Trois ressortissants bulgares ont été condamnés à 18 mois de prison ferme et à une interdiction définitive du territoire français. Ils ont été reconnus coupables d'avoir piraté plusieurs distributeurs automatiques de billets à Nice et à Cannes à l'aide d'un dispositif de clonage de cartes bancaires.
En une seule journée d'activité, le groupe avait réussi à dérober 8 950 euros avant que la police ne mette fin à leurs opérations. L'enquête a révélé une tentative de fraude sur un total de quatre distributeurs.
Les points clés de l'affaire
- Trois hommes bulgares ont été condamnés à 18 mois de prison ferme.
- Une interdiction définitive du territoire français a été prononcée à leur encontre.
- Ils ont piraté quatre distributeurs à Nice et Cannes avec des "skimmers".
- Le préjudice s'élève à 8 950 euros dérobés en une seule journée.
- Deux des accusés ont été arrêtés en flagrant délit par la police.
L'arrestation en flagrant délit
L'affaire a commencé le 12 avril 2024, lorsqu'une agence bancaire située sur le boulevard Gambetta à Nice a détecté un équipement suspect sur l'un de ses distributeurs automatiques de billets (DAB). L'alerte a été immédiatement donnée aux forces de l'ordre.
Deux individus, tentant de dissimuler leur identité avec des casquettes et des masques chirurgicaux, avaient installé un "skimmer". Ce type d'appareil est conçu pour copier les informations de la piste magnétique des cartes bancaires insérées par les clients.
Une technique de fraude bien rodée
Pour compléter leur dispositif, les fraudeurs avaient également placé une caméra miniature. Son rôle était de filmer discrètement les utilisateurs lorsqu'ils saisissaient leur code confidentiel. Cette double technique permet de créer des clones parfaits des cartes et de les utiliser pour des retraits frauduleux.
Qu'est-ce qu'un "skimmer" ?
Un "skimmer" est un lecteur de carte frauduleux qui se superpose à la fente d'insertion d'un distributeur ou d'un terminal de paiement. Il enregistre les données de la bande magnétique de la carte. Associé à une caméra ou un faux clavier, il permet aux criminels de récupérer toutes les informations nécessaires pour cloner une carte bancaire.
Face à ce signalement, la police a rapidement mis en place un dispositif de surveillance discret autour du distributeur ciblé. La patience des enquêteurs a porté ses fruits : le soir même, les deux hommes sont revenus sur les lieux pour récupérer leur matériel. Ils ont été interpellés en flagrant délit.
Un mode opératoire jugé "démodé"
Lors de l'audience, la procureure Maud Marty a qualifié cette méthode de piratage de "démodée". Elle a souligné que les escroqueries bancaires modernes se tournent de plus en plus vers des techniques dématérialisées, jugées moins risquées pour les auteurs.
"C'est une technique de fraude qui tend à disparaître", a également confirmé Maître Benjamin Ferrier, avocat représentant la banque, partie civile dans ce dossier.
Selon les experts, les arnaques par téléphone (vishing), par SMS (smishing) ou par e-mails frauduleux (phishing) sont aujourd'hui bien plus courantes. Elles permettent aux criminels d'opérer à distance, sans avoir à s'exposer physiquement sur les lieux de la fraude.
Le coût du matériel de piratage
Lors de leurs auditions, les prévenus ont affirmé avoir acheté les dispositifs de piratage en Bulgarie. Le prix de chaque kit, comprenant un "skimmer" et une caméra, variait entre 500 et 1 000 euros. Un investissement rapidement rentabilisé par les sommes dérobées.
La défense des prévenus et le rôle d'un tiers
La défense des deux principaux accusés, assurée par Maîtres Isabelle Pignard et Ikram Moussa, a reposé sur leur manque de compétences techniques. Les avocates ont plaidé que leurs clients n'étaient que des exécutants, venus en France spécifiquement pour installer le matériel.
Les prévenus ont expliqué qu'une fois les appareils installés et connectés à un ordinateur, une tierce personne non identifiée en prenait le contrôle à distance. C'est cette personne qui aurait été chargée d'extraire les données bancaires collectées et de les exploiter.
Des preuves compromettantes
Cependant, cette ligne de défense a été mise à mal par des éléments découverts lors de l'analyse de leurs téléphones portables. Les enquêteurs y ont trouvé des photographies de liasses de billets de banque ainsi que des tickets de retraits, des preuves jugées difficilement compatibles avec le rôle de simples "installateurs".
Le troisième homme impliqué dans cette affaire n'était pas représenté par un avocat. Installé en France depuis plusieurs années, il a affirmé avoir joué un rôle purement logistique en hébergeant ses deux compatriotes. Il a nié toute implication directe dans le piratage des distributeurs.
Pourtant, son implication a été questionnée. Après l'arrestation de ses complices, il aurait été contacté pour retourner au logement, déjà perquisitionné, afin de récupérer certaines affaires, soulevant des doutes sur l'étendue réelle de son rôle.
Des peines de prison ferme et une expulsion
Le tribunal, présidé par Marion Menot, a jugé les trois hommes coupables. Ils ont chacun été condamnés à une peine de 18 mois d'emprisonnement ferme. Cette condamnation est assortie d'une interdiction définitive du territoire français.
Le sort des condamnés diffère cependant à l'issue du procès. Deux d'entre eux avaient déjà purgé l'intégralité de leur peine, soit en détention provisoire, soit sous bracelet électronique. Ils devront donc quitter la France dans un avenir proche pour être expulsés vers la Bulgarie.
Le troisième prévenu, qui avait passé beaucoup moins de temps en détention préventive, n'a pas bénéficié du même aménagement. Il a été immédiatement arrêté à la sortie de la salle d'audience pour être conduit en prison afin de purger le reste de sa peine.