À l'âge de 102 ans, René Di Fraja, un résident de Nice, a été distingué par la plus haute décoration française. Cet ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale a reçu la Légion d'honneur pour son courage exceptionnel, 80 ans après les événements qui ont marqué sa jeunesse et l'histoire de la France.
La cérémonie, empreinte d'émotion, s'est déroulée au palais des Rois Sardes à Nice, en présence de sa famille et de ses amis, célébrant une vie de bravoure, de dévouement et d'une longévité remarquable.
Points Clés
- René Di Fraja, 102 ans, a été fait chevalier de la Légion d'honneur.
- Cette distinction récompense un acte de bravoure survenu en Italie en 1944.
- Né en Algérie, il a servi dans le 69e régiment d'artillerie de montagne.
- Après la guerre, il a fait sa carrière à la SNCF à Nice, ville qu'il a adoptée.
- Il attribue sa longévité à une vie saine, sans tabac ni alcool, et à une activité physique quotidienne.
Une reconnaissance tardive mais méritée
La distinction a été remise à René Di Fraja dans le cadre des commémorations du 80e anniversaire du Débarquement. C'est Charles Ange Ginésy, président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, qui a eu l'honneur d'épingler la médaille sur le revers de la veste du centenaire.
Lors de son discours, M. Ginésy a souligné l'importance de cet hommage. « C'est un honneur mérité pour un jeune homme de 21 ans qui, dans le tumulte des canons, a su garder le cap de l’humanité », a-t-il déclaré, rappelant le contexte historique de l'engagement de M. Di Fraja.
La cérémonie s'est tenue en présence de quatre générations de sa famille. Ses enfants, ses trois petits-fils Olivier, Frédéric et Thomas, et même son arrière-petit-fils de 10 ans, Liam, étaient là pour partager ce moment solennel.
Un acte de bravoure sous le feu ennemi
L'histoire de René Di Fraja est celle d'un jeune homme projeté dans la violence de la Seconde Guerre mondiale. Né le 6 janvier 1923 à Bône, aujourd'hui Annaba en Algérie, il s'engage dans l'armée française et rejoint le 69e régiment d'artillerie de l'armée du Maroc.
C'est en Italie que son courage sera mis à l'épreuve. Le 16 juillet 1944, près de San Gimignano, en Toscane, son convoi se retrouve sous un bombardement intense. Alors artilleur de 1re classe, il n'hésite pas.
« Il fait preuve d’un sang-froid exemplaire en franchissant un violent tir d’artillerie sur la route de San Gimignano », précise sa citation officielle.
Cet acte lui vaudra une première reconnaissance : la Croix de guerre avec étoile de bronze. Quatre-vingts ans plus tard, c'est la nation tout entière qui salue son courage avec la Légion d'honneur.
Le 69e Régiment d'Artillerie de Montagne
Le régiment de René Di Fraja était une unité spécialisée dans le combat en terrain difficile. Basé à Barcelonnette avant la guerre, il a joué un rôle clé lors de la campagne d'Italie, une des phases les plus ardues de la libération de l'Europe, caractérisée par des combats acharnés dans les montagnes des Apennins.
De l'Algérie à Nice, une vie bien remplie
Après la guerre, le destin de René Di Fraja le mène à Nice. En 1945, son régiment est détaché dans la région. C'est lors d'un bal qu'il rencontre Ida, une jeune femme de Contes, qui deviendra son épouse. Ce fut le début de son attachement indéfectible à la Côte d'Azur.
Bien qu'il soit retourné en Algérie pour un temps, où il a travaillé pour les Chemins de fer, l'appel de la Méditerranée était trop fort. Après la guerre d'Algérie, il s'installe définitivement à Nice avec sa famille.
« Muté un temps à Montluçon, vous découvrez une France plus grise, sans mer, sans soleil », a rappelé Charles Ange Ginésy. « L’absence du bleu méditerranéen pèse sur votre moral, et vous demandez alors à rejoindre Nice. » C'est à la SNCF de Nice qu'il terminera sa carrière professionnelle, après avoir débuté comme chaudronnier-ferronnier.
Les secrets d'une longévité exceptionnelle
À 102 ans, René Di Fraja impressionne par sa vitalité. Il a toujours mené une vie active et saine, ce qu'il considère comme le secret de sa longévité. Il n'a jamais fumé et n'a jamais bu d'alcool.
Une discipline de vie
- Activité physique : Il continue de faire sa gymnastique et du vélo d'appartement tous les jours.
- Sport : Dans sa jeunesse, il était champion de water-polo junior et un cycliste passionné.
- Alimentation : Une vie sans excès, sans tabac ni alcool.
Cette discipline de vie lui a permis de traverser un siècle d'histoire en pleine forme. Il reste un exemple de résilience, non seulement pour sa bravoure en temps de guerre, mais aussi pour sa force de caractère au quotidien.
Entouré de l'affection des siens, René Di Fraja incarne aujourd'hui la mémoire vivante d'une génération qui s'est battue pour la liberté. Sa décoration est un rappel puissant des sacrifices consentis et un hommage à tous ceux qui, comme lui, ont servi la France avec honneur et courage.





