À l'approche des élections municipales, le maire de Saint-Laurent-du-Var, Joseph Segura, prend ses distances avec la ligne nationale des Républicains, critiquant ouvertement la stratégie d'Éric Ciotti. Tout en réaffirmant son ancrage à droite, il met en avant sa priorité pour l'action locale et défend le bilan de sa collaboration au sein de la Métropole Nice Côte d'Azur.
Alors que plusieurs candidats se sont déjà déclarés face à lui, Joseph Segura n'a pas encore officialisé sa propre candidature, préférant se concentrer sur les projets en cours. Il aborde la situation politique départementale avec fermeté, appelant à une clarification au sein de sa famille politique.
Points Clés
- Joseph Segura critique la "dérive" d'Éric Ciotti et son alliance avec le Rassemblement National, la qualifiant de "trahison".
- Le maire de Saint-Laurent-du-Var privilégie l'action locale et se dit prêt à se présenter sans l'étiquette LR, comme en 2014.
- Il défend le rôle de la Métropole Nice Côte d'Azur, affirmant qu'elle apporte plus aux communes qu'elle ne leur coûte.
- Face aux critiques sur la gestion métropolitaine, il souligne l'importance du dialogue tout en dénonçant l'incohérence de certains maires.
Une droite républicaine face aux extrêmes
Joseph Segura ne mâche pas ses mots lorsqu'il évoque la situation actuelle du parti Les Républicains dans les Alpes-Maritimes. Historiquement membre du RPR, de l'UMP puis de LR, il exprime une profonde déception face à ce qu'il perçoit comme une "déconfiture" et une perte de repères.
Il cible particulièrement la décision d'Éric Ciotti de s'allier avec le Rassemblement National. "On voyait déjà sa dérive vers les extrêmes au conseil départemental. Ce n’est pas nouveau", analyse le maire. Pour lui, cette alliance représente une ligne rouge infranchissable.
"Quand il est parti, ça a été vécu comme une trahison pour tout notre camp. [...] Moi, je crois encore à une droite claire, indépendante, républicaine, qui ne pactise ni avec les extrêmes, ni avec les opportunismes."
Joseph Segura appelle à une clarification de la part des instances départementales, notamment de son président Charles-Ange Ginésy. Il estime qu'une ambiguïté persistante n'est plus tenable. "Soit on défend les valeurs républicaines, soit on cautionne la dérive d’Éric Ciotti, mais on ne peut pas faire les deux", insiste-t-il.
La priorité locale avant l'étiquette politique
Interrogé sur sa propre candidature aux prochaines élections municipales, Joseph Segura reste prudent. "Pour l’instant et jusqu’à preuve du contraire, je ne me suis pas encore déclaré candidat", affirme-t-il, expliquant que de nombreux chantiers doivent encore être livrés avant la fin du mandat.
Un précédent en 2014
Lors de son élection en 2014, Joseph Segura s'était présenté sous l'étiquette "divers droite", sans investiture officielle de son parti. Il rappelle que les électeurs l'ont choisi pour son programme local, et non pour une affiliation partisane. Une stratégie qu'il pourrait réitérer si nécessaire.
Il se montre détaché vis-à-vis de l'investiture de son parti. "S’ils me soutiennent, tant mieux, sinon, j’irai sans, devant les Laurentins", déclare-t-il. Pour lui, l'essentiel réside dans le contrat de confiance établi avec les habitants de Saint-Laurent-du-Var. "Mon mandat est municipal, pas partisan."
La Métropole, un outil au service des communes
La gestion de la Métropole Nice Côte d'Azur et les tensions avec certains maires, qualifiés de "frondeurs", constituent un autre sujet majeur. Joseph Segura adopte une position pragmatique, reconnaissant que le débat est sain en démocratie, mais rappelant que les faits parlent d'eux-mêmes.
Il souligne que, malgré les critiques, les maires concernés ont voté les orientations budgétaires lors du dernier conseil métropolitain. Il défend fermement l'utilité de l'institution : "La Métropole apporte plus qu’elle ne prend, dans de nombreux domaines : eau, transports, assainissement…"
Le rôle de la Métropole
La Métropole Nice Côte d'Azur gère des compétences clés pour 51 communes, dont les transports, la gestion de l'eau, l'assainissement et une partie de la voirie. Joseph Segura affirme que sans cette mutualisation des moyens, de nombreuses petites communes n'auraient pas pu financer certains projets essentiels.
Face à l'accusation selon laquelle les maires seraient de "simples adjoints de quartiers" pour Christian Estrosi, le président de la Métropole, Joseph Segura réfute cette vision. Il dénonce l'incohérence de ceux qui critiquent publiquement la Métropole tout en sollicitant son soutien financier. "Critiquer toute la journée la Métropole et son président, puis tout réclamer par la suite est incohérent", lance-t-il.
Défendre les intérêts de Saint-Laurent-du-Var
En tant que maire de l'une des principales communes contributrices, Joseph Segura se positionne comme un partenaire exigeant mais loyal de la Métropole. "Saint-Laurent-du-Var est un contributeur majeur, ce que nous versons doit revenir au territoire et le président le reconnaît", explique-t-il.
Il met en avant ses "relations de travail excellentes" avec la Métropole, qui permettent de faire avancer des dossiers structurants pour sa ville. S'il reconnaît que des "dysfonctionnements" peuvent exister dans une administration de cette taille, il assure qu'ils sont corrigés au fur et à mesure.
Il conclut en affirmant que sa commune "y gagne énormément" et qu'il pèse au quotidien pour que les contributions de la ville se traduisent par des projets concrets et utiles pour les Laurentins.
Une campagne municipale déjà tendue
Alors qu'il n'est pas encore officiellement en campagne, Joseph Segura doit déjà faire face à une opposition active. Plusieurs listes ont été annoncées, notamment celles menées par Patrick Villardry (Divers droite), Raphaël Quesada (UDR-RN) et Marc Orsatti (PS).
Cette situation n'est pas nouvelle pour lui. En 2020, six listes s'étaient présentées contre la sienne. Il déplore cependant le ton de la campagne actuelle : "Depuis plusieurs semaines, la campagne a déjà commencé dans le caniveau, chez certains."
Face à ces attaques, il oppose une posture de travail et de continuité. "Nous, nous travaillons. Notre action 2020-2026 ira à son terme", promet-il, réitérant sa volonté de finaliser les projets engagés avant de se projeter vers une nouvelle échéance électorale.





