Avec près de 5 000 caméras scrutant chaque recoin de la ville, Nice s'est dotée d'un des systèmes de vidéosurveillance les plus denses de France. Au cœur de ce dispositif, le Centre de Supervision Urbain (CSU) opère sans interruption, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Une trentaine d'agents se relaient chaque jour pour garantir la sécurité des Niçois, gérant tout, des accidents de la route aux urgences sociales.
Situé dans le quartier de la Libération, ce centre nerveux est une ruche d'activité constante. Des dizaines d'écrans diffusent en direct les images de la ville, permettant une réactivité immédiate face à chaque événement. Nous avons pu observer le fonctionnement de cette machine bien huilée, où la technologie se met au service de la tranquillité publique.
Points Clés
- Nice dispose d'un réseau de près de 5 000 caméras de vidéosurveillance.
- Le Centre de Supervision Urbain (CSU) est opérationnel 24/7 avec une trentaine d'agents quotidiens.
- Le centre gère une large gamme d'incidents, des accidents de la route aux appels d'urgence des touristes.
- Un nouvel Hôtel des Polices regroupera polices municipale et nationale d'ici fin 2026, intégrant un CSU modernisé.
- Le directeur de la police municipale souligne l'objectif : permettre aux Niçois de sortir en toute sécurité.
Une journée ordinaire au CSU
L'activité du centre est rythmée par la vie de la cité. En fin d'après-midi, l'attention se porte sur les sorties d'écoles. Quatre opérateurs sont dédiés à la surveillance des 149 établissements scolaires de la ville. Leurs écrans affichent les abords des écoles, où les agents de circulation, surnommés « papys et mamies trafic », assurent la sécurité des enfants.
« Parfois, il peut y avoir des altercations entre parents pour des problèmes de garde partagée », explique Jérôme Marcenac, directeur de la police municipale. Heureusement, aujourd'hui, tout est calme. La vigilance reste de mise, car la situation peut changer en un instant.
De l'accident à l'urgence touristique
Soudain, une alerte. Un accident vient de se produire sur la voie Mathis. Une voiture est sur le toit, bloquant totalement la circulation dans le sens ouest-est. Sur les écrans du CSU, la scène est parfaitement visible. Les opérateurs zooment, évaluent la situation : un seul blessé léger. Immédiatement, des équipes sur le terrain sont guidées pour fermer les accès et dévier le trafic vers la Promenade des Anglais afin de limiter l'engorgement.
« C'est assez calme aujourd'hui, il n'y a que cet accident à gérer », commente Aymeric Dredemy, le responsable du CSU. « Mais ça peut vite devenir plus compliqué quand les problèmes s'accumulent, comme une fuite de gaz, ou des bus bloqués par des stationnements gênants. »
Le CSU en chiffres
- Près de 5 000 caméras dans toute la ville.
- Une centaine d'écrans de contrôle.
- 30 agents municipaux mobilisés chaque jour.
- 220 appels reçus en moyenne quotidiennement.
- 8 agents assurent la surveillance durant le service de nuit.
La nuit, une autre surveillance commence
À 19 heures, l'équipe de nuit prend le relais. Les effectifs sont réduits à huit agents, et l'ambiance change. La salle dédiée aux écoles ferme ses portes, le trafic routier diminue. L'attention se déplace alors vers les « points chauds » de la vie nocturne niçoise, comme les secteurs de Garibaldi ou de la place Masséna.
Peu après, un appel vidéo est reçu via une borne d'urgence. Des touristes autrichiens, visiblement désemparés, expliquent s'être fait voler leurs affaires dans le train entre Monaco et Nice. Un agent du CSU leur répond calmement en anglais : « You have to go to avenue Foch », les orientant vers le commissariat le plus proche pour déposer plainte.
« Je veux que les Niçois puissent continuer à sortir en toute sécurité sans se poser de questions. La ville de Nice a toujours été très sécuritaire, et il faut que ça reste comme ça. »
- Jérôme Marcenac, Directeur de la police municipale de Nice
Une dimension sociale inattendue
Plus tard dans la soirée, un autre appel émane d'une borne à Cimiez. Deux personnes sans domicile fixe se disputent. L'opérateur prend la parole, s'adressant à l'un d'eux avec un mélange de fermeté et de bienveillance : « Arrêtez d'embêter votre collègue. » L'intervention, à distance, suffit à calmer la situation.
Aymeric Dredemy observe la scène. « Parfois, il faut aussi savoir faire du social », confie-t-il. Ce rôle, moins connu, est pourtant essentiel. Derrière la technologie, ce sont des humains qui interagissent avec d'autres humains, souvent en situation de détresse.
Visiter le centre de surveillance
La mairie de Nice organise des visites gratuites du Centre de Supervision Urbain deux fois par semaine. C'est une occasion pour les citoyens de découvrir les coulisses de ce dispositif de sécurité. Les inscriptions se font directement sur le site internet de la ville.
Vers la police de demain
Ce centre de haute technologie n'est qu'une étape. Un projet d'envergure se prépare pour fin 2026 : le déménagement du CSU dans le futur Hôtel des Polices, en construction sur le site de l'ancien hôpital Saint-Roch. Ce nouveau complexe regroupera sous un même toit la police municipale et la police nationale.
« Ça sera unique en Europe, c'est très intéressant pour nous, c'est la police de demain », s'enthousiasme Jérôme Marcenac. Pour lui, cette fusion des forces permettra une meilleure coordination et une efficacité accrue. « On pourra aller encore plus loin. »
En attendant ce déménagement, un « showroom » sera installé prochainement dans les locaux actuels du CSU. Il servira à préfigurer et à tester l'aménagement de la future salle de commandement, afin que la transition se fasse sans la moindre interruption dans la surveillance de la ville. Une ville qui ne dort jamais, et dont les yeux ne se ferment jamais non plus.





