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Un policier et un pompier condamnés pour violences à Nice

Un policier de 22 ans et un pompier de 21 ans ont été condamnés à 12 mois de sursis pour avoir agressé un jeune homme sur la Promenade des Anglais à Nice.

François Chevalier
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François Chevalier

Journaliste spécialisé dans les affaires criminelles et les questions de sécurité sur la Côte d'Azur. François Chevalier couvre les enquêtes judiciaires et décrypte les dynamiques du grand banditisme local.

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Un policier et un pompier condamnés pour violences à Nice

Le tribunal correctionnel de Nice a rendu son verdict dans une affaire de violences survenue sur la Promenade des Anglais en juin dernier. Un fonctionnaire de police de 22 ans et un sapeur-pompier volontaire de 21 ans ont été condamnés à des peines de prison avec sursis pour avoir agressé un jeune homme de 18 ans. Un troisième prévenu, un policier municipal de 39 ans, a été relaxé.

Points Clés

  • Deux agents publics, un policier et un pompier, ont été reconnus coupables de violences volontaires.
  • Les faits se sont déroulés le 19 juin sur la Promenade des Anglais à Nice après une altercation.
  • Les deux condamnés ont écopé de 12 mois de prison avec sursis.
  • Le policier de 22 ans a également reçu une interdiction d'exercer sa profession pendant deux ans.
  • Un troisième prévenu, un policier municipal de 39 ans, a été relaxé des charges de dénonciation calomnieuse.

Une altercation nocturne qui dégénère

Les événements se sont produits dans la nuit du 19 juin, aux abords d'un établissement de plage sur la Promenade des Anglais. Une altercation a éclaté, impliquant un groupe de jeunes et trois hommes hors service : un policier municipal de 39 ans, un autre fonctionnaire de police de 22 ans, et un sapeur-pompier volontaire de 21 ans, qui est également un ancien Agent de Surveillance de la Voie Publique (ASVP).

Le policier municipal de 39 ans a été au cœur du déclenchement de l'affaire. Il a initialement affirmé avoir été violemment frappé par-derrière par un jeune homme, au point de perdre connaissance. Cependant, lors de l'audience, il a nuancé sa version, admettant n'avoir été que bousculé.

Contexte de l'incident

L'affaire a mis en lumière le comportement d'agents dépositaires de l'autorité publique en dehors de leurs heures de service. Le tribunal a dû évaluer si leur réaction était proportionnée et légitime, même dans un contexte de confusion nocturne.

La poursuite et l'agression

Suite à cette première altercation, le jeune fonctionnaire de police de 22 ans et le pompier volontaire de 21 ans ont poursuivi la victime, un jeune homme de 18 ans, de l'autre côté de la Promenade des Anglais. Une fois rattrapé, ce dernier a été passé à tabac par les deux hommes.

Devant le tribunal, les deux prévenus ont tenté de justifier leur geste en expliquant qu'ils pensaient que la victime était armée. Cette justification n'a pas suffi à convaincre la cour de leur innocence, mais a été prise en compte dans l'évaluation de leur état d'esprit au moment des faits.

Les deux hommes ont exprimé des regrets lors de leur comparution. « J'aurais dû le maîtriser, pas le frapper. Je regrette », a déclaré le fonctionnaire de police. De son côté, le pompier a reconnu « un manque de professionnalisme » et a présenté ses excuses.

Un procès aux mots forts

L'audience au tribunal correctionnel a été marquée par des déclarations fortes de la part de toutes les parties. L'avocat de la victime, Maître Romain Guerinot, a qualifié le dossier de « honteux pour la police », soulignant la gravité des actes commis par des personnes censées protéger les citoyens.

« Ce sont trois serments qui ont été enterrés ce soir-là. Ces hommes se sont égarés, ont joué aux cow-boys. Ce n'est pas comme ça qu'on maintient l'ordre public », a déclaré la procureure, Sylvie Maillard, lors de ses réquisitions.

La procureure avait requis des peines sévères, notamment une interdiction définitive d'exercer pour le policier le plus âgé et des peines de prison avec sursis pour les trois prévenus. La défense, quant à elle, a vivement protesté contre ces réquisitions, Maître Valérie Bothy-Lafranchi dénonçant une tentative de « mort civile » pour ses clients.

Les réquisitions du parquet

  • Pour le policier de 39 ans : 18 mois de sursis et interdiction définitive d'exercer.
  • Pour le policier de 22 ans : 12 mois de sursis et 2 ans d'interdiction.
  • Pour le pompier de 21 ans : 12 mois de sursis.

Le jugement du tribunal et ses conséquences

Le tribunal, présidé par Agnès Vadrot, a finalement rendu une décision nuancée, distinguant les responsabilités de chacun des prévenus.

Relaxe pour l'un, condamnation pour les deux autres

Le policier municipal de 39 ans, à l'origine de l'altercation, a été relaxé des chefs de dénonciation calomnieuse et d'escroquerie. Le tribunal n'a pas retenu contre lui l'exagération de sa plainte initiale.

En revanche, les deux plus jeunes prévenus ont été reconnus coupables des violences. Ils ont été condamnés à une peine identique de 12 mois de prison avec sursis. Pour le fonctionnaire de police de 22 ans, cette condamnation est assortie d'une interdiction d'exercer sa profession pendant une durée de deux ans, une sanction qui compromet lourdement sa carrière.

Une décision importante du tribunal a été le rejet de la demande de non-inscription de la condamnation au bulletin n°2 de leur casier judiciaire. Cette inscription rendra plus difficile pour eux de trouver un emploi dans la fonction publique à l'avenir. Face à ce verdict, il est probable que la défense ou le parquet décide de faire appel de la décision.