La ville de Nice, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah, a officialisé l'ouverture d'un nouveau musée pour 2026. Ce lieu de mémoire sera entièrement consacré à l'histoire de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah dans les Alpes-Maritimes. Il prendra place dans l'ancienne sous-station électrique Lebon, un bâtiment emblématique des années 1930.
Ce projet vise à préserver et transmettre l'histoire complexe de la région, qui fut à la fois une terre de refuge et le théâtre de persécutions tragiques. Le musée s'étendra sur plus de 600 mètres carrés et proposera un parcours pédagogique et immersif.
Points Clés
- Ouverture : Prévue pour la fin de l'année 2026.
- Lieu : Ancienne sous-station Lebon à Nice, un bâtiment industriel des années 1930.
- Mission : Raconter l'histoire de la persécution et du sauvetage des Juifs dans les Alpes-Maritimes pendant la Seconde Guerre mondiale.
- Partenaires : Une collaboration entre la Ville de Nice et le Mémorial de la Shoah.
- Superficie : Plus de 600 m² dédiés aux expositions et aux activités pédagogiques.
Un projet mémoriel d'envergure pour la région
Le futur musée de Nice deviendra le septième site géré par le Mémorial de la Shoah en France, rejoignant ainsi les institutions de Paris, Drancy, Orléans et Clermont-Ferrand. Ce choix n'est pas anodin, car les Alpes-Maritimes ont joué un rôle singulier durant le conflit.
Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah, souligne l'importance de ce lieu. « Les Alpes-Maritimes occupent une place très importante, après avoir traversé la période de Vichy, l’occupation italienne, puis le nazisme », explique-t-il. Cette histoire à double facette, celle d'un refuge puis d'un piège, sera au cœur du projet muséographique.
Une histoire locale complexe
Pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l'occupation italienne, Nice et sa région sont devenues un refuge pour des milliers de Juifs fuyant les persécutions dans la zone occupée par les Allemands. Cependant, la situation a basculé en septembre 1943 avec l'arrivée des troupes nazies, déclenchant des rafles et des déportations massives.
Raconter les destins individuels et collectifs
Le parcours du musée mettra en lumière des récits poignants et des figures locales qui ont marqué cette période sombre. L'objectif est de redonner une place centrale à l'histoire de la persécution mais aussi du sauvetage des Juifs dans la région.
Des figures emblématiques à l'honneur
Le musée rendra hommage à des personnalités dont le destin est intimement lié à Nice et ses environs. Parmi elles :
- Simone Veil : Arrêtée à Nice en 1944 avant d'être déportée.
- Paul Rémond : L'évêque de Nice, reconnu Juste parmi les Nations pour son action de sauvetage.
- Odette et Moussa Abadi : Un couple de résistants qui a sauvé plus de 500 enfants juifs grâce à leur réseau.
Des récits comme ceux de l'artiste Charlotte Salomon, de l'écrivain Joseph Joffo ou du banquier Angelo Donati viendront également enrichir la narration historique et offrir des perspectives personnelles sur les événements.
« Il manquait à Nice un lieu pour raconter l’histoire de la persécution et du sauvetage des Juifs dans les Alpes Maritimes. Et redonner à cette histoire la place qu’elle mérite, honorer la mémoire de celles et ceux qui ont vécu ces heures sombres et transmettre leurs récits aux générations futures », insiste Jacques Fredj.
Un lieu de vie, d'éducation et de transmission
Le musée a été conçu pour être bien plus qu'un simple espace d'exposition. Il se veut un centre dynamique d'enseignement et de réflexion, particulièrement tourné vers la jeunesse.
L'aménagement intérieur comprendra une exposition permanente, un espace pour les expositions temporaires, ainsi que deux salles pédagogiques modulables pour accueillir des groupes scolaires. Une salle de conférence permettra également d'organiser des événements, des débats et des projections.
Le musée en chiffres
- 1 lieu emblématique : la sous-station Lebon.
- 2 salles pédagogiques dédiées aux scolaires.
- 600+ mètres carrés de surface totale.
- 7ème musée du réseau du Mémorial de la Shoah.
- 500+ enfants sauvés par le réseau Abadi.
Selon les responsables du projet, l'objectif est de rendre ce lieu vivant et non uniquement tourné vers le passé. « Se souvenir, c’est construire l’avenir », affirme Jacques Fredj. Dans un contexte de montée du négationnisme et de la désinformation, cette mission éducative est jugée essentielle.
La transformation d'un patrimoine industriel
Le choix de l'ancienne sous-station Lebon pour abriter le musée est hautement symbolique. Construit en 1930, ce bâtiment de 23 mètres de haut est un exemple marquant de l'architecture industrielle en béton de l'époque. Il a joué un rôle clé dans l'électrification de la ville avant d'être désaffecté dans les années 1970.
Le 7 novembre 2023, sur proposition du maire Christian Estrosi, le conseil municipal de Nice a approuvé la mise à disposition du bâtiment au Mémorial de la Shoah. Cet édifice, avec ses trois niveaux, ses mezzanines métalliques et ses grandes ouvertures, offre un cadre unique pour la scénographie du futur musée.
La réhabilitation architecturale a été confiée à l'Atelier FevrierCarre, tandis que l'agence NC Nathalie Crinière, reconnue pour son expertise muséographique, se chargera de la scénographie. Le projet vise à préserver le caractère industriel du lieu tout en l'adaptant à sa nouvelle vocation mémorielle et culturelle.
Avec cette ouverture prévue fin 2026, Nice s'apprête à inscrire durablement dans son paysage un lieu essentiel pour la mémoire locale et universelle de la Shoah.