La délinquance de proximité a reculé de près de 5 % dans les Alpes-Maritimes en 2025, selon les chiffres dévoilés par le préfet Laurent Hottiaux. Dans un entretien bilan, il a détaillé les résultats obtenus, notamment dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, tout en exprimant sa vigilance sur les enjeux sécuritaires locaux à l'approche des élections.
Points Clés
- La délinquance générale sur la voie publique a diminué de 4,8 % en 2025.
- Le nombre de points de deal a été divisé par deux dans le département en deux ans.
- Les saisies de drogues ont atteint des niveaux importants : 690 kg de résine de cannabis et environ 130 kg de cocaïne.
- Le préfet met en garde contre une possible instrumentalisation politique des forces de sécurité locales.
- Les suspensions de permis de conduire ont été multipliées par quatre pour lutter contre l'insécurité routière.
Une baisse significative de la délinquance du quotidien
Les chiffres officiels pour l'année 2025 indiquent une tendance positive pour la sécurité dans les Alpes-Maritimes. Le préfet Laurent Hottiaux a annoncé une baisse de 4,8 % de la délinquance de proximité, celle qui affecte directement la vie des citoyens sur la voie publique.
Cette amélioration globale est le fruit d'une présence renforcée des forces de l'ordre sur le terrain. Le préfet a souligné que, malgré la perception parfois différente des agents sur le terrain, les statistiques ne sont pas "truquées" et reflètent une réalité départementale.
Lutte intensive contre le trafic de stupéfiants
Le combat contre le narcotrafic est présenté comme un succès majeur. "Nous obtenons des résultats spectaculaires", a déclaré Laurent Hottiaux. Les chiffres sont éloquents : depuis le début de l'année, près de 690 kilos de résine de cannabis, plus de 200 kilos d'herbe et environ 130 kilos de cocaïne ont été saisis.
Le trafic de drogue en chiffres (2025)
- Points de deal : Passés de 80 à 40 en deux ans dans le département.
- Saisies : 690 kg de résine de cannabis, 200 kg d'herbe, 130 kg de cocaïne.
- Arrestations : 315 personnes incarcérées dans des affaires de stupéfiants.
Environ la moitié des points de deal restants se trouvent à Nice, une part significative à Cannes et quelques-uns à Grasse. Le préfet a également noté l'émergence de réseaux de livraison à domicile, qui font désormais l'objet d'une surveillance accrue sur les axes routiers.
"Je m’inscris totalement en faux contre cette vision défaitiste et fataliste. Oui, le trafic de stupéfiants relève de la grande criminalité et nous le combattons avec détermination."
Face à ce trafic, la réponse de l'État se veut double : démanteler les réseaux et sanctionner la demande. Le recours aux amendes forfaitaires délictuelles pour les consommateurs a ainsi augmenté de 25 %.
Vigilance sur les initiatives locales et le contexte électoral
Le préfet a abordé plusieurs sujets sensibles liés aux initiatives des collectivités locales, notamment dans le contexte de la campagne électorale en cours. Il a exprimé une préoccupation particulière quant à l'utilisation des forces de sécurité à des fins politiques.
Le rôle de la police municipale
La police municipale a pour mission la prévention, la surveillance du bon ordre, de la tranquillité, de la sécurité et de la salubrité publiques. La lutte contre le crime organisé, comme le trafic de stupéfiants, relève des compétences de la police nationale et de la gendarmerie, qui disposent de pouvoirs d'enquête judiciaire.
Le projet de "brigade stups" municipale
Concernant l'annonce de la création d'une "brigade stups" au sein de la police municipale de Nice, le préfet s'est montré très clair. Il a qualifié cette proposition de "non-sens", rappelant que cette mission n'entre ni dans les vocations ni dans les compétences d'une police municipale.
"Pour l’instant, je n’ai même pas vu d’acte de création de cette brigade. Il s’agit d’abord d’une proposition de campagne électorale", a-t-il précisé, ajoutant que mettre en doute la capacité de la police nationale à tenir le terrain est une forme de défiance qu'il ne partage pas.
L'instrumentalisation des forces de sécurité
Plus largement, le préfet a mis en garde contre toute tentative d'instrumentalisation. "Je veillerai à ce que ni Gaida [dispositif de sécurité privée] ni la police municipale ne soient instrumentalisés dans le cadre de la campagne électorale", a-t-il affirmé. Il a rappelé qu'il n'hésiterait pas à exercer son contrôle de légalité ou à saisir les juridictions compétentes si nécessaire.
Sécurité routière et gestion des frontières
La sécurité routière et le contrôle de l'immigration irrégulière sont deux autres axes prioritaires pour les services de l'État dans le département.
Des mesures fortes contre l'insécurité routière
Face à la violence routière, la réponse a été principalement répressive. Le nombre de suspensions de permis a été multiplié par quatre en deux ans, atteignant 3 700 depuis le début de 2025. Ces efforts semblent porter leurs fruits : le nombre de tués sur les routes a baissé de 17 % et celui des accidents de près de 9 %.
Le cas de la Promenade des Anglais a été spécifiquement évoqué. Le préfet a indiqué avoir proposé l'expertise de l'État à la Métropole pour étudier des aménagements de sécurité supplémentaires, en complément du nouveau radar et des contrôles intensifiés.
Un contrôle renforcé à la frontière franco-italienne
Qualifiée de "très robuste", la surveillance à la frontière a permis d'intercepter près de 14 000 étrangers en situation irrégulière depuis le début de l'année. Ce chiffre, bien qu'en légère baisse par rapport à 2023, confirme que cette zone reste la principale porte d'entrée de l'immigration irrégulière en France métropolitaine.
Le préfet a jugé que les effectifs mobilisés (police, gendarmerie, douanes, militaires) sont suffisants et que des renforts supplémentaires n'étaient pas nécessaires, contrairement à certaines demandes locales.
Les défis sociaux : protoxyde d'azote et violences intrafamiliales
L'entretien a également permis de faire le point sur des phénomènes de société préoccupants.
Le fléau du protoxyde d'azote
Le préfet a rappelé que les Alpes-Maritimes disposent d'un arsenal juridique complet pour lutter contre l'usage détourné du protoxyde d'azote, ou "gaz hilarant". Un arrêté préfectoral encadre strictement sa consommation sur la voie publique.
Il a cependant précisé les limites de l'action administrative : "Le droit actuel ne permet pas d’interdire globalement le protoxyde d’azote aux majeurs, sauf à méconnaître la loi". Seule une évolution législative, relevant du Parlement, pourrait durcir davantage la réglementation.
Hausse des plaintes pour violences familiales
Un chiffre marquant est l'augmentation de 20 à 25 % par an des plaintes pour violences intrafamiliales. Le préfet n'y voit pas une explosion des faits, mais plutôt le résultat d'une libération de la parole des victimes, encouragée par des procédures de dépôt de plainte simplifiées et une attention accrue des services de l'État.





