La ville de Nice a officiellement fermé ses portes à l'enseigne de mode éphémère Shein. Le maire, Christian Estrosi, a annoncé que la marque chinoise ne pourra pas s'installer dans la commune, une décision qui fait suite à la controverse nationale concernant la vente de poupées sexuelles à l'apparence d'enfants sur la plateforme.
Cette prise de position intervient alors que le parquet de Paris a lancé des enquêtes visant plusieurs géants du commerce en ligne, dont Shein, pour la diffusion de contenus potentiellement illicites et dangereux pour les mineurs.
Les points essentiels
- Christian Estrosi, maire de Nice, a déclaré que Shein n'était « pas la bienvenue » dans sa ville.
- La décision a été confirmée après un échange avec la direction des Galeries Lafayette de Nice, où un point de vente était envisagé.
- Cette interdiction est une réponse directe à la mise en vente de poupées sexuelles à l'effigie d'enfants sur le site de Shein.
- Le parquet de Paris a ouvert quatre enquêtes distinctes visant Shein, AliExpress, Temu et Wish pour des faits similaires.
Une décision municipale ferme et rapide
La réaction des autorités niçoises ne s'est pas fait attendre. Dans une déclaration publique, le maire Christian Estrosi a été catégorique : « Shein n’est pas la bienvenue à Nice et ne s’y installera pas ! ». Cette annonce met un terme aux spéculations sur l'arrivée de la marque dans la capitale azuréenne.
La municipalité a précisé que cette position avait été consolidée lors d'un entretien avec Nicolas Pereira, le directeur des Galeries Lafayette de Nice. Ce dernier a confirmé que son grand magasin n'accueillerait pas la plateforme chinoise. Le maire a justifié sa décision en soulignant que Shein « ne respecte aucune règle » et a pointé du doigt la récente affaire des poupées controversées.
L'expansion physique de Shein en France
Malgré la polémique, Shein poursuit sa stratégie d'implantation physique en France. Des boutiques éphémères, souvent installées au sein des Galeries Lafayette, ont ouvert ou sont prévues dans plusieurs grandes villes comme Dijon, Grenoble, Reims et Limoges. L'interdiction niçoise marque un coup d'arrêt notable à cette expansion.
Au cœur de la tourmente : une enquête judiciaire
La décision de la mairie de Nice s'inscrit dans un contexte judiciaire tendu pour plusieurs acteurs du commerce en ligne. Lundi, le parquet de Paris a annoncé l'ouverture de quatre enquêtes préliminaires confiées à l'Office des mineurs (Ofmin). Celles-ci visent les plateformes Shein, AliExpress, Temu et Wish.
Les investigations portent sur des motifs graves, notamment la « diffusion de message violent, pornographique, ou contraire à la dignité accessible à un mineur ». Pour Shein et AliExpress, une qualification supplémentaire a été retenue : la « diffusion de l’image ou la représentation d’un mineur présentant un caractère pornographique ».
« Nous serons en totale transparence avec la justice, s’ils nous demandent une telle chose, nous le ferons. »
Cette déclaration a été faite sur RMC par Quentin Ruffat, porte-parole de Shein en France, concernant la possible transmission des informations sur les acheteurs des produits incriminés.
La réponse de Shein face à la crise
Face au scandale, Shein a rapidement réagi pour tenter de limiter les dégâts. Le président exécutif de la plateforme, Donald Tang, a assuré dans un communiqué que les articles concernés avaient été retirés du site. Il a également promis que l'entreprise remonterait « à la source » pour prendre des « mesures rapides et décisives à l’encontre des responsables ».
Concrètement, la marque a pris plusieurs mesures :
- Mise en place d'une interdiction totale des produits de type « poupées sexuelles ».
- Déréférencement temporaire de la catégorie « produits pour adultes » par mesure de précaution.
- Extension de sa liste noire de mots-clés pour empêcher le contournement des règles de publication.
Un « dysfonctionnement interne »
Interrogé sur la manière dont de tels produits ont pu se retrouver en vente, le porte-parole français de Shein a évoqué « un dysfonctionnement interne, un dysfonctionnement dans nos process et dans notre gouvernance ». L'entreprise s'est engagée à collaborer pleinement avec les autorités judiciaires françaises.
Un signal fort pour le commerce en ligne
La décision de la ville de Nice constitue un acte politique fort à l'encontre d'un géant mondial de la vente en ligne. Elle illustre la préoccupation croissante des élus locaux et du public face aux pratiques de certaines plateformes internationales, notamment en matière de modération de contenu et de responsabilité éthique.
Alors que Shein continue de séduire des millions de consommateurs avec ses prix bas, cette affaire met en lumière les failles de son modèle et les défis réglementaires posés par le commerce électronique transfrontalier. La réaction de la justice et des collectivités locales pourrait marquer un tournant dans la manière dont ces entreprises opèrent sur le territoire français.





