La cour d'assises des Alpes-Maritimes a alourdi la peine de Guy Boakye, une figure du trafic de drogue marseillais, le condamnant à 28 ans de réclusion criminelle pour avoir séquestré et torturé deux adolescents. Son complice, Ange-Nicoly Sibi, a vu sa peine réduite à 15 ans.
Ce verdict, rendu en appel, ajoute trois ans à la condamnation initiale de Boakye, surnommé « Mareko Scarla ». Les faits révèlent la violence extrême des réseaux de stupéfiants, où des mineurs recrutés sur les réseaux sociaux ont été soumis à des actes de barbarie.
Points Clés
- Guy Boakye, chef de réseau du clan Yoda, a été condamné à 28 ans de prison pour torture sur mineurs.
- La cour d'assises de Nice a augmenté sa peine de trois ans par rapport au premier jugement.
- Les victimes, deux adolescents, ont été séquestrées, affamées et ont subi des sévices extrêmes.
- Boakye et un complice seront également jugés pour le meurtre d'un jeune Niçois.
Un verdict plus sévère en appel
La cour d'assises des Alpes-Maritimes a rendu sa décision cette semaine dans une affaire illustrant la brutalité du grand banditisme. Guy Boakye, 23 ans, a été condamné à une peine de 28 ans de réclusion criminelle. Il était jugé pour séquestration accompagnée d'actes de torture et de barbarie en bande organisée.
Ce jugement en appel est plus lourd que celui prononcé en première instance. En 2023, la cour d'assises des mineurs d'Aix-en-Provence l'avait condamné à une peine inférieure de trois ans. La cour de Nice a donc choisi de durcir la sanction face à la gravité des faits.
Son coaccusé, Ange-Nicoly Sibi, âgé de 22 ans et considéré comme un de ses bras droits, a quant à lui bénéficié d'une réduction de peine. Sa condamnation a été fixée à 15 ans de réclusion, soit deux ans de moins que lors du premier procès.
Une affaire jugée à huis clos
En raison de la nature sensible des faits et pour protéger l'identité des jeunes victimes, le procès s'est déroulé à huis clos. Cette procédure permet de juger des affaires particulièrement graves à l'abri du public et des médias, afin de préserver la sérénité des débats et la dignité des personnes impliquées.
Le calvaire de deux adolescents recrutés pour dealer
Les faits pour lesquels Guy Boakye a été condamné se sont déroulés à Marseille. Les victimes sont deux adolescents qui avaient été recrutés via les réseaux sociaux pour travailler sur des points de deal. Attirés par la promesse de gains faciles, ils sont tombés dans un piège d'une violence inouïe.
Les jeunes étaient logés dans un appartement de la cité de la Busserine, chez une sexagénaire surnommée « la tata », qui était rémunérée pour les héberger. C'est là qu'ils ont été séquestrés et ont subi des sévices répétés.
Les enquêteurs ont décrit un traitement inhumain : les adolescents étaient affamés, frappés à coups de barre de fer, brûlés et blessés à l'arme blanche. Les tortionnaires leur auraient également sauté sur le torse et roulé dessus avec un scooter.
Selon les éléments de l'enquête, Guy Boakye aurait gravé son surnom, « Scarla », sur le front de l'une des victimes avec une lame. Un autre membre du réseau aurait forcé un des jeunes à une fellation, filmée dans le but de le faire chanter.
Les motifs de ces tortures étaient souvent futiles ou inventés, comme de fausses dettes ou des soupçons de vol, instaurant un climat de terreur permanent.
La fuite qui a mis fin à l'horreur
Le calvaire a pris fin en novembre 2020, lorsqu'un des adolescents a réussi à s'échapper. Profitant du passage d'une patrouille de police, il s'est jeté vers les agents pour demander de l'aide et a tout raconté.
Son témoignage a permis aux forces de l'ordre d'intervenir rapidement et de libérer le second jeune, qui était séquestré depuis une quarantaine de jours. Ce dernier a été retrouvé dans un état de santé critique, son corps couvert de lésions. Gravement anémié, il a dû recevoir une transfusion sanguine en urgence.
Les deux victimes, profondément traumatisées par les violences subies, portent encore aujourd'hui les séquelles physiques et psychologiques de cette épreuve.
Qui est Guy Boakye, alias « Mareko Scarla » ?
Originaire de Sarcelles, Guy Boakye a un parcours criminel précoce. Dès l'âge de 13 ans, il est impliqué dans des affaires de braquage et enchaîne les séjours en centres de détention pour mineurs. Arrivé à Marseille à 17 ans, il s'impose rapidement dans le milieu du trafic de drogue.
Il prend la tête d'un réseau affilié au clan « Yoda », un des principaux groupes criminels de la cité phocéenne, en guerre ouverte avec le clan rival de la « DZ Mafia ». Décrit par les enquêteurs comme un « psychopathe » et un individu « sanguinaire », il fait partie de la liste des 100 trafiquants de drogue les plus dangereux de France, surnommée le « Club des cent ».
Une autre affaire judiciaire en attente
La condamnation à Nice ne marque pas la fin des ennuis judiciaires pour Guy Boakye et Ange-Nicoly Sibi. Les deux hommes doivent encore être jugés pour une autre affaire criminelle grave.
Ils sont mis en examen pour le meurtre d'un jeune Niçois de 19 ans, commis en 2020. La date de ce nouveau procès devant une cour d'assises n'a pas encore été fixée.
Cette affaire met en lumière les liens entre les réseaux de trafic de drogue marseillais et la criminalité sur la Côte d'Azur, ainsi que l'extrême violence qui caractérise les guerres de territoire pour le contrôle des points de deal.