Le tribunal correctionnel de Nice a rendu son jugement ce lundi dans une affaire de trafic international de stupéfiants. Après deux saisies spectaculaires d'une valeur totale de près de 3 millions d'euros, le verdict a surpris : l'un des deux prévenus a été relaxé, tandis que l'autre a écopé d'une peine bien inférieure aux réquisitions du procureur.
Les points clés de l'affaire
- Un réseau de trafic de drogue opérant entre la Tunisie, la France et l'Italie a été démantelé.
- Deux saisies majeures ont permis de confisquer des centaines de kilos de cannabis, cocaïne et ecstasy.
- La valeur marchande totale des stupéfiants est estimée à près de 3 millions d'euros.
- Le tribunal a prononcé une relaxe pour l'un des chauffeurs et une peine de trois ans de prison pour l'autre.
Le début de l'enquête et la première saisie
L'affaire a débuté en 2023, suite à un renseignement anonyme qui a mis les enquêteurs sur la piste d'un vaste réseau. La surveillance a porté ses fruits quelques mois plus tard avec l'interception d'un camion au péage de La Turbie, un point de passage stratégique près de la frontière italienne.
Les forces de l'ordre ont découvert des caches aménagées dans le véhicule. À l'intérieur, la cargaison était impressionnante : 30 kilogrammes de cannabis, 28 kilogrammes de cocaïne et 248 kilogrammes d'ecstasy. La valeur de cette première prise a été estimée à environ 2 millions d'euros.
Le chauffeur, identifié comme F., s'apprêtait à traverser l'Italie pour embarquer vers la Tunisie. Son arrestation a porté un premier coup dur à l'organisation criminelle.
Des chiffres qui donnent le tournis
La première saisie à elle seule représentait une valeur marchande de 2 millions d'euros, témoignant de l'ampleur des opérations menées par ce réseau international.
La réorganisation rapide du réseau
Malgré cette perte considérable, les trafiquants ont démontré une capacité de résilience inquiétante. Quelques mois seulement après la première interpellation, le réseau s'était déjà reconstitué, déplaçant son point de départ près d'Avignon.
Un nouveau camion, parti cette fois de Saint-Rémy-de-Provence, a été repéré et suivi par les enquêteurs. Il a finalement été intercepté à Nice. Une nouvelle fouille a révélé des caches contenant 250 kilos de cannabis. Le conducteur, un homme nommé A., a été immédiatement placé en garde à vue.
Cette seconde opération a confirmé l'ampleur du trafic et a permis de porter la valeur totale des saisies à près de 3 millions d'euros.
Un axe stratégique pour le trafic
La route reliant la France à la Tunisie via l'Italie est un corridor connu des services de police pour le trafic de stupéfiants et de marchandises illicites. Les ports de la Méditerranée servent de points d'entrée et de sortie pour des réseaux opérant à l'échelle européenne et nord-africaine.
Face à la justice : deux versions opposées
Lors de leur comparution ce lundi devant le tribunal correctionnel de Nice, les deux prévenus, F. et A., ont maintenu une ligne de défense commune. « Nous ne savions pas que de la drogue se trouvait dans le camion », ont-ils affirmé à la barre, se présentant comme de simples transporteurs ignorant la nature de leur cargaison.
Un argument qui n'a pas convaincu le procureur de la République, Fabien Cézanne. Il a souligné l'invraisemblance de cette version des faits au regard de la valeur colossale des marchandises transportées.
« Impossible que des trafiquants confient de tels montants à des personnes ignorant ce qu’elles font », a martelé le procureur lors de son réquisitoire.
Convaincu de leur implication consciente dans ce trafic, il a requis des peines sévères : six ans d'emprisonnement ferme contre F. et cinq ans contre A., qualifiant la quantité de drogue saisie d'« extraordinaire ».
Un dénouement judiciaire inattendu
Contre toute attente, le tribunal n'a pas suivi les réquisitions du parquet. La décision rendue a créé la surprise dans la salle d'audience.
Défendu par Maître Yassin Sadouni, A., le chauffeur du second camion, a été totalement relaxé. Le tribunal a estimé que les preuves de sa connaissance de la cargaison n'étaient pas suffisantes pour le condamner.
Quant à F., arrêté au péage de La Turbie avec la cargaison la plus diversifiée, il a été condamné à une peine de trois ans d'emprisonnement. Ses avocats, Maîtres Serverian et Baudoux, ont obtenu une peine deux fois moins lourde que celle demandée par l'accusation. Il est à noter que F. a déjà purgé 27 mois de détention provisoire, ce qui signifie qu'il a presque entièrement purgé sa peine.





