La France a été le théâtre de plusieurs vols spectaculaires qui ont marqué les esprits par leur audace, leur ingéniosité et les butins colossaux dérobés. Du tunnel creusé sous Nice aux braquages de palaces sur la Croisette, ces affaires, souvent dignes de scénarios de films, continuent de fasciner. Retour sur cinq des casses les plus retentissants de l'histoire criminelle française.
Ces événements ont non seulement entraîné des préjudices financiers énormes, mais ils ont aussi mis en lumière les failles de sécurité et la détermination de criminels parfois insaisissables, dont certains courent toujours, tout comme leur butin.
Points Clés
- Le casse de la Société Générale de Nice en 1976, orchestré via les égouts, reste une référence en matière de cambriolage.
- Les joailleries de luxe parisiennes, comme Harry Winston, ont été la cible de braquages audacieux avec des déguisements et des complicités internes.
- Certains vols, comme celui du Carlton à Cannes, se sont déroulés en quelques minutes à peine, avec un seul auteur repartant avec plus de 100 millions d'euros.
- Des personnalités comme Kim Kardashian ont été victimes de vols violents, soulignant la vulnérabilité même dans des lieux ultra-sécurisés.
- Malgré les arrestations, une grande partie des butins de ces casses historiques n'a jamais été retrouvée.
Le "casse du siècle" à Nice : l'ingéniosité souterraine
En juillet 1976, la France découvre avec stupeur l'un des cambriolages les plus méticuleusement préparés de son histoire. Pendant le week-end du 16 et 17 juillet, une équipe de malfaiteurs s'introduit dans la salle des coffres de la Société Générale de Nice, non pas par la force, mais par le sous-sol.
Leur plan était d'une patience et d'une précision remarquables. Pendant près de trois mois, le groupe a creusé un tunnel de huit mètres de long depuis le réseau d'égouts de la ville pour atteindre directement la chambre forte de la banque. Une fois à l'intérieur, ils ont opéré en toute tranquillité, vidant plus de 300 coffres-forts.
Un butin jamais retrouvé
Le montant total du vol a été estimé à 46 millions de francs, ce qui équivaut aujourd'hui à plus de 34 millions d'euros. Le butin, composé d'argent liquide, de lingots d'or et de bijoux, n'a jamais été récupéré dans sa totalité.
Le cerveau présumé, Albert Spaggiari, est arrêté quelques mois plus tard, en octobre 1976. Cependant, son histoire ne s'arrête pas là. En mars 1977, lors d'une audition dans le bureau du juge d'instruction, il réussit une évasion spectaculaire en sautant par la fenêtre sur le toit d'une voiture garée en contrebas, avant de s'enfuir à moto. Il ne sera jamais repris et mourra en cavale des années plus tard.
Luxe et paillettes : quand les palaces deviennent des cibles
La Côte d'Azur et Paris, avec leurs boutiques de luxe et leurs hôtels prestigieux, ont souvent attiré la convoitise des braqueurs les plus audacieux. Deux affaires illustrent parfaitement ce mode opératoire, où la rapidité et le sang-froid sont essentiels.
Harry Winston : le double braquage à Paris
La célèbre joaillerie Harry Winston, située sur la prestigieuse avenue Montaigne à Paris, a été victime non pas d'un, mais de deux braquages majeurs en un peu plus d'un an. Le premier a eu lieu en octobre 2007, lorsque des malfaiteurs déguisés en peintres en bâtiment ont neutralisé le personnel pour dérober des bijoux.
Le second, encore plus spectaculaire, s'est produit en décembre 2008. Quatre hommes, dont trois habillés en femmes, sont entrés armés dans la boutique en plein jour. Ils connaissaient les lieux, les prénoms des employés et l'emplacement des coffres cachés. En moins de vingt minutes, ils sont repartis avec près de 900 bijoux.
Une complicité interne avérée
L'enquête a révélé qu'un agent de sécurité de l'établissement était complice dans les deux affaires. Il a fourni des informations cruciales aux braqueurs. En 2015, huit hommes ont été condamnés à des peines allant de neuf mois à quinze ans de prison pour leur participation à ces vols.
Le préjudice total des deux braquages s'élève à 78,9 millions d'euros. Si une partie des pierres du second vol a été retrouvée, aucun des bijoux du premier n'a refait surface.
Le Carlton de Cannes : un vol record en solitaire
Le 28 juillet 2013, un vol d'une simplicité déconcertante a lieu à l'hôtel Carlton de Cannes. Un homme seul, le visage masqué par un foulard et armé d'un pistolet automatique, fait irruption dans une salle où se déroule une exposition du célèbre joaillier Leviev.
En quelques minutes, sans tirer un seul coup de feu, il remplit un sac de sport de bagues, colliers et montres incrustées de diamants avant de repartir par une porte-fenêtre donnant sur la Croisette. La valeur du butin est astronomique : 103 millions d'euros. Il s'agit de l'un des plus importants vols de bijoux jamais commis en France. À ce jour, ni l'auteur ni les diamants n'ont été retrouvés.
Des affaires plus récentes mais tout aussi marquantes
Les méthodes évoluent, mais les cibles de grande valeur restent les mêmes. Des personnalités publiques aux convoyeurs de fonds, personne n'est à l'abri de ces vols hors normes.
Toni Musulin et le fourgon disparu
Le 5 novembre 2009, l'affaire Toni Musulin défraie la chronique. Ce convoyeur de fonds pour la société Loomis profite d'un arrêt à Lyon pour s'isoler de ses deux collègues et disparaître au volant de son fourgon blindé. À l'intérieur : 11,6 millions d'euros.
Une chasse à l'homme est lancée dans toute l'Europe. Le fourgon est rapidement retrouvé vide. Quelques jours plus tard, la police découvre 9,1 millions d'euros dans un box loué par Musulin. Après onze jours de cavale, il se rend à la police à Monaco. Il sera condamné à quatre ans de prison, mais les 2,5 millions d'euros manquants n'ont jamais été retrouvés. Musulin a toujours nié savoir où ils se trouvaient.
Kim Kardashian : le braquage des "papy braqueurs"
Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016, la star américaine Kim Kardashian est victime d'un vol à main armée dans un hôtel particulier parisien. Cinq hommes, déguisés en policiers, la ligotent et la bâillonnent avant de s'emparer de ses bijoux.
Le butin est estimé à 9 millions d'euros, incluant une bague d'une valeur de 3,5 millions d'euros que la star avait largement exposée sur les réseaux sociaux peu de temps avant.
L'enquête aboutit trois mois plus tard à l'arrestation d'un groupe de criminels chevronnés, surnommés les "papy braqueurs" en raison de leur âge avancé. Jugés en 2025, ils ont été reconnus coupables mais leur état de santé a été jugé incompatible avec une incarcération. Selon les enquêteurs, les bijoux ont probablement été écoulés à Anvers, la plaque tournante mondiale du diamant.
Ces affaires, bien que différentes dans leurs modes opératoires, partagent un point commun : elles démontrent que la réalité peut parfois dépasser la fiction, laissant derrière elles des mystères, des butins volatilisés et des histoires qui continuent d'alimenter l'imaginaire collectif.





