Les commerçants du centre-ville de Cagnes-sur-Mer font face à une situation économique difficile. Depuis le début des travaux de La Villette en janvier, ils constatent une baisse significative de leur fréquentation et de leur chiffre d'affaires, un phénomène qu'ils attribuent directement aux nouvelles difficultés de stationnement.
Cette situation a créé un dialogue tendu entre les associations de commerçants, qui réclament des mesures urgentes, et la mairie, qui défend la nécessité des aménagements urbains tout en reconnaissant certains défis.
Points Clés
- Les commerçants de Cagnes-sur-Mer rapportent des baisses de chiffre d'affaires allant jusqu'à 50%.
- Le chantier de La Villette et le déplacement d'un parking de 363 places sont cités comme causes principales.
- La mairie met en avant d'autres facteurs comme le e-commerce et la conjoncture économique.
- Des solutions comme une heure de stationnement gratuite et des navettes sont débattues entre les deux parties.
Une chute d'activité ressentie par tous
Le mécontentement gronde parmi les 1 000 commerces de Cagnes-sur-Mer. Corinne Baldacci, présidente de l'association Cœur de Ville, dresse un bilan alarmant de la situation depuis le début de l'année. Selon elle, les conséquences du chantier de La Villette sont directes et mesurables.
Elle fournit des exemples concrets pour illustrer l'ampleur du problème : une boulangerie du cours du 11-Novembre a perdu une centaine de clients par jour, tandis que sa propre boutique de vêtements en accueille entre dix et vingt de moins. Les chiffres sont encore plus marqués pour d'autres types de commerces.
Impact Économique en Chiffres
- Cave à vin : -40% de chiffre d'affaires
- Presse : -30% de chiffre d'affaires
- Manège pour enfants : -50% de chiffre d'affaires
Héloïse Lesage, présidente de l'association Cagnes Grand Centre, partage cette inquiétude. Elle souligne que le déplacement du parking de La Villette, qui comptait 363 places, a profondément modifié les habitudes des consommateurs. « Faute de stationnement, ils s'en vont », explique-t-elle, craignant que ces changements de comportement ne deviennent permanents.
Le point de vue des usagers et de la mairie
Les clients fidèles confirment ces difficultés. Elisabeth, 70 ans, résidente de La Gaude, continue de fréquenter le centre-ville mais observe un changement chez ses proches. « J'ai des amis qui ont pris d'autres habitudes. Ils se refusent désormais à aller dans le centre : trop d'embouteillages et un stationnement pas très pratique », témoigne-t-elle.
Face à ces critiques, la municipalité, par la voix de Jean-Marc Haddad, adjoint au maire délégué au Commerce, défend sa position. « Une ville qui ne fait pas de travaux ne s'améliore pas », affirme-t-il. Il reconnaît les problèmes de circulation et de stationnement mais assure que des mesures correctives ont été prises, comme l'amélioration de la signalisation vers le nouveau parking, portant son taux de remplissage de 50% à 70%.
Les arguments de la Mairie
Pour l'adjoint au Commerce, la baisse d'activité n'est pas uniquement liée aux travaux. Il évoque plusieurs facteurs contextuels : la montée en puissance du commerce en ligne, une conjoncture économique morose et la transformation de certains métiers. Il invite également les commerçants à être plus « réactifs » en développant des fichiers clients et en menant des actions promotionnelles.
Cette suggestion est mal reçue par les principaux intéressés. « Je me bouge tous les jours », rétorque Corinne Baldacci, qui met en avant sa présence sur les réseaux sociaux et les événements organisés par son association pour animer le quartier. « On fait de notre mieux », renchérit Héloïse Lesage, qui attend « davantage d'actions de la mairie ».
Quelles solutions pour redynamiser le centre-ville ?
Le dialogue se poursuit autour de propositions concrètes pour inverser la tendance. Les associations de commerçants ont formulé plusieurs demandes pour faciliter l'accès à leurs boutiques et encourager le retour des clients.
La gratuité du stationnement en débat
L'une des principales revendications est la mise en place d'une heure de stationnement gratuite, au moins le samedi. « Nous demandons une heure de stationnement gratuite », avance Héloïse Lesage. Cependant, Jean-Marc Haddad exprime ses réserves.
« Je n’y suis pas favorable : on aurait moins de rotations et donc moins de clients potentiels en centre-ville. Mais si les commerçants veulent le mettre en place, libre à eux. On les mettra en rapport avec Indigo pour qu’ils offrent à leurs clients des tickets d’une heure de stationnement. »
Cette réponse suggère que le coût d'une telle mesure pourrait être supporté par les commerçants eux-mêmes, une proposition qui risque de ne pas les satisfaire.
Autres pistes explorées
D'autres idées sont sur la table, avec des degrés d'acceptation variés de la part de la municipalité :
- Ajout de places arrêt-minute : Les commerçants en souhaitent davantage, notamment sur le cours du 11-Novembre. La mairie estime que les 324 places existantes sont suffisantes.
- Navettes gratuites : Corinne Baldacci propose de mettre en place des navettes reliant les grands parkings périphériques (hippodrome, Sauvaigo) au centre. L'adjoint au Commerce qualifie l'idée « à étudier ».
- Améliorations techniques et logistiques : La mairie se montre ouverte à deux autres suggestions. Le fractionnement de la gratuité sur l'application de paiement est en cours de développement. De plus, l'amélioration du parcours piéton depuis les parkings est une question qui sera également étudiée.
Malgré les divergences, la mairie assure rester « à l'écoute des commerçants ». La résolution de cette crise locale dépendra de la capacité des deux parties à trouver un terrain d'entente pour assurer la survie et la prospérité du commerce de proximité à Cagnes-sur-Mer.