À Nice, la Villa Masséna propose un voyage au cœur de l'identité locale avec son exposition « Nice, son passé a de l’avenir ». Jusqu'au 1er mars, l'événement interroge la manière dont les traditions, de la langue à la cuisine en passant par les fêtes populaires, continuent de façonner le présent et de se transmettre aux nouvelles générations.
Loin d'une vision nostalgique, l'exposition met en lumière une culture vivante, capable d'évoluer tout en conservant son âme. C'est une exploration de ce qui unit les Niçois à travers le temps, un patrimoine qui sert de repère dans un monde en constant changement.
Points Clés
- L'exposition « Nice, son passé a de l’avenir » se tient à la Villa Masséna jusqu'au 1er mars.
 - Elle explore la vitalité des traditions niçoises (langue, fêtes, cuisine, sport) et leur transmission.
 - Le directeur Jean-Pierre Barbero souligne que les traditions sont des points d'appui pour le présent, pas des reliques.
 - L'événement est structuré autour des quatre saisons, qui rythment la vie culturelle et sociale de Nice.
 - L'entrée est gratuite pour les résidents de la métropole Nice Côte d'Azur.
 
Un passé vivant pour construire l'avenir
L'idée de cette exposition est née d'une coïncidence de dates importantes pour la culture locale. Plusieurs anniversaires majeurs, comme les 100 ans de la Ciamada Nissarda ou les 90 ans du Théâtre Niçois, ont servi de point de départ à une réflexion plus large.
Jean-Pierre Barbero, directeur de la Villa Masséna, explique que l'objectif était de trouver le fil conducteur qui relie ces différentes facettes de l'identité niçoise. Il s'agissait de comprendre ce qui se transmet d'une génération à l'autre et comment ce lien perdure.
« En période de doute, on en revient aux racines. On cherche des repères dans des choses très concrètes. Une fête de quartier, un repas de famille, un match, une balade. »
Selon lui, le passé a un avenir lorsqu'il reste pertinent et utile au présent. L'exposition se veut donc une réponse optimiste à une quête de sens contemporaine, où les traditions offrent une base solide sur laquelle s'appuyer.
Plus qu'une nostalgie, un point d'appui
L'exposition cherche à dépasser le cliché du « c'était mieux avant ». Pour Jean-Pierre Barbero, les traditions ne sont pas des objets de musée à préserver sous cloche, mais des pratiques vivantes qui évoluent avec leur temps.
Il prend l'exemple du pan bagnat : l'important n'est pas de recréer à l'identique un plat paysan d'autrefois, mais de conserver son esprit, basé sur des produits de qualité et un moment de partage. La nostalgie, explique-t-il, est souvent celle de sa propre jeunesse, pas d'une qualité intrinsèquement supérieure du passé.
Une identité ouverte
Nice a toujours été une terre de passage et de métissage. Son histoire montre une capacité unique à intégrer les influences extérieures sans jamais perdre son caractère propre. La ville a accueilli les Anglais en leur offrant une Promenade, et les Russes avec une cathédrale, tout en consolidant ses propres coutumes. Cette ouverture est une force, pas une menace pour son identité.
Cette capacité d'adaptation est une constante dans l'histoire de la ville. Dès 1936, la création de la « Reine des Mai » était une manière d'affirmer une fierté locale face aux concours de Miss venus d'ailleurs. Il ne s'agissait pas d'un repli, mais d'une affirmation : « voici qui nous sommes ».
La transmission au cœur de l'identité niçoise
Comment faire vivre un héritage culturel dans un monde où tout change, y compris la langue et les codes sociaux ? La réponse de l'exposition est claire : la transmission n'est pas la répétition, mais l'adaptation.
« Transmettre, ce n’est pas figer. C’est montrer, faire essayer, partager ce qu’on aime », insiste Jean-Pierre Barbero. Pour que les traditions survivent, elles doivent rester désirables pour les nouvelles générations.
Le renouveau de la langue niçoise
Contrairement à une idée reçue, la langue niçoise connaît un regain d'intérêt. Elle est aujourd'hui proposée comme option au baccalauréat, et de plus en plus de jeunes choisissent de l'apprendre. C'est un signe que la transmission fonctionne lorsque des outils pédagogiques sont mis en place.
Le public jeune semble d'ailleurs réceptif. Le directeur de la Villa Masséna observe que même les nouveaux arrivants, qu'ils viennent d'autres régions de France ou de l'étranger, s'approprient volontiers la culture locale. La clé est de proposer des expériences de qualité et d'être accueillant.
La cuisine, le théâtre, la musique ou les activités en plein air offertes par la région sont des vecteurs puissants d'intégration et de transmission culturelle.
Une exposition rythmée par les saisons
Plutôt qu'un parcours thématique classique, l'exposition est organisée selon le calendrier des quatre saisons, qui rythme la vie à Nice. Cette approche permet de montrer comment les traditions sont intimement liées au cycle de la nature et à la vie sociale.
- L'hiver est marqué par le célèbre Carnaval et la Bataille de fleurs.
 - Le printemps voit fleurir les fêtes de quartier, les processions des confréries et les Fêtes des Mai.
 - L'été est la saison des festins en plein air et des festivals de musique.
 - L'automne est consacré aux récoltes, comme celle de l'olive, et aux passions sportives.
 
Cette structure montre que la tradition n'est pas un concept abstrait, mais une réalité concrète qui influence l'économie, la sociabilité et le quotidien des habitants. Elle révèle aussi comment des idées nées ici ont voyagé, à l'image du Carnaval de Rio, inspiré à la fin du XIXe siècle par celui de Nice.
En définitive, l'exposition « Nice, son passé a de l’avenir » est une invitation à redécouvrir un patrimoine riche et dynamique. Elle rappelle que l'identité d'une ville se construit sur un équilibre subtil entre la fidélité à ses racines et l'ouverture au monde. Un pari que Nice semble réussir depuis des siècles.





