L'acteur Jean Dujardin, accompagné de l'actrice Marie-Josée Croze et du réalisateur Jan Kounen, était à Nice ce mardi 7 octobre pour présenter en avant-première leur nouveau film, « L'homme qui rétrécit ». Ce projet ambitieux, adaptation d'un classique de la science-fiction, explore les défis techniques et existentiels d'un homme qui devient minuscule. La sortie nationale est prévue pour le 22 octobre.
Lors d'une rencontre avec la presse, l'équipe a dévoilé les coulisses d'un tournage complexe et partagé ses réflexions sur les thèmes universels du film, comme la perception du monde, la place de l'individu et le passage du temps.
Deux avant-premières et une journée de promotion à Nice
L'équipe du film « L'homme qui rétrécit » a fait escale à Nice pour une journée promotionnelle intense. Après une avant-première remarquée au Grand Rex à Paris, Jean Dujardin, Marie-Josée Croze et Jan Kounen ont rencontré le public niçois lors de deux projections spéciales, l'une au cinéma Jean-Paul Belmondo et l'autre au Pathé Gare du Sud.
Entre ces deux événements, les artistes ont consacré près d'une heure aux interviews depuis l'hôtel Beau Rivage. Pour le réalisateur Jan Kounen, ce passage sur la Côte d'Azur avait une saveur particulière. Ayant grandi près de Grasse et étudié aux Arts décoratifs de Nice, il en a profité pour retrouver des proches.
Un classique de la science-fiction revisité
Le film est une nouvelle adaptation du roman « L'Homme qui rétrécit » écrit par l'auteur américain Richard Matheson en 1956. Une première version cinématographique, réalisée par Jack Arnold sur un scénario de Matheson lui-même, avait déjà marqué les esprits en 1957. L'histoire suit Paul, un homme ordinaire qui, après une exposition à un étrange nuage en mer, commence à rapetisser inexorablement. Son environnement quotidien se transforme alors en un monde hostile et gigantesque.
Un projet porté par le désir de Jean Dujardin
L'initiative de ce remake revient à Jean Dujardin. L'acteur a expliqué que ce rôle faisait partie de ses « désirs d'acteurs enfouis », une envie de longue date de se confronter à ce personnage emblématique.
« Je m'étais renseigné il y a quelques années, on m'avait dit que c'était très compliqué au niveau des droits », a-t-il confié. Déterminé, il a lancé un défi à son producteur, Alain Goldman. La redécouverte du film original en DVD a ravivé sa motivation, et un an et demi plus tard, les droits étaient acquis. Une fois le projet lancé, le casting s'est rapidement mis en place, avec Marie-Josée Croze et la jeune Daphné Richard.
« J’arrive à 53 ans, je rentre dans la deuxième mi-temps de ma vie. Je me dis que j’entre dans la très belle dizaine, qu’il ne faut peut-être pas rater. Il faut tenter des choses que je n’ai pas faites, prendre des risques. » - Jean Dujardin
Une performance physique et sensorielle
Pour incarner Paul, Jean Dujardin a adopté une approche très physique. Seul à l'écran pendant une grande partie du film, il a dû exprimer une large palette d'émotions face à un monde devenu démesuré. « C'était vraiment sensoriel, j'ai laissé passer beaucoup de choses par le corps », a-t-il expliqué.
L'acteur a particulièrement travaillé sur l'épuisement de son personnage pour rendre sa lutte crédible. « Je pense que j’ai fait peut-être 50 bornes ou 100 bornes dans ce studio. Je voulais travailler sur le souffle. Un corps essoufflé, ça ne triche pas », a-t-il précisé. Il décrit son implication comme une immersion totale, une volonté de « vivre » le film avec gourmandise.
Les défis d'un tournage hors normes
La réalisation de « L'homme qui rétrécit » a représenté un défi technique majeur, comme l'a souligné le réalisateur Jan Kounen. Le budget, bien que conséquent, a nécessité des ajustements créatifs pour concrétiser la vision du scénario.
Une technologie de tournage innovante
Pour créer l'illusion du rétrécissement, l'équipe a combiné plusieurs techniques de pointe. Les acteurs ont été filmés sur fond bleu avec une caméra mobile. Pour suivre la diminution de taille du personnage principal, l'équipe de tournage se déplaçait dans des décors construits à des échelles de plus en plus grandes. Les mouvements de la caméra étaient enregistrés numériquement, puis réduits et reproduits à l'identique par une caméra robotisée dans les décors miniatures. Selon Jan Kounen, cette méthode n'avait jamais été utilisée à une telle échelle auparavant.
Le jeu d'acteur face à la technologie
Pour les comédiens, ces contraintes techniques ont profondément modifié leur manière de travailler. Marie-Josée Croze, qui incarne l'épouse de Paul, a dû jouer de nombreuses scènes sans pouvoir regarder son partenaire. « À partir du moment où il commence à devenir plus petit, moi, je ne peux pas le regarder quand on joue. C’était comme si je m’enlevais un sens », a-t-elle raconté.
Elle devait fixer une marque en forme de X tout en entendant la voix de Jean Dujardin, présent sur le plateau à ses côtés pour donner la réplique. « Plusieurs fois, je me suis dit qu’heureusement, je fais ça depuis longtemps, j’ai beaucoup de métier. Cela me permettait de me rassurer intérieurement », a ajouté l'actrice.
Une métaphore sur l'existence et les rapports humains
Au-delà de la prouesse technique, le film explore des thèmes universels. Le rétrécissement du personnage principal agit comme une métaphore de la perte de contrôle, de la fragilité de la condition humaine et de notre place dans le monde.
Jan Kounen a évoqué le rapport entre les adultes et les enfants, où la différence de taille crée une dynamique de pouvoir naturelle. « En tant qu’adultes, on peut leur faire l’effet d’un tyrannosaure ! », a-t-il remarqué. Le film inverse cette perspective lorsque Paul devient plus petit que sa propre fille.
- L'inversion des rôles : Le film explore le passage de l'enfance à l'âge adulte, puis à la vieillesse, où les rôles de protecteur et de protégé peuvent s'inverser.
- L'impermanence : Le rétrécissement constant du personnage symbolise le changement perpétuel et l'impermanence de la vie.
- La réflexion existentielle : Pour Jean Dujardin, le film invite le spectateur à « réfléchir à son existence » avant de se replonger dans l'aventure.
Le réalisateur conclut que le film isole cette « impermanence des choses » à travers sa métaphore fantastique, offrant une réflexion sur les cycles de la vie et les relations qui nous définissent.