La municipalité de Nice a engagé une procédure d'expropriation à l'encontre de la propriétaire de la Halle Raiberti, une cité marchande historique du quartier de la Libération. Cette décision, motivée par l'état de délabrement avancé du bâtiment et l'absence de rénovation, sera soumise au vote du conseil municipal le 1er octobre.
L'objectif de la ville est de reprendre le contrôle de ce lieu emblématique pour assurer sa préservation, garantir la sécurité du public et maintenir l'activité commerciale essentielle à la dynamique du quartier.
Points Clés
- La Ville de Nice lance une procédure d'expropriation pour la Halle Raiberti en raison de sa dégradation.
- Un vote pour une déclaration d'utilité publique est prévu au conseil municipal du 1er octobre.
- Des problèmes de sécurité, d'hygiène et un risque d'effondrement partiel ont été signalés depuis 2019.
- La municipalité souhaite préserver le patrimoine, maintenir le marché et soutenir les commerçants.
- Cette action s'inscrit dans un projet plus large de redynamisation du quartier de la Libération, incluant la Gare du Sud.
Une situation jugée "inacceptable" par la municipalité
Face à l'inaction de la propriétaire privée de la Halle Raiberti, la mairie de Nice a décidé de prendre des mesures drastiques. L'état de l'édifice, inauguré en 1921, est considéré comme une menace pour la sécurité publique et un frein au développement du quartier de la Libération.
Dans un courrier adressé début septembre à la propriétaire, la ville qualifiait le manque de travaux et de vision pour l'avenir du site de "totalement inacceptable". Cette lettre annonçait déjà l'intention de proposer une procédure d'expropriation pour motif d'intérêt général.
Cette démarche vise à mettre fin à une situation qui dure depuis plusieurs années. La municipalité estime avoir sollicité à de multiples reprises la propriétaire pour qu'elle engage une rénovation complète, sans obtenir de résultats concrets et suffisants.
Un patrimoine en péril
La Halle Raiberti, également connue sous le nom de Docks de la Riviera, est plus qu'un simple marché. Avec sa façade ocre et son architecture de l'entre-deux-guerres, elle représente une part de l'histoire et de l'âme de Nice. Son authenticité contribue fortement à l'identité du quartier, au même titre que le célèbre marché de la Libération.
Cependant, ce patrimoine est aujourd'hui menacé. La délibération qui sera présentée au conseil municipal, et dont le premier adjoint Anthony Borré est le rapporteur, souligne que "la halle Raiberti présente un intérêt patrimonial certain ainsi que pour l'animation du quartier de Libération".
Un symbole du quartier de la Libération
Inaugurée en 1921, la Halle Raiberti est l'une des dernières cités marchandes de ce type à Nice. Elle a traversé un siècle d'histoire et a toujours été un lieu de vie et de commerce pour les habitants. Sa préservation est considérée comme essentielle pour conserver le caractère unique du quartier.
Des problèmes de sécurité et d'hygiène récurrents
Au-delà de l'aspect patrimonial, la décision de la ville est principalement motivée par des impératifs de sécurité. Des rapports successifs ont mis en lumière une série de défaillances graves qui mettent en danger les commerçants et les clients.
Entre 2019 et 2022, les services municipaux ont dû intervenir à quatre reprises pour des problèmes urgents. Ces interventions n'ont été suivies que par des "actions curatives seulement" de la part de la propriétaire, sans jamais s'attaquer aux causes profondes des dégradations.
Chronologie des défaillances
- 2019-2022 : Quatre interventions d'urgence pour des motifs de sécurité et d'hygiène.
- Problèmes constatés : Présence de rats, infiltrations d'eau massives touchant le système électrique, malpropreté des plafonds engendrant des risques de contaminations.
- 2022 : Identification d'un "risque d'effondrement partiel" sur une dalle et constat d'une "dégradation de la façade" patrimoniale.
Un risque d'effondrement identifié
Le point culminant de ces inquiétudes a été atteint en 2022, lorsqu'un audit a révélé un "risque d'effondrement partiel" au niveau d'une dalle de la structure. Cette alerte a confirmé l'urgence d'une intervention structurelle majeure que la propriétaire n'a pas engagée.
Les infiltrations d'eau continues ont également posé un risque électrique majeur, menaçant la sécurité de l'ensemble du bâtiment. Ces éléments factuels constituent le fondement juridique de la procédure de déclaration d'utilité publique.
"La volonté du maire est de protéger et préserver la halle, tout en ne laissant pas les commerçants dans cette situation", a indiqué l'équipe de Christian Estrosi, confirmant l'engagement de la ville à trouver une solution durable.
Le futur de la Halle et la redynamisation du quartier
L'expropriation, si elle est votée, permettra à la Ville de Nice de devenir propriétaire de la Halle Raiberti. L'objectif est clair : lancer une rénovation complète pour transformer le lieu en une halle municipale moderne et sécurisée, tout en préservant son caractère historique.
Le projet municipal vise à :
- Assurer la sécurité des usagers et du bâti.
- Maintenir l'activité du marché, essentielle à la vie locale.
- Soutenir les commerçants actuellement installés dans des conditions difficiles.
- Valoriser un élément clé du patrimoine niçois.
Cette initiative s'inscrit dans une stratégie globale de revitalisation du quartier de la Libération. Elle fait écho à une autre reprise en main majeure par la municipalité : celle de la Gare du Sud, située à proximité.
La transformation de la Gare du Sud
Le gestionnaire privé Iera, qui exploitait un concept de "food court" à la Gare du Sud, quittera les lieux d'ici le premier trimestre 2026. La Ville a annoncé son intention de transformer ce site en un grand centre culturel.
Ce nouveau pôle s'inspirera du modèle des Franciscaines de Deauville, un lieu hybride mêlant médiathèque, musée, salle de spectacle et espaces de convivialité. La reprise en main de la Halle Raiberti et de la Gare du Sud montre une volonté politique forte de maîtriser le développement de ce secteur stratégique de Nice.
En agissant sur ces deux sites emblématiques, la municipalité entend renforcer l'attractivité du quartier de la Libération, améliorer la qualité de vie des habitants et préserver son patrimoine pour les générations futures. La décision du 1er octobre sera donc une étape cruciale pour l'avenir de ce quartier historique niçois.