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Nice : 18 ans de prison pour le meurtre d'un automobiliste

Un livreur de pizza a été condamné à 18 ans de réclusion à Nice pour avoir poignardé à mort un automobiliste suite à une dispute pour une bière.

François Chevalier
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François Chevalier

Journaliste spécialisé dans les affaires criminelles et les questions de sécurité sur la Côte d'Azur. François Chevalier couvre les enquêtes judiciaires et décrypte les dynamiques du grand banditisme local.

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Nice : 18 ans de prison pour le meurtre d'un automobiliste

La cour d'assises des Alpes-Maritimes a rendu son verdict dans l'affaire du meurtre survenu sur la Promenade des Anglais. Khalil Othmani, un livreur de pizza âgé de 34 ans, a été condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Youssef Maftah, un père de famille de 35 ans. Le drame, déclenché par une dispute futile autour d'une bouteille de bière, s'est produit en avril 2017.

Points Clés

  • Khalil Othmani a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour meurtre.
  • La victime, Youssef Maftah, 35 ans, a été poignardée à mort.
  • L'altercation a commencé à cause d'une bouteille de bière qui a taché le pantalon de l'accusé.
  • Un témoin a également été condamné pour non-assistance à personne en danger.
  • Le drame s'est déroulé dans une station-service de la Promenade des Anglais à Nice.

Le verdict de la cour d'assises

Après plusieurs jours de procès, les jurés de la cour d'assises des Alpes-Maritimes ont reconnu Khalil Othmani coupable du meurtre de Youssef Maftah. La peine prononcée est de dix-huit ans de réclusion criminelle. Cette condamnation vient clore une affaire qui avait marqué les esprits par la violence de l'acte et la futilité de son motif.

L'avocate générale, Laura Goudé, avait requis une peine légèrement supérieure, demandant dix-neuf ans de prison à l'encontre de l'accusé. La décision des jurés reste donc très proche des réquisitions du ministère public, soulignant la gravité des faits reprochés à l'ancien livreur de pizza.

Retour sur une nuit tragique

Les faits remontent à la nuit du 8 avril 2017. Vers 5 heures du matin, une altercation éclate dans une station-service située sur la célèbre Promenade des Anglais à Nice. Khalil Othmani, qui se trouve à la caisse, est la cible d'un jet de bouteille de bière. Le liquide tache son pantalon, déclenchant une réaction d'une violence inouïe.

Plutôt que d'en rester là, Othmani retourne à son véhicule, s'empare d'un couteau qu'il gardait dans sa boîte à gants et se dirige vers une voiture stationnée à proximité. À l'intérieur se trouvent trois hommes qu'il ne connaît pas, dont Youssef Maftah, le conducteur.

Un geste fatal et une fuite

Sans aucune autre forme de discussion, Khalil Othmani porte un coup de couteau mortel à Youssef Maftah. La victime, âgée de 35 ans et père d'un jeune enfant, s'effondre. L'agresseur prend immédiatement la fuite, laissant derrière lui une scène de chaos et une vie brisée.

L'enquête permettra rapidement d'identifier et d'interpeller le suspect. Les témoignages et les images de vidéosurveillance ont été des éléments clés pour reconstituer le déroulement précis de cette nuit dramatique.

Chronologie des événements

  • 8 avril 2017, 5h00 : Une altercation éclate dans une station-service.
  • Quelques minutes plus tard : Khalil Othmani récupère un couteau et poignarde Youssef Maftah.
  • Immédiatement après : L'agresseur prend la fuite.
  • Octobre 2020 : Procès et condamnation de Khalil Othmani.

Le profil de l'accusé et les arguments de la défense

Durant le procès, la personnalité de Khalil Othmani a été au centre des débats. La défense a tenté de mettre en avant une possible altération de son discernement au moment des faits. Une expertise psychiatrique a été présentée, évoquant cette possibilité.

Selon une psychiatre, le discernement de l'accusé aurait pu être altéré. Cette conclusion se basait sur des déclarations de l'accusé, qui aurait affirmé avoir été victime d'un viol par le passé. Cependant, ces allégations n'ont jamais pu être formellement vérifiées par les enquêteurs ou la justice.

Qu'est-ce que l'altération du discernement ?

En droit pénal français, l'altération du discernement signifie que la capacité d'une personne à comprendre et à contrôler ses actes était diminuée au moment des faits, sans être totalement abolie. Si elle est reconnue par le tribunal, elle peut entraîner une réduction de la peine encourue, mais elle n'exonère pas l'accusé de sa responsabilité pénale.

Malgré cet argument, les jurés ont estimé que Khalil Othmani était pleinement responsable de son geste. La préméditation n'a pas été retenue, mais la qualification de meurtre, qui suppose l'intention de donner la mort, a été confirmée.

Un témoin condamné pour non-assistance

Cette affaire comporte un volet secondaire tout aussi troublant. Au moment du drame, l'un des passagers présents dans le véhicule de Youssef Maftah a fait un choix lourd de conséquences. Pris de panique, il a quitté les lieux sans alerter les secours ni tenter de porter assistance à la victime agonisante.

Ce comportement a fait l'objet de poursuites judiciaires distinctes. L'homme a été jugé et reconnu coupable de non-assistance à personne en danger. Il a été condamné à une peine de six mois de prison avec sursis.

Le Code pénal français punit "quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l'intégrité corporelle de la personne s'abstient volontairement de le faire". Il en va de même pour celui qui s'abstient volontairement de porter à une personne en péril l'assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter.

Cette condamnation rappelle l'obligation légale et morale qui incombe à tout citoyen d'intervenir ou, à défaut, d'alerter les services d'urgence lorsqu'il est témoin d'une situation de péril imminent pour autrui. La décision du tribunal souligne que la passivité face à un acte de violence peut également constituer une infraction pénale.