L'Université Côte d'Azur a lancé un projet de grande envergure sur son campus historique de Valrose à Nice. D'ici l'été 2027, les trois imposantes chaudières au fioul qui chauffent actuellement les bâtiments seront démantelées et remplacées par une connexion au réseau de chaleur urbain de la métropole.
Cette transition énergétique majeure vise à réduire l'empreinte carbone du site de 1 300 tonnes de CO2 par an et à moderniser les infrastructures d'un campus classé monument historique. Le projet, initié en 2019, entre dans sa phase finale, conciliant respect du patrimoine et innovation durable.
Les points clés
- Remplacement de trois chaudières au fioul par une connexion au réseau de chaleur urbain d'ici 2027.
- Réduction annuelle estimée de 1 300 tonnes d'émissions de CO2.
- Investissement total de 3,9 millions d'euros, soutenu par l'État et la Région Sud.
- Défi technique majeur : intégrer le réseau dans un parc classé monument historique sans endommager les 2 000 arbres protégés.
- L'université développe en parallèle une boucle d'autoconsommation électrique entre ses campus.
Une transition énergétique attendue
Au cœur du campus Valrose, une vaste salle abrite encore les vestiges d'une époque révolue : trois immenses cuves et leurs chaudières au fioul. Actuellement, deux d'entre elles sont encore en service pour assurer le chauffage des onze bâtiments du site. « Nous avons le devoir de continuer à chauffer le site » jusqu'à ce que la nouvelle installation soit pleinement opérationnelle, explique Jérôme Lhuissier, de la direction du patrimoine d'Université Côte d'Azur.
Le projet, qui a débuté il y a plusieurs années, est maintenant dans sa dernière ligne droite. Les prochaines étapes incluent le désamiantage des anciennes installations, suivi de leur démantèlement complet. Cette opération complexe libérera un espace considérable, ouvrant la voie à de nouvelles possibilités d'aménagement.
Le nouveau système reposera sur un simple échangeur de chaleur, alimenté par le réseau géré par Énergie d’Azur, une filiale de Dalkia. Cet équipement, bien plus compact, aura la taille de deux grandes armoires, contrastant fortement avec l'infrastructure actuelle.
Un chantier complexe dans un site historique
La principale difficulté du projet réside dans le statut du campus de Valrose, classé monument historique. Son parc, qui célèbre ses 200 ans, abrite environ 2 000 arbres également classés. Faire passer les canalisations du réseau de chaleur sans altérer ce patrimoine paysager a représenté un véritable défi.
Un travail d'équipe pour préserver le patrimoine
Pour garantir une intégration respectueuse, la direction du patrimoine de l'université a collaboré étroitement avec Énergie d’Azur et l'architecte en chef des monuments historiques. L'objectif était de concevoir un tracé qui préserve l'intégrité du parc tout en assurant la fonctionnalité du réseau.
« Nous avons travaillé sur une intégration paysagère, afin de ne pas le sacrifier », précise Jérôme Lhuissier. Chaque détail a été étudié pour minimiser l'impact visuel et environnemental des travaux, assurant ainsi que la modernisation des infrastructures ne se fasse pas au détriment de l'histoire du lieu.
Un financement public conséquent
La réalisation de ce projet a été rendue possible grâce à des subventions importantes :
- 2,5 millions d'euros de la part de l'État.
- 1,4 million d'euros de la part de la Région Sud.
Ces fonds témoignent de l'engagement des pouvoirs publics en faveur de la transition énergétique des bâtiments universitaires.
Vers l'autonomie énergétique des campus
La modernisation du chauffage à Valrose n'est qu'une facette de la stratégie énergétique de l'Université Côte d'Azur. En parallèle, l'institution travaille à développer son autonomie électrique. Une convention a été signée avec Enedis pour mettre en place une boucle d'autoconsommation.
« Nous avons installé des panneaux photovoltaïques sur le toit du campus de Fabron. Comme nous produisons plus que ce que nous consommons, nous souhaitons réinjecter cette énergie dans les sites de Carlone et de Trotabas », résume Pierre Legrand, le directeur du patrimoine.
Cette initiative permet de partager l'énergie solaire produite sur un site avec d'autres campus qui en ont besoin. L'université ne compte pas s'arrêter là et envisage déjà une étape supérieure : la création d'une « super boucle » énergétique.
Ce projet plus ambitieux consisterait à intégrer d'abord Valrose et Saint-Jean-d’Angély dans ce réseau partagé, avant de l'étendre à terme à l'ensemble des campus de l'université à Nice. Cette vision à long terme vise à créer un écosystème énergétique interconnecté, plus résilient et plus durable.
L'avenir des espaces libérés
Une fois les anciennes chaudières et cuves retirées, que deviendra l'espace ainsi libéré ? La question est ouverte et les besoins ne manquent pas. La direction du patrimoine réfléchit à plusieurs options, comme la création de bureaux supplémentaires ou d'une salle d'archivage.
D'autres idées plus originales sont également évoquées, comme l'installation d'une salle de ping-pong pour les étudiants. Ces derniers auront certainement leur mot à dire sur l'avenir de cet espace, qui symbolise la transformation du campus.
Au-delà de ce projet, un autre défi attend l'université : l'isolation thermique des bâtiments. Des subventions ont déjà été obtenues pour rénover trois des onze bâtiments de Valrose, mais le chantier reste immense pour atteindre une sobriété énergétique complète sur ce site historique.


