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Escroquerie au faux coursier : des Azuréens perdent des milliers d'euros

Des escrocs se faisant passer pour des coursiers ont dérobé plus de 33 000 euros à des habitants de la Côte d'Azur. La police met en garde contre ce mode opératoire.

Sophie Martin
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Sophie Martin

Journaliste spécialisée dans les faits divers et les actualités locales, Sophie Martin couvre les événements marquants de la région avec rigueur et précision. Elle s'attache à rapporter les informations de manière factuelle et complète.

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Escroquerie au faux coursier : des Azuréens perdent des milliers d'euros

Plusieurs habitants de la Côte d'Azur ont été victimes d'une escroquerie sophistiquée impliquant de faux coursiers. Deux affaires distinctes, jugées récemment à Nice et Grasse, révèlent un mode opératoire bien rodé qui a permis aux fraudeurs de dérober plus de 33 000 euros au total.

Points Clés

  • Deux cas d'escroquerie au "faux coursier" ont été jugés sur la Côte d'Azur, entraînant des pertes de 18 000 et 15 000 euros pour les victimes.
  • Les escrocs utilisent des techniques de "spoofing" pour que le numéro de téléphone de la banque s'affiche, mettant ainsi les victimes en confiance.
  • Un faux coursier est ensuite envoyé au domicile pour récupérer physiquement les cartes bancaires.
  • Les autorités rappellent que les banques ne demandent jamais la restitution d'une carte bancaire par coursier.

Un retraité de Gorbio délesté de plus de 18 000 euros

Le 23 juin 2023, la vie d'un ambulancier à la retraite et de son épouse a basculé. Un appel téléphonique, affichant le numéro de leur agence bancaire de Menton, a été le point de départ d'une fraude méticuleusement orchestrée. L'homme au bout du fil s'est présenté comme un agent du service des fraudes, créant un sentiment d'urgence et de crédibilité.

L'escroc a alerté le couple sur de prétendues opérations suspectes effectuées depuis l'Espagne sur leur compte joint. Pour renforcer sa crédibilité, il a mentionné des transactions réelles et récentes, mettant la victime dans un état de confiance totale.

Le piège se referme

Suivant les instructions, le retraité a désinstallé son application bancaire et éteint son téléphone. Le soir même, un homme se présentant comme un coursier, vêtu d'un gilet orange et muni d'une enveloppe au nom du "service des fraudes", est venu récupérer les deux cartes bancaires du couple à leur domicile de Gorbio.

Dès que les cartes ont été remises, les fraudeurs ont agi rapidement. Quinze retraits ont été effectués dans des distributeurs automatiques à Menton et à Nice. Le préjudice total s'est élevé à plus de 18 000 euros. Fait troublant, les victimes affirment ne jamais avoir communiqué leur code secret.

Comment les fraudeurs obtiennent-ils les informations ?

Les escrocs utilisent des techniques avancées pour collecter des informations personnelles et bancaires. Cela peut inclure le phishing (hameçonnage), l'achat de données sur le dark web ou l'exploitation de failles de sécurité. Ces informations leur permettent de paraître extrêmement convaincants lors de l'appel initial.

L'enquête et l'arrestation du coursier

Lorsque le retraité a réalisé la supercherie, il a immédiatement fait opposition, mais le mal était déjà fait. Grâce à l'exploitation des images de vidéosurveillance, les enquêteurs ont pu identifier le véhicule utilisé par le faux coursier et remonter jusqu'à lui.

L'homme arrêté est un Niçois de 32 ans, gérant d'un snack et confronté à des difficultés financières. Formellement identifié par la victime, il a expliqué avoir été recruté via une annonce sur le réseau social Snapchat.

"C'était une annonce sur Snapchat. On m'a demandé de récupérer des documents," a-t-il déclaré aux enquêteurs, expliquant avoir reçu ses ordres via la messagerie cryptée Telegram.

Il a affirmé ne pas connaître ses commanditaires. Sa mission consistait à récupérer les cartes, effectuer les retraits demandés, puis remettre l'argent liquide à un individu masqué qui l'attendait. Pour ce rôle, il a perçu une commission de 10 %, soit 1 800 euros.

Une autre victime à Saint-Laurent-du-Var

Un scénario presque identique s'est produit le 22 août, visant cette fois une femme de 75 ans à Saint-Laurent-du-Var. Elle a reçu un appel similaire, prétendument de sa banque, et a été convaincue de remettre sa carte bancaire à un coursier.

Les escrocs ont utilisé sa carte pour effectuer des achats de produits de luxe, notamment des iPhones et des sacs Louis Vuitton, ainsi que des retraits d'argent. Le préjudice pour cette victime est estimé à 15 000 euros.

Des arrestations rapides

Suite à la plainte déposée au commissariat de Cagnes-sur-Mer, l'enquête a rapidement progressé. Deux suspects, âgés de 19 et 20 ans, ont été interpellés le 18 septembre. Les perquisitions ont permis de retrouver non seulement la carte de la victime, mais aussi celle d'une autre personne, suggérant l'existence d'un réseau plus large.

Condamnations et conseils de prudence

Dans ces deux affaires distinctes, les trois prévenus ont été reconnus coupables par la justice. Ils ont été condamnés à des peines de prison avec sursis partiel et ont l'obligation formelle d'indemniser financièrement leurs victimes. L'enquête n'a pas encore déterminé s'il s'agit d'un seul et même réseau.

Comment se protéger de cette arnaque ?

Face à la professionnalisation de ces escroqueries, Sébastien Laroze, commissaire de police de Cagnes-sur-Mer, appelle à la plus grande vigilance. Il souligne que les fraudeurs parviennent à obtenir des données précises pour gagner la confiance de leurs cibles.

Voici quelques règles essentielles à suivre :

  • Ne jamais faire confiance au numéro qui s'affiche : Les escrocs peuvent usurper le numéro de téléphone officiel d'une banque ou d'un proche.
  • Une banque n'envoie jamais de coursier : Aucune institution financière ne vous demandera de remettre votre carte bancaire à un coursier. C'est un signal d'alarme immédiat.
  • Ne jamais communiquer d'informations sensibles : Ne donnez jamais votre code secret, vos mots de passe ou d'autres informations confidentielles par téléphone.
  • En cas de doute, raccrochez : Si un appel vous semble suspect, mettez fin à la conversation et contactez vous-même votre banque en utilisant le numéro de téléphone officiel qui figure au dos de votre carte ou sur leur site internet.

Selon les experts, la rapidité de réaction est cruciale. Si vous pensez avoir été victime d'une arnaque, contactez immédiatement votre banque pour faire opposition et déposez plainte auprès des services de police ou de gendarmerie.