Vingt-quatre ans après le meurtre d'Ariane Guillot, poignardée à Nice en 2001, le pôle des affaires non élucidées du tribunal de Nanterre relance l'enquête. Un appel à témoins national est lancé pour recueillir de nouvelles informations et tenter de résoudre ce crime resté impuni. Cette initiative marque une volonté de ne pas laisser ce dossier tomber dans l'oubli.
Points Clés
- Le pôle cold cases de Nanterre relance l'enquête sur le meurtre d'Ariane Guillot, survenu en 2001.
- Un appel à témoins national est diffusé via une vidéo de la série « En quête d'indices ».
- Ariane Guillot, une jeune enseignante de 25 ans, a été poignardée à Nice le 18 avril 2001.
- De nouvelles analyses génétiques et techniques ont été menées depuis la réouverture du dossier en 2022.
- Les enquêteurs espèrent des témoignages de personnes ayant vécu ou séjourné à Nice à l'époque.
Relance de l'enquête vingt-quatre ans après les faits
Le 18 avril 2001, Ariane Guillot, une jeune enseignante parisienne de 25 ans, est retrouvée morte poignardée dans le parc de la colline du Château à Nice. Elle était en vacances sur la Côte d'Azur pour garder son neveu. Ce drame, survenu en plein jour, a profondément marqué la mémoire locale. Malgré les premières investigations, l'affaire est restée sans coupable pendant plus de deux décennies.
Le procureur de la République de Nanterre, Yves Badorc, a confirmé le dispositif mis en place. Selon lui, il est « destiné à recueillir toute information permettant de favoriser l'élucidation de ce crime ». Cette démarche souligne l'engagement des autorités à ne négliger aucune piste, même après de nombreuses années.
Un crime non crapuleux
Dès le début de l'enquête, les pistes criminelles classiques ont été écartées. Le portefeuille d'Ariane Guillot a été retrouvé sur les lieux du crime, complet. Cela a permis aux enquêteurs d'écarter « a priori (la) piste crapuleuse », selon le parquet du pôle des crimes sériels ou non élucidés (PCSNE) de Nanterre.
Un appel à témoins diffusé à l'échelle nationale
Pour accompagner cette relance, une nouvelle vidéo de la série « En quête d'indices » a été produite. Il s'agit du cinquième volet de cette série initiée par le pôle des affaires non élucidées. Ces vidéos reprennent les codes des émissions de faits divers afin de toucher un large public et de maximiser les chances de recueillir des témoignages pertinents.
L'objectif est clair : utiliser tous les moyens de communication modernes pour atteindre des personnes qui auraient pu détenir des informations cruciales sans le savoir ou sans oser parler. La diffusion nationale permet d'élargir le cercle des potentiels témoins, au-delà de la seule région niçoise.
« Le dossier Ariane Guillot est particulier parce qu'au niveau national, il n'est pas connu, mais au niveau niçois, il a marqué », a confié à l'AFP Franck Dannerolle, patron de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP).
Des analyses ADN et techniques actualisées
L'utilisation de l'ADN en criminalistique en 2001 était à ses débuts. « Des analyses génétiques ont été réalisées mais ne donnaient rien de probant à ce moment-là », a expliqué le ministère public. Les avancées technologiques des dernières années permettent aujourd'hui de réexaminer les preuves avec des outils plus performants. En conséquence, de nouvelles analyses ont été conduites depuis la réouverture du dossier.
Ces nouvelles analyses comprennent des examens génétiques actualisés, des études techniques de la plaie, et une morphoanalyse des traces de sang découvertes sur les lieux du crime. De plus, des psychocriminologues de l'OCRVP travaillent activement sur le dossier. Ces experts apportent une dimension supplémentaire à l'enquête, cherchant à comprendre le profil du ou des agresseurs.
Historique du dossier
L'enquête sur le meurtre d'Ariane Guillot a connu deux non-lieux, en 2006 puis en décembre 2009. Le dossier a ensuite été inscrit parmi de nombreux autres cold cases non résolus par l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), en collaboration avec le pôle des affaires non élucidées. Le 18 juillet 2022, le parquet de Nanterre a officiellement rouvert une enquête préliminaire, marquant un tournant dans l'affaire.
L'importance des témoignages vingt-quatre ans après
Malgré le temps écoulé, les enquêteurs conservent l'espoir qu'un nouvel appel à témoins puisse débloquer la situation. Franck Dannerolle, de l'OCRVP, estime que « c'est le moment » d'effectuer cet appel, après l'exploration de « différentes pistes d'investigation ». Il souligne que la mémoire collective peut être réactivée par un événement, une conversation ou la diffusion de cette vidéo.
L'espoir est de récupérer le témoignage de « quelqu'un qui a vécu à Nice à l'époque, ou qui était en tourisme à Nice à l'époque ». Ces personnes, qui n'étaient peut-être pas conscientes de l'importance de ce qu'elles ont vu ou entendu à l'époque, pourraient apporter des éléments décisifs. Un dispositif national peut potentiellement atteindre un public beaucoup plus large et diversifié.
Une personne écartée, l'enquête continue
En 2024, une personne a été placée en garde à vue dans le cadre de cette nouvelle phase d'enquête. Cependant, après vérifications, cette personne a été « finalement écartée de toute responsabilité », a précisé le parquet. Cette étape démontre la rigueur des investigations et la volonté des enquêteurs de ne pas s'arrêter sur une première piste sans confirmation solide.
L'objectif principal reste de « maintenir en vie ces dossiers-là et de leur donner un maximum de chances de résolution », a conclu Franck Dannerolle. Les témoignages recueillis seront analysés minutieusement par les agents de l'OCRVP et par les enquêteurs de la police judiciaire de Nice. Ces derniers étaient déjà impliqués dans les premières investigations, assurant une continuité dans le traitement du dossier.
Le pôle cold cases de Nanterre
Créé en 2022, le pôle judiciaire national des « cold cases » (affaires non élucidées) de Nanterre centralise les dossiers criminels les plus complexes et anciens. Il regroupe des magistrats et des enquêteurs spécialisés pour relancer les investigations grâce aux nouvelles techniques scientifiques et aux appels à témoins.
Comment témoigner ?
Toute personne disposant d'informations sur le meurtre d'Ariane Guillot est invitée à contacter les services de police ou de gendarmerie. Les témoignages peuvent être anonymes si nécessaire. Chaque information, même minime, peut s'avérer cruciale pour faire avancer l'enquête et rendre justice à Ariane Guillot et à sa famille. La collaboration du public est essentielle pour élucider ces affaires complexes.
Les enquêteurs rappellent que la mémoire est parfois imprécise après tant d'années, mais qu'un détail apparemment insignifiant peut prendre tout son sens lorsqu'il est recoupé avec d'autres éléments du dossier. La vidéo « En quête d'indices » est accessible au public, offrant un rappel des faits et une plateforme pour inciter au partage d'informations. Cette démarche proactive vise à briser le silence qui entoure encore ce crime.