Le chantier d'installation d'une antenne-relais de l'opérateur Free Mobile va pouvoir reprendre à Saint-André-de-la-Roche, près de Nice. La préfecture des Alpes-Maritimes a officiellement annulé l'arrêté municipal qui avait interrompu les travaux en avril 2024, marquant une nouvelle étape dans un bras de fer juridique entre la mairie et l'opérateur de télécommunications.
Cette décision administrative, datée du 20 octobre 2025, confirme une précédente décision du Conseil d'État et laisse le maire de la commune, Jean-Jacques Carlin, face à un sentiment d'impuissance.
Les points clés
- La préfecture des Alpes-Maritimes a abrogé l'arrêté du maire de Saint-André-de-la-Roche qui stoppait l'installation d'une antenne Free Mobile.
- Le Conseil d'État avait déjà jugé en juin 2025 que l'arrêté municipal présentait un "doute sérieux sur sa légalité".
- Le maire, Jean-Jacques Carlin, dénonce son manque de pouvoir dans ce type de dossier et l'absence de consultation des élus locaux.
- L'antenne, d'une hauteur inférieure à 12 mètres, sera située à seulement cinq mètres d'une habitation.
La décision de la préfecture met fin au blocage
Le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, a tranché. Dans un arrêté daté du 20 octobre 2025, il a officiellement abrogé la décision du maire de Saint-André-de-la-Roche qui avait ordonné l'interruption des travaux au 235 route stratégique du Mont Macaron.
Le chantier, mené pour le compte de la société Free Mobile, avait été stoppé par un arrêté municipal le 18 avril 2024. La préfecture justifie sa décision en soulignant que l'arrêté du maire a été pris "sans respect de la procédure contradictoire préalable" et que ce dernier n'avait pas la compétence pour agir, car les travaux en question ne nécessitaient pas de permis de construire.
Un revers juridique confirmé
Cette décision préfectorale n'est pas une surprise. Elle fait suite à un premier revers pour la municipalité subi le 19 juin 2025. Ce jour-là, la plus haute juridiction administrative française, le Conseil d'État, avait déjà affaibli la position du maire.
Les magistrats avaient estimé que l'arrêté municipal était "entaché d’un doute sérieux sur sa légalité". Leur raisonnement s'appuyait sur les caractéristiques techniques du projet. L'antenne-relais étant d'une hauteur inférieure à 12 mètres et les installations techniques au sol occupant moins de 5 mètres carrés, le projet n'était pas soumis à une déclaration préalable de travaux, privant ainsi le maire de son principal levier d'action.
Réglementation des antennes-relais
En France, l'installation d'antennes-relais est régie par le Code de l'urbanisme. Les antennes de moins de 12 mètres de haut, avec des locaux techniques de moins de 5 m², bénéficient d'une procédure allégée et ne nécessitent souvent qu'un dossier d'information soumis à la mairie, limitant fortement le pouvoir d'opposition des élus locaux.
La colère et l'impuissance du maire
Pour le maire de Saint-André-de-la-Roche, Jean-Jacques Carlin, cette décision est difficile à accepter. Il exprime un sentiment de frustration partagé par de nombreux élus locaux confrontés à des situations similaires.
"Les maires n’ont pas la main sur les antennes. Ils ne peuvent que subir. On ne nous demande jamais notre avis. Le maire ne peut que constater," a-t-il déclaré, visiblement en colère.
L'élu local plaide pour une évolution de la législation afin de redonner aux maires un pouvoir de décision ou, à tout le moins, de consultation, sur l'implantation de ces infrastructures sur leur territoire. Il estime que les maires sont les mieux placés pour évaluer l'impact local de tels projets.
Une proximité qui inquiète
Au-delà de la question juridique, c'est la proximité de l'installation avec une habitation qui préoccupe particulièrement le maire. "Dans ce cas, l’antenne va être à 5 mètres d’une maison. C’est inadmissible", insiste-t-il. Cette courte distance alimente les craintes des riverains et place l'élu dans une position délicate, entre les obligations légales et les attentes de ses administrés.
Contexte de la 5G et couverture du territoire
Le déploiement des antennes-relais s'est accéléré ces dernières années avec l'arrivée de la technologie 5G. Les opérateurs de télécommunications sont engagés dans une course pour assurer la meilleure couverture possible du territoire, ce qui entraîne parfois des conflits d'usage et des tensions avec les collectivités locales, notamment dans les zones périurbaines et rurales.
Quelle issue pour la commune ?
Malgré la décision de la préfecture, Jean-Jacques Carlin ne baisse pas complètement les bras. Il espère encore pouvoir négocier une solution alternative avec l'opérateur. Son dernier espoir repose sur la possibilité d'une mutualisation des infrastructures.
Le maire souhaite "trouver une mutualisation avec une autre antenne-relais à une centaine de mètres." Cette option consisterait à utiliser une installation existante, opérée par un autre fournisseur, pour y ajouter les équipements de Free Mobile. Une telle solution permettrait d'éviter la construction d'un nouveau pylône et de répondre aux préoccupations des riverains.
Cependant, la faisabilité technique et économique d'une telle mutualisation dépendra de la bonne volonté de l'opérateur et des contraintes du site. Pour l'heure, avec le feu vert de la justice et de la préfecture, Free Mobile a légalement le droit de poursuivre son chantier initial comme prévu.





