Le tribunal correctionnel de Nice a condamné Thierry Birles, 36 ans, à une peine de cinq ans d'emprisonnement et à une amende de 300 000 euros. Il a été reconnu coupable d'avoir escroqué l'acteur et réalisateur Dany Boon de plus de 4,5 millions d'euros en se faisant passer pour un aristocrate irlandais.
L'affaire, qui a débuté en 2021, impliquait des investissements fictifs dans la gestion d'un yacht et des placements financiers frauduleux. Après près de trois ans de cavale, l'homme a été arrêté au Panama en février 2024.
Points Clés
- Condamnation : Thierry Birles a été condamné à 5 ans de prison et 300 000 euros d'amende pour escroquerie, faux, usage de faux et blanchiment.
- Montant de l'escroquerie : L'acteur Dany Boon a été délesté de plus de 4,5 millions d'euros.
- Mode opératoire : L'accusé s'est présenté comme un lord irlandais pour gagner la confiance de sa victime.
- Arrestation : Après une longue cavale, il a été interpellé au Panama par Interpol en février 2024.
Le verdict du tribunal de Nice
Ce vendredi 26 septembre 2025, le tribunal correctionnel de Nice a rendu son jugement dans une affaire d'escroquerie aux allures de scénario de film. Thierry Birles, un homme de 36 ans, a été reconnu coupable de l'ensemble des chefs d'accusation qui pesaient contre lui, notamment l'escroquerie en récidive, le faux, l'usage de faux et le blanchiment d'argent.
La peine prononcée est de cinq ans d'emprisonnement ferme, assortie d'une amende de 300 000 euros. Le tribunal a suivi en grande partie les réquisitions du parquet, qui avait demandé six ans de prison. L'accusé est également visé par une peine d'inéligibilité de cinq ans.
Un profil complexe et manipulateur
Durant l'audience, Thierry Birles a présenté le visage d'un homme cultivé et éloquent. Se décrivant comme polyglotte parlant sept langues et expert en droit maritime, il a tenté de séduire le tribunal. La présidente, Marion Menot, a d'ailleurs reconnu ses « capacités indéniables ».
Né à Paris, il a inventé de toutes pièces une prestigieuse lignée d'aristocrates irlandais. Il a affirmé être un « orphelin de cœur », en rupture avec sa famille depuis des décennies. En prison, il se serait comporté en détenu modèle, agissant comme un « conciliateur pacificateur ».
Un cas de récidive
Ce n'était pas la première fois que Thierry Birles faisait face à la justice. Il avait déjà été condamné pour des faits d'escroquerie en 2019, ce qui a constitué une circonstance aggravante dans ce nouveau dossier. Sa condamnation pour récidive souligne un schéma comportemental bien établi.
La mécanique d'une escroquerie à plusieurs millions
L'affaire a débuté en 2021 lorsque Thierry Birles est présenté à Dany Boon par l'intermédiaire du navigateur Marc Pajot. Se faisant passer pour un gestionnaire de fortune et un noble irlandais, il gagne rapidement la confiance de l'acteur.
Dans un premier temps, il le convainc de lui confier la gestion de son voilier de 21 mètres. Dany Boon verse alors 2,2 millions d'euros à une société irlandaise contrôlée par Birles, officiellement pour couvrir des frais d'entretien et une assurance qui se révélera fictive.
L'investissement frauduleux
Fort de ce premier succès, Thierry Birles propose une nouvelle opération. Il incite l'acteur à investir 4,5 millions d'euros supplémentaires dans un placement supposément garanti par la Banque centrale d'Irlande, promettant des intérêts élevés. L'argent est transféré, mais l'investissement n'a jamais existé. Un second bateau, plus grand, est même évoqué pour maintenir l'illusion, alors que le premier n'a jamais été mis à l'eau.
La défense soulève la question de l'optimisation fiscale
Selon l'avocat de Thierry Birles, Maître Arthur Vercken, l'acteur n'était pas une victime entièrement naïve. Il a suggéré que Dany Boon cherchait une solution pour une « situation fiscale complexe » et que la démarche relevait potentiellement d'une tentative d'optimisation fiscale. « Il ne faut pas être dupe », a-t-il déclaré à l'audience.
Une cavale internationale et un argent volatilisé
Fin 2021, sentant la situation se tendre, Thierry Birles annonce à Dany Boon avoir cédé sa société à une mystérieuse famille italienne. Il conseille à l'acteur de traiter directement avec eux. Méfiant, Dany Boon refuse et demande le remboursement de ses fonds. C'est à ce moment que l'escroc disparaît.
L'acteur engage alors des détectives privés pour le retrouver. L'enquête révèle l'ampleur de la supercherie : Birles possède plusieurs passeports, des sociétés écrans et des comptes bancaires disséminés dans le monde entier, de Monaco à la Corée du Sud.
« C’est l’occasion qui a fait le larron », aurait simplement expliqué le prévenu aux enquêteurs pour justifier son passage à l'acte.
Sa fuite prend fin en février 2024, lorsqu'il est arrêté au Panama grâce à un mandat d'arrêt international émis par la France. Il est ensuite extradé pour être jugé à Nice.
Où sont passés les millions ?
La question centrale du procès reste la localisation des fonds détournés. L'enquête a permis de tracer une partie de l'argent, qui a transité par des places financières comme Monaco et Singapour.
Selon l'avocat de Dany Boon, Maître Benjamin Van Gaver, au moins 3 millions d'euros ont été dépensés dans des biens de luxe :
- Tableaux de maîtres
- Bijoux et montres de luxe
- Vêtements de haute couture
- Biens immobiliers
La procureure, Coralie El Bekkai, est persuadée qu'une partie significative des sommes est toujours dissimulée dans des paradis fiscaux. De son côté, Thierry Birles affirme qu'il pourrait rembourser ses victimes s'il était libéré, prétendant devoir se rendre au Panama pour débloquer 9 millions d'euros sur des comptes offshore. Une demande qui n'a pas convaincu le tribunal.
En plus de sa condamnation en France, Thierry Birles reste sous le coup d'un mandat d'arrêt de la justice monégasque, qui le poursuit également pour blanchiment d'argent, ainsi que son ex-compagne.