Le parquet de Marseille a demandé de nouvelles investigations concernant de possibles falsifications de documents liés au dispositif de sécurité mis en place le soir de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Cette décision fait suite à la remise à la justice d'un enregistrement audio qui mettrait en cause la municipalité.
L'affaire, qui porte sur des soupçons de faux en écriture publique, pourrait jeter une nouvelle lumière sur les conditions de sécurité de la Promenade des Anglais le soir du drame qui a coûté la vie à 86 personnes.
Points Clés
- De nouvelles investigations ont été requises en mars 2025 par le parquet de Marseille.
- La pièce centrale est un enregistrement de 2018 impliquant un ancien premier adjoint de la mairie de Nice.
- Les allégations portent sur l'antidatage présumé d'arrêtés municipaux réglementant la circulation.
- La Ville de Nice, par la voix de son avocat, qualifie ces accusations de "rumeur grotesque".
Un enregistrement au cœur de la nouvelle enquête
L'enquête sur les éventuels manquements du dispositif de sécurité le 14 juillet 2016 connaît un nouveau développement. Un enregistrement audio, datant de 2018, a été versé au dossier par Benoît Kandel, ancien premier adjoint de Christian Estrosi à la mairie de Nice.
Cette pièce a été remise directement à la juge d'instruction en charge des investigations. Selon les informations rapportées par France 3 Provence-Alpes Côte d'Azur, cet enregistrement contiendrait une conversation entre M. Kandel et un ex-magistrat qui pourrait s'avérer déterminante pour la suite de la procédure judiciaire.
Le contenu de cet échange a été jugé suffisamment sérieux par le parquet de Marseille pour justifier la demande de nouvelles investigations. En mars 2025, le parquet a officiellement requis un supplément d'information sur des soupçons de faux en écriture publique, une qualification pénale grave.
Le contenu des accusations
La conversation enregistrée met en lumière des allégations précises concernant la gestion administrative de la sécurité le soir de l'attentat. L'interlocuteur de Benoît Kandel y ferait état de manipulations documentaires.
« Ils ont triché sur les arrêtés, les arrêtés ils n’étaient pas signés, ils ont été antidatés, ils ont été signés a posteriori et antidatés », peut-on entendre dans l'enregistrement, selon la retranscription citée par les médias.
Les documents en question seraient principalement les arrêtés municipaux pris pour réglementer la circulation et le stationnement sur la Promenade des Anglais. Ces documents administratifs sont essentiels car ils définissent le cadre légal du périmètre de sécurité et des restrictions de circulation, des points qui ont fait l'objet de vives polémiques après l'attaque.
Contexte : La polémique sur le dispositif de sécurité
Dès les jours qui ont suivi l'attentat du 14 juillet 2016, une controverse a éclaté sur la nature et la robustesse du dispositif de sécurité. Les débats ont porté sur la présence policière, le nombre de barrières et la manière dont le camion a pu accéder à une zone piétonne. L'enquête judiciaire cherche à établir les responsabilités à différents niveaux de l'État et des collectivités locales.
La réponse judiciaire et les suites de l'affaire
La demande de nouvelles investigations formulée par le parquet de Marseille n'est pas une décision anodine. Elle indique que les magistrats estiment que les éléments présentés sont crédibles et méritent un examen approfondi. Le parquet a d'ailleurs évoqué des « indices graves et concordants » pour justifier sa démarche.
La juge d'instruction doit maintenant mener des actes d'enquête complémentaires. Cela pourrait inclure des expertises graphologiques sur les documents, l'audition de nouveaux témoins ou des confrontations entre les personnes impliquées. L'objectif est de vérifier si des documents officiels ont bien été signés après les faits, puis antidatés pour masquer d'éventuels défauts dans la préparation de l'événement.
Chronologie des faits
- 14 juillet 2016 : Attentat sur la Promenade des Anglais à Nice.
- 2018 : Enregistrement de la conversation entre Benoît Kandel et un ex-magistrat.
- Mars 2025 : Le parquet de Marseille requiert de nouvelles investigations.
- Septembre 2025 : L'information est rendue publique, relançant le volet de l'enquête sur le dispositif de sécurité.
La défense de la Ville de Nice
Face à ces nouvelles accusations, la municipalité de Nice a réagi fermement. Par l'intermédiaire de son avocat, Maître Archibald Celeyron, la ville a balayé ces allégations, les qualifiant de manœuvre de déstabilisation.
L'avocat a dénoncé une « rumeur grotesque » et a contesté la faisabilité même d'une telle manipulation. Selon lui, la procédure administrative pour ce type de document rendrait toute falsification impossible.
« Il est impossible d’antidater ce type d’arrêtés », a-t-il affirmé, suggérant que les circuits de validation et d'enregistrement administratifs empêchent toute modification de date a posteriori. Cette ligne de défense sera sans doute au cœur des débats lors des prochaines étapes de l'instruction.
Quelles conséquences pour l'enquête principale ?
Ce volet de l'enquête, bien que distinct du procès des auteurs et complices de l'attentat, est crucial pour les familles des victimes. Il vise à déterminer si des fautes ou des négligences ont été commises dans l'organisation de la sécurité de l'événement et si des tentatives ont eu lieu pour les dissimuler.
Si les faits de faux en écriture publique étaient avérés, cela pourrait avoir des conséquences judiciaires importantes pour les responsables administratifs et politiques de l'époque. L'enquête devra déterminer avec certitude l'authenticité des documents et le respect des procédures en vigueur en 2016.
L'affaire est donc loin d'être terminée. La justice devra faire toute la lumière sur ces allégations pour répondre aux attentes des parties civiles, qui réclament la vérité sur les circonstances exactes qui ont permis la survenue du drame.