Le procès de Joao da Luz Moreira Mendes, accusé de tentative d'assassinat dans le quartier des Moulins à Nice, se poursuit devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes. La troisième journée d'audience a été consacrée à l'examen de la personnalité complexe et du passé judiciaire chargé de l'accusé de 35 ans, qui risque la réclusion criminelle à perpétuité pour des faits survenus en janvier 2020.
L'enjeu pour la cour est de démêler les fils d'une affaire où les preuves matérielles se heurtent aux dénégations de l'accusé, qui clame son innocence face à des accusations basées sur le témoignage de la victime et des renseignements anonymes. Le verdict est attendu en fin de semaine.
Points Clés de l'Affaire
- Joao da Luz Moreira Mendes, 35 ans, est jugé pour tentative d'assassinat sur Vitor Manuel Tavares Barros Pereira.
- Les faits se sont déroulés le 15 janvier 2020 au bar Dream Gourmet, dans le quartier des Moulins à Nice.
- L'accusé nie les faits et affirme être victime de rumeurs, malgré plusieurs éléments à charge.
- Son parcours de vie, marqué par l'instabilité et un casier judiciaire fourni, a été au centre des débats.
Le profil complexe de l'accusé
Qui est vraiment Joao da Luz Moreira Mendes, surnommé « Berdiane » ? C'est la question qui a occupé la cour d'assises durant une grande partie de la journée de mercredi. L'homme de 35 ans, assis dans le box des accusés, présente un parcours de vie sinueux qui a débuté au Cap-Vert, où il est né en tant que cinquième enfant d'une fratrie de sept.
Sa jeunesse s'est poursuivie au Portugal avant qu'il n'arrive en France à l'âge de 17 ans. C'est à Nice, et plus précisément dans le quartier sensible des Moulins, qu'il s'est installé. Il y a fondé une famille, devenant père de deux enfants avec sa compagne. Cette implantation locale est un élément central du dossier, le quartier étant le théâtre des faits qui lui sont reprochés.
Une personnalité à double facette
Les témoignages et expertises brossent un portrait contrasté de l'accusé. D'un côté, des connaissances le décrivent comme quelqu'un de « sympa », à l'image du gérant d'un bar à chicha du quartier de l'Ariane. L'accusé affirme d'ailleurs avoir passé la soirée du 15 janvier 2020 dans cet établissement, loin de la scène de crime.
De l'autre côté, une image bien plus sombre émerge des débats. La présidente du tribunal a souligné un tempérament « un peu sanguin ». Les expertises psychologiques vont plus loin, décrivant une personnalité « égocentrée » et marquée par une forte « intolérance à la frustration », des traits de caractère que l'avocat général n'a pas manqué de mettre en avant pour éclairer les possibles motivations du passage à l'acte.
Le contexte : le quartier des Moulins
Le quartier des Moulins, à l'ouest de Nice, est connu pour être une zone sensible marquée par des tensions et le trafic de stupéfiants. Les règlements de comptes n'y sont pas rares, ce qui complexifie souvent les enquêtes judiciaires en raison de la loi du silence qui peut y régner. C'est dans ce contexte que s'inscrit la tentative d'assassinat du Dream Gourmet.
Un passé judiciaire qui pèse lourd
Le casier judiciaire de Joao da Luz Moreira Mendes est un autre élément central examiné par la cour. Loin d'être vierge, il comporte plusieurs condamnations pour des faits de délinquance graves, notamment des vols en réunion et des vols avec violence, souvent en état de récidive.
« Vous avez fait du tourisme judiciaire en PACA », a ironisé la présidente du tribunal, faisant référence à ses multiples démêlés avec la justice dans la région. Ce passé délinquant ancre l'accusé dans un univers de criminalité qui, selon l'accusation, rend crédible son implication dans une affaire de tentative d'assassinat.
Les questions sans réponse de la cour
Plusieurs points soulevés par la présidente restent en suspens et fragilisent la défense de l'accusé :
- La détention d'une arme : Pourquoi un pistolet a-t-il été retrouvé sur lui lors de son interpellation ? « Craignez-vous quelque chose ? », a demandé la cour.
- Les résidus de tir : Comment expliquer la présence de résidus de poudre sur la doudoune qu'il portait et sur les lieux du crime ?
- Le changement de puce téléphonique : Pourquoi a-t-il changé de carte SIM juste après la fusillade du 15 janvier ?
Face à ce flot de questions, l'accusé est resté sur sa ligne de défense, peinant à fournir des explications convaincantes. Chaque silence ou réponse évasive a semblé peser un peu plus contre lui dans le prétoire.
La défense face aux preuves matérielles
La stratégie de Joao da Luz Moreira Mendes repose sur une idée simple : il serait la victime d'une machination. « J'ai tout perdu pour des on-dits », a-t-il déclaré avec force devant la cour. Selon lui, les accusations portées à son encontre ne sont que le fruit de rumeurs et de dénonciations malveillantes.
Il est vrai que le dossier repose en grande partie sur deux piliers : le témoignage de la victime, Vitor Manuel Tavares Barros Pereira, qui l'a formellement désigné comme son agresseur, et des renseignements anonymes parvenus aux services de police peu après les faits. La défense tente de discréditer ces éléments, les présentant comme peu fiables et potentiellement orientés par des règlements de comptes annexes.
« J'ai tout perdu pour des on-dits. »
Cependant, cette défense se heurte à des preuves scientifiques difficiles à contester. Les analyses balistiques et la découverte des résidus de tir constituent des éléments matériels forts pour l'accusation. La concordance entre ces preuves et les témoignages place l'accusé dans une position très délicate.
L'attente du verdict
Alors que le procès entre dans sa phase finale, la tension est palpable. La cour et les jurés devront peser le parcours chaotique et la personnalité trouble de l'accusé face aux preuves matérielles et aux témoignages qui l'accablent. L'enjeu est de taille pour Joao da Luz Moreira Mendes, qui encourt la plus lourde peine du Code pénal français.
La décision de la cour d'assises des Alpes-Maritimes est attendue au plus tard vendredi matin. Elle viendra clore un dossier complexe, révélateur des violences qui peuvent éclater au cœur de certains quartiers niçois. Le verdict déterminera si les « on-dits » dénoncés par l'accusé étaient en réalité le reflet d'une vérité criminelle.