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Collision évitée à Nice : enquête sur un incident grave

Une enquête pour "mise en danger de la vie d'autrui" a été ouverte après qu'une collision a été évitée de justesse entre deux avions à l'aéroport de Nice.

Benoît Fournier
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Benoît Fournier

Journaliste spécialisé dans les questions de transport, de logistique et de sécurité. Benoît Fournier couvre les incidents, les innovations et les politiques publiques qui façonnent le secteur des transports aériens, maritimes et terrestres.

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Collision évitée à Nice : enquête sur un incident grave

Une enquête judiciaire pour "mise en danger de la vie d'autrui" a été ouverte après qu'une collision entre deux avions de ligne a été évitée de justesse dimanche soir à l'aéroport de Nice Côte d'Azur. L'incident, qualifié de "grave" par les autorités de la sécurité aérienne, implique un appareil de la compagnie Nouvelair et un avion d'Easyjet.

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) a immédiatement dépêché des enquêteurs sur place pour déterminer les circonstances exactes de cet événement qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques.

Les points clés de l'affaire

  • Un avion Nouvelair en phase d'atterrissage s'est dangereusement approché d'un avion Easyjet déjà au sol.
  • L'équipage de l'avion en approche a dû effectuer une manœuvre d'urgence pour éviter la collision.
  • L'incident est classé "grave" car l'appareil se dirigeait vers une piste incorrecte.
  • Une enquête technique du BEA et une enquête judiciaire sont en cours pour établir les responsabilités.

Déroulement des faits dimanche soir

L'incident s'est produit dimanche soir, peu après 23h30, un horaire où l'activité aéroportuaire est généralement plus calme. Un Airbus A320 de la compagnie tunisienne Nouvelair était en phase finale d'approche pour atterrir sur l'aéroport de Nice.

Au même moment, un autre Airbus A320, appartenant à la compagnie britannique Easyjet, se trouvait déjà sur une des pistes de l'aéroport. C'est alors que la situation est devenue critique.

Une manœuvre d'urgence décisive

Selon les premières informations communiquées par le BEA, l'avion de Nouvelair ne se dirigeait pas vers la bonne piste. Réalisant le danger imminent, l'équipage a rapidement réagi en effectuant une procédure connue sous le nom de "remise de gaz".

Cette manœuvre consiste à interrompre l'atterrissage en redonnant de la puissance aux moteurs pour reprendre de l'altitude. Cette action rapide et décisive a permis d'éviter une collision qui aurait pu être catastrophique.

Qu'est-ce qu'une "remise de gaz" ?

La remise de gaz, ou "go-around" en anglais, est une procédure de sécurité standard dans l'aviation. Elle est initiée par les pilotes lorsque les conditions d'un atterrissage en toute sécurité ne sont pas réunies, que ce soit à cause de la météo, d'un obstacle sur la piste ou d'une mauvaise approche, comme dans le cas présent.

Deux enquêtes parallèles pour faire la lumière

Face à la gravité de l'événement, deux enquêtes distinctes ont été lancées. L'une est technique, menée par le BEA, et l'autre est judiciaire, supervisée par le parquet de Nice.

L'enquête technique du BEA

Le BEA, organisme d'État spécialisé dans les enquêtes sur les accidents et incidents aériens, a qualifié l'événement d'"incident grave". Cette classification est utilisée pour les situations où un accident a été sur le point de se produire.

Les enquêteurs du BEA se sont rendus à Nice pour mener leurs investigations. Leurs premières actions ont été de sécuriser les preuves essentielles :

  • Immobilisation des deux Airbus A320 : Les appareils ont été mis à l'écart pour permettre les expertises.
  • Récupération des boîtes noires : Les enregistreurs de vol (données de vol et conversations du cockpit) ont été saisis pour être analysés.
  • Recueil des témoignages : Les équipages des deux avions ainsi que le personnel du contrôle aérien en service au moment des faits seront entendus.

L'objectif de cette enquête est de comprendre la chaîne d'événements et les défaillances, qu'elles soient humaines, techniques ou procédurales, afin d'émettre des recommandations pour éviter qu'un tel incident ne se reproduise.

L'analyse des boîtes noires est cruciale. Elle nous permettra de reconstituer précisément la trajectoire de l'avion, les communications entre les pilotes et la tour de contrôle, ainsi que les alarmes qui ont pu se déclencher dans le cockpit.

L'enquête judiciaire pour "mise en danger"

Parallèlement, le parquet de Nice a ouvert une enquête judiciaire pour "mise en danger de la vie d'autrui". Cette procédure vise à déterminer si des fautes pénales ont été commises.

Le dossier a été confié à la Brigade de gendarmerie des transports aériens (BGTA), une unité spécialisée dans les affaires liées à l'aviation. Les gendarmes travailleront en collaboration avec le BEA, mais leur objectif est d'identifier d'éventuelles responsabilités pénales individuelles ou collectives.

Un contexte de vigilance accrue dans le ciel français

Cet incident à Nice survient quelques jours seulement après un autre événement préoccupant dans le secteur aérien français. En Corse, le parquet d'Ajaccio a également ouvert une enquête pour mise en danger de la vie d'autrui après qu'un contrôleur aérien se soit assoupi pendant son service.

Un avion avait été contraint de patienter en vol pendant près de vingt minutes avant de pouvoir atterrir. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait précisé que les tests d'alcoolémie effectués sur le contrôleur s'étaient révélés négatifs. Ces deux affaires rapprochées soulèvent des questions sur la sécurité et les conditions de travail dans le contrôle aérien.

La sécurité aérienne reste une priorité absolue

Bien que cet incident ait été évité de justesse, il rappelle que la sécurité dans le transport aérien repose sur une chaîne de procédures et de contrôles extrêmement rigoureux. Chaque maillon, du pilote au contrôleur aérien, joue un rôle essentiel.

Les résultats des enquêtes seront attendus avec attention par les compagnies aériennes, les autorités de régulation et le public. Ils permettront de tirer les leçons nécessaires pour renforcer encore davantage la sécurité dans l'un des aéroports les plus fréquentés de France.