Le projet de construction d'un parking souterrain sous la place Wilson à Nice continue de susciter de vifs débats. Lors du dernier conseil métropolitain, les tensions entre la majorité et l'opposition ont mis en lumière les profondes divergences sur l'avenir de cet espace vert en plein cœur de la ville.
Alors que la Métropole assure que le projet a été modifié pour préserver les arbres, des élus écologistes et des collectifs de riverains expriment de sérieuses inquiétudes quant à l'impact environnemental et social des travaux.
Points Clés
- Un parking souterrain d'environ 400 places est prévu sous le jardin de la place Wilson à Nice.
- L'opposition et des collectifs citoyens craignent la destruction d'un îlot de fraîcheur et la fragilisation des arbres.
- La Métropole affirme que le projet a été revu pour garantir la préservation de tous les arbres du square.
- Les débats soulèvent des questions plus larges sur les choix d'urbanisme face à l'urgence climatique.
Un débat houleux au Conseil Métropolitain
La séance du 5 décembre 2025 du conseil métropolitain a été le théâtre d'un nouvel affrontement verbal autour du projet de parking Wilson. Une délibération technique concernant la poursuite du programme a ravivé les tensions. Juliette Chesnel-Le Roux, cheffe de file du groupe écologiste, a vivement critiqué la décision.
« Ce projet pose un problème majeur : il détruit un parc entier, avec des arbres vénérables, qui constitue un îlot de fraîcheur, pour construire un parking souterrain. En 2025, ce choix est tout simplement incompréhensible », a-t-elle déclaré avant d'être interrompue.
Le président de la Métropole, Christian Estrosi, a immédiatement réagi en affirmant que l'élue n'avait pas lu la délibération, qui préciserait la sauvegarde des arbres. Face à l'objection que le document ne mentionnait pas toutes les rues concernées, il a assuré qu'il s'agissait d'un oubli qui serait corrigé.
La réponse de la majorité
Gaël Nofri, vice-président de la Métropole délégué aux Mobilités et président de la régie Parcs d’Azur (RPA), a également pris la parole pour défendre le projet et accuser l'opposition de désinformation.
« Ne racontez pas n’importe quoi. Nous avons revu ce projet à la baisse pour ne pas impacter les arbres. Là où vous parlez d’écologie et de verdissement, nous, nous le faisons en enterrant le parc de stationnement sous un parc. »
Cette déclaration vise à présenter le projet non pas comme une destruction, mais comme une optimisation de l'espace urbain, en conciliant stationnement et espace vert en surface. La majorité met en avant la nécessité de créer des places de parking pour les résidents et les visiteurs du centre-ville, tout en affirmant prendre en compte les impératifs écologiques.
Le projet en chiffres
- Capacité : Environ 400 places
- Lieu : Sous le jardin de la place Wilson
- Gestionnaire : Régie Parcs d’Azur (RPA)
- Objectif : Augmenter l'offre de stationnement en centre-ville
L'inquiétude persistante des riverains et des associations
Au-delà des clivages politiques, le projet suscite une forte mobilisation citoyenne. Une semaine avant le conseil métropolitain, un collectif d'habitants du quartier avait organisé une réunion sur place pour exprimer ses craintes. L'inquiétude ne se limite pas à la seule question des arbres.
Hélène Granouillac, ancienne élue du groupe écologiste et présidente de l'association Terre Bleue, s'oppose au projet depuis ses débuts. Elle relaie les préoccupations des habitants concernant le « risque d’affaiblissement du bâti » environnant en raison des travaux de creusement.
Une autre préoccupation majeure concerne la fermeture du parc pendant la durée du chantier. Des habitants ont manifesté leur inquiétude quant à la disparition temporaire de cet espace essentiel pour la vie du quartier.
Dans une communication, ils s'interrogent avec une pointe d'ironie : « Qu’est-il prévu pour la délocalisation d’une espèce vivante, patrimoine niçois très protégé : les bébés et les jeunes enfants du quartier ? » Cette question souligne l'importance du square Wilson comme lieu de socialisation et de jeu, particulièrement dans un centre-ville dense.
Un espace vert au cœur des préoccupations
La place Wilson, avec son square arboré, est considérée comme un « îlot de fraîcheur » crucial. Dans un contexte de réchauffement climatique et de canicules estivales de plus en plus fréquentes, la préservation de tels espaces est devenue un enjeu de santé publique et de qualité de vie pour de nombreux citadins. Les opposants estiment que sacrifier, même temporairement, un tel lieu pour des voitures est un signal contradictoire avec les ambitions de verdissement des villes.
Deux visions de la ville s'affrontent
Le projet de parking sous la place Wilson cristallise un débat plus fondamental sur l'aménagement urbain au XXIe siècle. D'un côté, une vision pragmatique qui cherche à répondre à la demande de stationnement pour maintenir l'attractivité économique du centre-ville, tout en promettant de restaurer l'espace vert après les travaux.
De l'autre, une vision qui priorise la préservation du patrimoine naturel existant et la réduction de la place de la voiture en ville. Pour les défenseurs de cette approche, construire un nouveau parking est une incitation à utiliser davantage l'automobile, à l'encontre des objectifs de promotion des mobilités douces et des transports en commun.
L'argument de la Métropole est que le parking souterrain permettra de libérer de l'espace en surface, potentiellement pour plus de végétalisation ou des aménagements piétons. Cependant, les opposants restent sceptiques, craignant que les racines des arbres vénérables ne survivent pas aux travaux et que le parc restauré ne retrouve jamais sa maturité écologique.
Le dossier est donc loin d'être clos. La promesse de la Métropole de préserver l'intégralité des arbres sera scrutée de près par les associations et les élus d'opposition, qui restent mobilisés pour défendre ce qu'ils considèrent comme un patrimoine essentiel pour l'avenir de Nice.





