le suspect décrit dans le portrait-robot de l'époque et dénonce une piste qui, selon elle, n'aurait pas été suffisamment explorée.
Le 18 avril 2001, Ariane Guillot, une enseignante de 25 ans, était tuée d'un unique coup de couteau alors qu'elle se promenait avec son neveu de trois ans et demi. L'affaire, classée en 2009, a été rouverte en 2023 par le pôle "cold case" de Nanterre, qui a lancé un nouvel appel à témoins. C'est dans ce contexte qu'une parole longtemps contenue refait surface, apportant un éclairage potentiellement décisif.
Points Clés
- Un témoignage d'une commerçante niçoise relance l'enquête sur le meurtre d'Ariane Guillot en 2001.
- La témoin identifie le portrait-robot comme étant un jeune musicien qui fréquentait le Vieux-Nice à l'époque.
- Le groupe de musiciens auquel appartenait le suspect aurait disparu juste après le crime.
- Le pôle "cold case" de Nanterre a rouvert le dossier en 2023 et mène de nouvelles investigations.
Un meurtre brutal en pleine journée
Le drame s'est produit en fin d'après-midi sur la colline du Château, un lieu de promenade prisé des Niçois. Ariane Guillot, venue rendre visite à son frère, profitait d'un moment avec son jeune neveu. L'agression fut soudaine et fatale. Un seul coup de couteau a mis fin à ses jours, laissant pour unique témoin direct un enfant de trois ans et demi, portant un petit imperméable jaune.
Malgré les efforts des enquêteurs et la diffusion d'un portrait-robot, le mystère est resté entier. L'arme du crime n'a jamais été retrouvée et aucun suspect n'a été formellement identifié. L'affaire a été classée sans suite en 2009, plongeant la famille de la victime dans une attente insoutenable.
Le témoignage qui change tout
Plus de deux décennies plus tard, une commerçante du Vieux-Nice, que nous appellerons Adèle pour préserver son anonymat, livre un récit qui fait froid dans le dos. « Si le portrait-robot est fiable, alors c’est lui, il n’y a absolument aucun doute », déclare-t-elle avec assurance. Elle se souvient parfaitement de la publication du dessin dans la presse locale en avril 2001.
Selon Adèle, le visage du portrait-robot est celui d'un adolescent qui faisait partie d'un groupe de musiciens gitans. « Il devait avoir 14, 15 ou 16 ans. Il était grand pour son âge, et tout maigrichon », précise-t-elle. Ce groupe animait régulièrement les terrasses des restaurants du Cours Saleya et les ruelles du Vieux-Nice. « Tout le monde les connaissait », insiste la commerçante.
Le rôle du pôle "Cold Case"
Créé en 2022 au tribunal de Nanterre, le pôle national dédié aux crimes en série et non élucidés a pour mission de réexaminer des dossiers classés. En utilisant des techniques d'enquête modernes et un regard neuf, les magistrats et enquêteurs spécialisés tentent de résoudre des affaires anciennes, comme celle d'Ariane Guillot, rouverte officiellement en 2023.
Une disparition soudaine et des aveux troublants
Le détail le plus frappant du témoignage d'Adèle est la chronologie des événements. « Après le meurtre, on n’a plus jamais vu le groupe dans le Vieux-Nice », ajoute-t-elle. La disparition soudaine de ces musiciens, si présents dans le quartier, a immédiatement interpellé les commerçants.
Quelque temps plus tard, un membre plus âgé du groupe serait revenu seul dans le quartier. Interrogé par les commerçants, il aurait livré une réponse glaçante. Adèle se remémore ses paroles :
« Non, mon cousin a du sang sur les mains, alors on le fait tourner en France dans les camps de gitan, on ne se voit plus. »
À l'époque, Adèle et d'autres personnes auraient contacté la police pour partager ces informations cruciales, mais leur piste ne semble pas avoir abouti.
Une seconde chance manquée ?
L'histoire ne s'arrête pas là. Quelques années après les faits, Adèle affirme avoir de nouveau croisé le jeune homme. Il avait alors une vingtaine d'années et paraissait « tout agité, surexcité ». Déterminée à ne pas laisser passer cette occasion, elle a demandé à un client d'appeler le commissariat Auvare pendant qu'elle tentait de retenir le suspect.
« On a essayé de le garder le plus possible », raconte-t-elle. Un ami a même suivi le jeune homme pour guider la police. « On a encore appelé deux fois Auvare », poursuit-elle. Malheureusement, l'attente fut longue. « La police n’est arrivée qu’à 19 heures ! Un homme et une femme », se désole-t-elle, soit plusieurs heures après le premier appel. Le suspect était déjà loin.
De nouvelles analyses en cours
Dans le cadre de la réouverture de l'enquête, l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) a été chargé de réexaminer l'ensemble du dossier. De nouvelles analyses génétiques et des examens des traces de sang retrouvées sur la scène du crime sont actuellement menés, dans l'espoir qu'une avancée scientifique permette d'identifier l'auteur 24 ans après les faits.
L'espoir renaît avec un nouvel appel à témoins
Aujourd'hui, le témoignage d'Adèle pourrait offrir une nouvelle direction aux enquêteurs du pôle "cold case". Cette piste, si elle se confirme, pourrait expliquer pourquoi l'auteur du meurtre a échappé à la justice pendant si longtemps.
En parallèle, les autorités ont diffusé en octobre dernier une vidéo dans le cadre de la série « En quête d’indices ». Ce court film de deux minutes présente des éléments du dossier : des images de la colline du Château, une photo du neveu d'Ariane dans son imperméable jaune, et une modélisation 3D de l'arme du crime. Cet appel à témoins vise à raviver les mémoires et à inciter toute personne détenant une information, même minime, à se manifester.
Pour la famille d'Ariane Guillot et pour tous ceux qui n'ont pas oublié ce drame, ces nouveaux développements représentent un immense espoir. L'espoir que, 24 ans après, la justice puisse enfin être rendue.





