Face à l'essor de l'intelligence artificielle générative, le barreau de Nice a lancé une campagne de communication pour réaffirmer la valeur de ses 1 200 avocats. Cette initiative vise à souligner l'importance de l'expertise, de l'écoute et de la sensibilité humaines, des qualités qu'un algorithme ne peut reproduire.
Déployée sur les transports en commun et les réseaux sociaux, la campagne utilise un slogan percutant pour marquer les esprits et rappeler aux citoyens que la relation de confiance avec un avocat reste irremplaçable.
Une offensive de communication pour l'"intelligence authentique"
Le barreau de Nice a initié une vaste opération de communication pour mettre en avant le savoir-faire de ses membres. La campagne, conçue par la commission communication du barreau et exécutée par l'agence niçoise Comback, se distingue par un message clair et direct.
Le slogan principal, « Cet(te) avocat(e) a été généré(e) par une IA, les nôtres par la vie », est complété par la signature « À Nice, 1 200 vrais avocats à votre service ». L'initiative est également portée par le hashtag #AuthentiqueIntelligence, qui résume l'esprit de la démarche.
Cette campagne est visible par un large public grâce à un affichage sur les rames des trois lignes du tramway de Nice. Elle s'étend également à d'autres communes du ressort du barreau, notamment Beausoleil, Cap d’Ail, Menton et Villefranche-sur-Mer, assurant une couverture géographique étendue. Une déclinaison sur les réseaux sociaux permet de toucher un public connecté.
Points Clés de la Campagne
- Slogan : « Cet(te) avocat(e) a été généré(e) par une IA, les nôtres par la vie ».
- Objectif : Valoriser l'expertise et les qualités humaines des avocats.
- Cible : Le grand public et les justiciables.
- Déploiement : Tramway de Nice, affichage urbain et réseaux sociaux.
- Nombre d'avocats concernés : Environ 1 200 membres du barreau de Nice.
La position du barreau face à la technologie
Emmanuel Brancaleoni, bâtonnier du barreau de Nice, reconnaît l'impact des nouvelles technologies sur la profession juridique. « Les IA génératives bouleversent les pratiques de quasiment toutes les professions et la profession d’avocat n’échappe pas à ce bouleversement, avec les consultations automatisées et l’assistance à la décision », explique-t-il.
Cependant, il souligne que cette évolution technologique peut engendrer des perceptions erronées. Selon lui, cette tendance alimente des « idées reçues sur le coût et l’accessibilité des avocats », qui pourraient sembler distants des préoccupations des citoyens.
« L’idée de cette campagne est de rétablir la proximité qui est inhérente à la relation entre avocat et justiciable. La justice est incarnée par ses acteurs et notamment par les avocats, qui seuls sont capables de la rendre compréhensible, de la traduire. »
Le bâtonnier précise que la démarche n'est pas une opposition à l'intelligence artificielle. « Nous ne redoutons pas l’IA, elle accompagne déjà beaucoup de nos confrères », affirme-t-il. L'objectif est plutôt d'éduquer le public sur les limites de ces outils.
Contexte : L'IA dans le secteur juridique
L'intelligence artificielle est de plus en plus utilisée dans le domaine du droit pour des tâches comme la recherche de jurisprudence, l'analyse de contrats ou l'aide à la rédaction d'actes. Ces outils permettent d'optimiser le temps et d'améliorer l'efficacité. Toutefois, ils ne peuvent se substituer au jugement, à la stratégie et à l'empathie d'un professionnel du droit, surtout dans les affaires complexes impliquant des dimensions humaines fortes.
L'humain au cœur de la défense
La campagne met l'accent sur les aspects de la profession que la technologie ne peut pas remplacer. Valérie Serra, vice-bâtonnière, insiste sur la dimension relationnelle du métier d'avocat.
« Dans certains dossiers pénaux ou familiaux, il y a toute une communication à avoir pour mettre les gens en confiance. Il y a des choses qui se jouent dans nos cabinets », confie-t-elle. Elle met en avant des qualités purement humaines qui sont au centre de la pratique juridique.
L'écoute et la sensibilité comme piliers
Pour la vice-bâtonnière, la machine a ses limites. « Il est impossible de remplacer la sensibilité, la qualité d’écoute d’un confrère ou d’une consœur par une machine, aussi sophistiquée soit-elle », souligne-t-elle. Elle rappelle un aspect fondamental du rôle de l'avocat : « On a tendance à penser que l’avocat c’est celui qui parle mais c’est aussi celui qui écoute, qui recueille la confidence ».
Emmanuel Brancaleoni conclut avec une observation fine sur une nuance essentielle de la communication humaine : « Il y a une chose dont l’IA ne fera jamais rien alors que nous sommes capables de l’exploiter à 100 %, c’est le silence ». Ce temps de pause, d'écoute ou de réflexion stratégique reste une prérogative de l'intelligence humaine.
Un message pour l'avenir de la profession
En lançant cette campagne, le barreau de Nice ne se contente pas de promouvoir ses membres. Il ouvre un débat plus large sur la place de la technologie dans les métiers de conseil et de représentation. L'initiative vise à rappeler que si l'IA peut être un outil performant, elle ne remplace pas le partenaire de confiance qu'est un avocat.
La campagne insiste sur le fait qu'un avocat offre bien plus qu'une simple réponse juridique automatisée. Il apporte une analyse stratégique, une compréhension du contexte et un soutien psychologique qui sont souvent décisifs dans la résolution d'un litige. C'est ce message de valeur ajoutée humaine que les 1 200 avocats niçois souhaitent transmettre aux justiciables.