Un incendie de véhicules survenu dans la nuit de samedi à dimanche dans le quartier de Nice-Ouest a non seulement mobilisé les sapeurs-pompiers, mais a également ravivé le souvenir douloureux d'une tragédie ayant marqué le secteur il y a plus de trente ans. Les explosions des pneus ont réveillé les habitants et une vieille angoisse collective.
L'incident, bien que maîtrisé rapidement et sans faire de victimes, s'est produit sur un lieu chargé d'histoire, le boulevard René-Cassin, en face de l'actuel supermarché Intermarché, anciennement connu sous le nom de Casino Ferber, théâtre d'un effondrement mortel en 1994.
Points Clés
- Un incendie a détruit une voiture et un scooter à Nice-Ouest dans la nuit du 4 au 5 octobre 2025.
- L'intervention rapide de six sapeurs-pompiers a permis de limiter les dégâts matériels.
- Le sinistre a eu lieu sur le site de l'ancien supermarché Casino Ferber, lieu d'un effondrement tragique en 1994.
- Les détonations ont provoqué l'inquiétude des riverains, réveillant le souvenir de ce drame historique.
Déroulement de l'intervention nocturne
Aux alentours de 1h30 du matin, dans la nuit de samedi à dimanche, une alerte a été donnée pour un feu de véhicules sur le boulevard René-Cassin, une artère majeure de l'ouest de Nice. À leur arrivée, les secours ont découvert une voiture et un scooter entièrement en proie aux flammes.
Une équipe de six sapeurs-pompiers du Service Départemental d'Incendie et de Secours des Alpes-Maritimes (SDIS 06) a été rapidement dépêchée sur les lieux. Grâce à leur action efficace, le feu a été maîtrisé avant qu'il ne puisse se propager à d'autres véhicules stationnés à proximité, bien que certains aient subi des dommages mineurs dus à la chaleur intense.
L'opération a duré un peu plus d'une heure, le temps d'éteindre complètement le brasier et de sécuriser le périmètre. Aucune victime n'est à déplorer, les dégâts étant purement matériels. Une enquête a été ouverte pour déterminer l'origine de l'incendie, la piste criminelle n'étant pas écartée à ce stade.
Un réveil brutal pour le voisinage
Pour les habitants du quartier, la nuit a été courte. Ce sont les bruits sourds et répétés des pneus éclatant sous l'effet de la chaleur qui ont tiré de nombreux résidents de leur sommeil. Ces détonations, amplifiées par le silence de la nuit, ont immédiatement semé l'inquiétude.
« Ce sont des explosions de pneus qui nous ont alertés mais, en résonance avec cette histoire, les habitants ont eu peur », a témoigné une riveraine auprès de nos confrères de Nice-Matin, faisant directement le lien avec le passé tragique du lieu.
Cette réaction instinctive montre à quel point certains événements, même mineurs, peuvent raviver une mémoire collective et un traumatisme profondément ancré dans la conscience d'un quartier.
Le poids de l'histoire : le drame de Ferber
Pour comprendre la peur des habitants, il faut remonter plus de trente ans en arrière. L'incendie s'est déclaré en face de l'Intermarché, qui occupe l'emplacement de l'ancien supermarché Casino Ferber. Ce nom est tristement célèbre à Nice pour la catastrophe qui s'y est produite.
Le 26 janvier 1994 : une journée tragique
Ce jour-là, alors que le supermarché était en pleins travaux de rénovation et d'agrandissement, une dalle de béton de plusieurs centaines de tonnes s'est effondrée en pleine journée. Le bilan fut terrible : trois personnes ont perdu la vie et 116 autres ont été blessées, certaines très grièvement. Ce drame avait provoqué une onde de choc dans toute la ville et au-delà.
L'enquête qui a suivi a mis en lumière des défaillances dans la conception et le suivi du chantier. Le procès, qui s'est tenu plusieurs années plus tard, a abouti à la condamnation de cinq responsables du chantier et de l'entreprise à des peines de prison avec sursis pour homicides et blessures involontaires.
Le drame de Ferber en chiffres
- Date : 26 janvier 1994
- Victimes : 3 morts et 116 blessés
- Cause : Effondrement d'une dalle de béton durant des travaux
- Condamnations : 5 personnes condamnées à de la prison avec sursis
La mémoire collective et l'impact psychologique
L'incident de ce week-end, bien que sans commune mesure avec la tragédie de 1994, illustre parfaitement le concept de mémoire des lieux. Pour les riverains, en particulier ceux qui vivaient déjà dans le quartier à l'époque, le boulevard René-Cassin n'est pas un simple axe de circulation ; il est associé à un souvenir douloureux.
Le bruit des explosions, même s'il s'agissait de pneus, a fonctionné comme un déclencheur, ravivant l'angoisse et la peur liées à l'effondrement. Cet événement met en lumière la persistance des traumatismes collectifs au sein d'une communauté. Des décennies plus tard, une simple coïncidence de lieu et de son peut suffire à faire resurgir des émotions fortes.
Les autorités et les services de secours sont conscients de cet impact psychologique. La communication rapide sur la nature de l'incident et l'absence de victimes a permis de rassurer la population, mais la peur initiale ressentie par les habitants témoigne de la cicatrice laissée par le drame de Ferber.
Cet incendie rappelle que la sécurité dans l'espace public ne se limite pas à la gestion des risques immédiats, mais englobe aussi la prise en compte de l'histoire et de la sensibilité des communautés locales. Pour les habitants de Nice-Ouest, la nuit du 4 au 5 octobre 2025 restera un rappel, heureusement sans gravité, d'une des pages les plus sombres de l'histoire de leur quartier.