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Saint-Laurent-du-Var, une exception face au surtourisme sur la Côte d'Azur

Contrairement à ses voisines, Saint-Laurent-du-Var affiche une pression touristique limitée, avec seulement 2,4% de logements dédiés à Airbnb.

Julien Marchand
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Julien Marchand

Journaliste spécialisé dans l'économie et l'immobilier sur la Côte d'Azur. Julien Marchand analyse les tendances du marché, les projets d'urbanisme et les dynamiques économiques qui façonnent la région.

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Saint-Laurent-du-Var, une exception face au surtourisme sur la Côte d'Azur

Contrairement à ses voisines renommées comme Nice ou Cannes, la ville de Saint-Laurent-du-Var affiche une pression touristique remarquablement limitée. Une analyse basée sur plusieurs indicateurs révèle que la commune parvient à maintenir un équilibre, bien que certains défis subsistent sur son marché locatif.

Cette situation singulière sur le littoral des Alpes-Maritimes s'explique par une plus faible concentration de locations saisonnières et des plages moins prisées, offrant un cadre de vie différent de l'effervescence estivale typique de la région.

Les points clés

  • Saint-Laurent-du-Var obtient la note "B" pour sa pression touristique, qualifiée de "limitée".
  • Les locations de type Airbnb ne représentent que 2,4 % de l'ensemble des logements de la ville.
  • Le nombre de résidences secondaires a légèrement augmenté, passant de 9,9 % en 2011 à 10,4 % en 2022.
  • Un déséquilibre persiste entre les annonces pour des locations de courte et de longue durée.

Une pression touristique maîtrisée selon une étude nationale

Chaque été, le débat sur le surtourisme refait surface sur la Côte d'Azur. La forte attractivité de la région met sous tension de nombreuses municipalités. Cependant, toutes les villes ne sont pas logées à la même enseigne, comme le montre l'analyse du site "Ville de Rêve" et son indicateur, le "Touriscore".

Cet outil évalue la surfréquentation touristique dans les grandes agglomérations françaises sur une échelle allant de "A" (très faible) à "E" (extrême). Saint-Laurent-du-Var se distingue avec une note de "B", synonyme d'une "pression touristique limitée".

Un contraste marqué avec les villes voisines

Ce résultat place Saint-Laurent-du-Var dans une position favorable par rapport à ses voisines directes. Cagnes-sur-Mer, par exemple, obtient un "C", indiquant une pression modérée. Le contraste est encore plus saisissant avec les grandes métropoles touristiques du département.

Nice et Cannes sont toutes deux classées "E", le niveau le plus élevé, reflétant une saturation touristique qui impacte fortement le quotidien des résidents et les infrastructures locales. Cette différence notable suggère que Saint-Laurent-du-Var a, jusqu'à présent, échappé aux effets les plus intenses du tourisme de masse.

Le "Touriscore" est un baromètre qui agrège plusieurs données, notamment le ratio de locations meublées touristiques par rapport au parc de logements, le nombre de résidences secondaires et l'équilibre entre les offres de location de courte et longue durée. Il vise à objectiver le phénomène de surtourisme.

Le marché locatif : une situation à double visage

L'un des principaux facteurs expliquant la bonne performance de Saint-Laurent-du-Var est la part relativement faible des locations de type Airbnb dans son parc immobilier. Selon les données analysées, ces meublés de tourisme représentent seulement 2,4 % de l'ensemble des habitations de la commune.

Ce chiffre est nettement inférieur à ceux observés dans d'autres villes des Alpes-Maritimes, où la prolifération des plateformes de location saisonnière a transformé le marché du logement.

Le ratio entre le nombre d'annonces de meublés touristiques et les nouvelles transactions immobilières (entre 2021 et 2025) est également jugé positif, correspondant à seulement 8 % des opérations. Cette performance vaut à la ville la note de "B" sur ce critère spécifique.

Le point noir : le déséquilibre entre locations courtes et longues

Malgré ces indicateurs positifs, un point de tension majeur demeure. Le rapport entre les annonces Airbnb et les annonces pour des locations de longue durée est très déséquilibré. Les offres de courte durée représentent 9 % du parc locatif total disponible sur le marché.

Cette situation vaut à la ville la note de "E" sur ce critère précis. Selon l'étude, une réduction de moitié de ces offres saisonnières permettrait de loger 219 habitants supplémentaires à l'année. Ce déséquilibre constitue le principal défi pour la municipalité en matière de politique du logement.

Évolution du parc immobilier et réponse fiscale

L'analyse des données de l'INSEE sur une décennie révèle une légère mais notable transformation du parc de logements à Saint-Laurent-du-Var. La part des résidences secondaires et des logements occasionnels a connu une augmentation modeste.

  • En 2011, ces logements représentaient 9,9 % du parc immobilier total.
  • En 2022, cette proportion est passée à 10,4 %.

Corrélativement, la part des résidences principales a légèrement diminué sur la même période, passant de 81,9 % à 80,8 %. Bien que cette évolution soit contenue, elle témoigne d'une tendance de fond observée sur tout le littoral.

La fiscalité comme outil de régulation

Face à cette progression des résidences secondaires, les municipalités disposent d'un levier fiscal. Elles peuvent appliquer une majoration sur la taxe d'habitation pour ces propriétés. Saint-Laurent-du-Var a utilisé cette possibilité.

En 2023, la commune a appliqué une majoration de 40 % sur la taxe d'habitation des résidences secondaires, une décision qui s'inscrit dans la dynamique de nombreuses villes du département cherchant à la fois à générer des revenus supplémentaires et à inciter les propriétaires à louer leurs biens à l'année.

Cette mesure vise à rééquilibrer le marché et à répondre à la forte demande de logements pour les résidents permanents, un enjeu crucial pour la vitalité économique et sociale de la commune tout au long de l'année.