La réintégration d'un professeur des écoles à l'école maternelle Pasteur de Saint-Laurent-du-Var, prévue pour le 3 novembre, suscite une vive controverse. L'enseignant, suspendu suite à des plaintes pour viols sur deux enfants, a vu l'enquête judiciaire classée sans suite, mais la décision de son retour en classe provoque l'incompréhension et la colère d'une partie des parents d'élèves.
Points Clés de l'Affaire
- Un enseignant de moyenne section à Saint-Laurent-du-Var doit reprendre ses fonctions le 3 novembre.
- Il avait été suspendu le 7 octobre après des plaintes pour viols sur deux élèves de 4 ans.
- Le procureur de la République de Grasse a classé l'affaire sans suite le 21 octobre.
- Les familles des enfants ont déposé une nouvelle plainte avec constitution de partie civile.
- Des parents d'élèves s'opposent à son retour et prévoient de lancer une pétition.
Retour en classe sur fond de contestation
Le lundi 3 novembre marquera le retour d'un enseignant dans sa classe de moyenne section à l'école maternelle Pasteur, située au sein du groupe scolaire de la gare à Saint-Laurent-du-Var. Cette reprise intervient dans un climat de tension palpable, un mois après sa suspension à titre conservatoire.
La décision, communiquée aux parents par l'inspecteur d'académie le 29 octobre, a immédiatement déclenché une vague de protestations. Plusieurs familles expriment leur désaccord et leur inquiétude, jugeant ce retour prématuré et mal préparé.
La mobilisation des parents d'élèves
Face à cette situation, un groupe de parents de la classe concernée a décidé de ne pas rester silencieux. L'un d'eux, dont l'enfant est scolarisé dans cette même classe, a confirmé qu'une action collective était en préparation. « Une pétition va être lancée », a-t-il déclaré, précisant qu'elle serait adressée au maire de la commune, à la directrice de l'école et à l'inspecteur d'académie.
Le principal reproche adressé aux autorités est un manque de concertation. « Cette décision aurait dû être prise en concertation avec les parents. Pourtant, tout cela a été fait à notre insu et sans prendre en compte nos avis », déplore ce même parent.
Rappel des faits et du parcours judiciaire
L'affaire a débuté le 1er octobre, lorsque deux familles ont déposé plainte pour des faits qualifiés de viols sur leurs enfants, âgés de 4 ans. Les accusations visaient directement le professeur de leur classe. L'enseignant a toujours clamé son innocence et bénéficie de la présomption d'innocence.
Chronologie des événements
- 1er octobre : Dépôt de deux plaintes pour viols par des familles d'élèves.
- 7 octobre : L'Éducation nationale prononce la suspension de l'enseignant à titre conservatoire.
- 21 octobre : Le procureur de la République de Grasse annonce le classement sans suite de l'affaire.
- 22 octobre : L'académie de Nice annonce la levée prochaine de la suspension.
- 29 octobre : Les parents sont informés du retour de l'enseignant pour le 3 novembre.
Suite au dépôt des plaintes, l'inspecteur d'académie des Alpes-Maritimes, Laurent Le Mercier, avait pris la décision de suspendre l'enseignant dès le 7 octobre, « à titre conservatoire », le temps que l'enquête judiciaire suive son cours.
Le classement sans suite et ses conséquences
Le 21 octobre, un tournant majeur est intervenu. Éric Camous, le procureur de la République de Grasse, a indiqué sa décision de « classer l'affaire sans suite ». Cette décision signifie qu'à l'issue de l'enquête préliminaire, le parquet n'a pas jugé les éléments suffisants pour engager des poursuites pénales.
Cette issue n'a cependant pas mis fin au volet judiciaire. Les avocats des deux familles, Maîtres Audrey Giordan et Romain Guerinot, ont immédiatement annoncé leur intention de poursuivre la procédure en déposant une « plainte avec constitution de partie civile ». Cette démarche permet de demander directement à un juge d'instruction d'ouvrir une information judiciaire, contournant ainsi la décision du procureur.
Qu'est-ce qu'une plainte avec constitution de partie civile ?
Lorsqu'une plainte simple est classée sans suite par le procureur, la victime peut utiliser cette procédure pour forcer l'ouverture d'une enquête approfondie menée par un juge d'instruction. Ce juge dispose de pouvoirs d'enquête plus étendus (perquisitions, auditions, expertises) et décide à l'issue de son instruction s'il y a lieu ou non de renvoyer l'affaire devant un tribunal.
La position de l'Éducation nationale
Pour l'académie de Nice, la décision du procureur a été déterminante. Dès le 22 octobre, au lendemain du classement sans suite, les services de l'Éducation nationale ont communiqué sur la situation. Ils ont indiqué que « à la lumière des conclusions de l’enquête judiciaire qui n’a révélé aucun élément de nature à accréditer les faits reprochés, la suspension de l’enseignant va être levée ».
L'enseignant a ensuite été reçu par l'inspecteur d'académie pour organiser les modalités de sa reprise et définir l'accompagnement dont il pourrait bénéficier. Dans le message envoyé aux parents, l'inspection assure que l'équipe éducative est « pleinement mobilisée pour garantir le bien-être et la sécurité de tous les élèves ».
« Nous restons à votre écoute afin d'accompagner la reprise dans les meilleures conditions possible. Nous vous remercions de votre confiance et de votre coopération pour préserver le climat d'apaisement et de sérénité nécessaire à la vie de l'école. »
Malgré ces assurances, le message n'a pas réussi à apaiser les craintes. Les parents contestataires s'inquiètent également de l'état psychologique de l'enseignant. « Il a été rapporté que l’enseignant broie du noir, qu’il est moralement détruit, et aujourd’hui on nous informe malgré tout qu’il reprend son service... », s'interroge un père de famille.
Pour l'heure, l'inspection d'académie n'a pas officiellement réagi à cette nouvelle fronde des parents. La rentrée du 3 novembre à l'école maternelle Pasteur s'annonce donc particulièrement délicate, entre la procédure judiciaire qui se poursuit et un climat de méfiance qui semble s'être durablement installé.





