Le Musée de la Photographie Charles-Nègre à Nice accueille jusqu'au 25 janvier 2026 une rétrospective majeure dédiée à Michael Kenna, l'un des photographes contemporains les plus influents. Intitulée « Constellations », l'exposition rassemble 124 œuvres en noir et blanc qui invitent le public à un voyage introspectif à travers des paysages épurés et silencieux.
Cette collection, qui couvre un demi-siècle de carrière et des clichés pris dans 21 pays, révèle la quête de l'artiste pour capturer non pas le monde tel qu'il est, mais tel qu'il l'imagine, transformant des lieux familiers en scènes intemporelles et méditatives.
Points Clés de l'Exposition
- Quoi : Rétrospective « Constellations » de Michael Kenna.
- Où : Musée de la Photographie Charles-Nègre, Nice.
- Quand : Jusqu'au 25 janvier 2026.
- Ce qui est exposé : 124 photographies en noir et blanc issues de 50 ans de carrière.
- Particularités : Petits formats, absence de figures humaines, et une section dédiée à ses photos de Nice prises en 1997.
Une invitation au silence et à l'imagination
L'œuvre de Michael Kenna se distingue par son approche minimaliste et sa capacité à évoquer une profonde quiétude. Ses photographies, souvent prises à l'aube ou au crépuscule avec de longs temps de pose, transforment les paysages en visions quasi mystiques. L'absence délibérée de présence humaine dans ses cadres n'est pas un oubli, mais un choix artistique fondamental.
« C’est vraiment une invitation au vide, au silence et à vivre le moment présent », explique Michael Kenna. « Je compare cela au théâtre, quand on attend le lever du rideau pour voir ce qu’il va se passer. Quand les personnages entrent en scène, on arrête d’utiliser notre propre imagination. »
Cette philosophie permet au spectateur de s'immerger pleinement dans l'image, de projeter ses propres émotions et de créer sa propre narration. Chaque cliché devient une scène en attente, un espace où le temps semble suspendu.
L'influence d'une formation spirituelle
Né en 1953 dans une ville industrielle du nord de l'Angleterre, Michael Kenna a passé sept ans au séminaire avec l'intention de devenir prêtre. Bien qu'il ait finalement choisi la voie de l'art, cette période a profondément marqué sa discipline et sa vision du monde. Il attribue sa patience et sa capacité à se concentrer pendant de longues heures à cette formation.
Le Magnum Silentium
Durant sa formation religieuse, Kenna a été initié au magnum silentium, une pratique imposant 10 à 12 heures de silence par jour. Il considère que cette discipline l'a aidé à développer la patience et la concentration nécessaires pour ses longues prises de vue, souvent réalisées dans des conditions difficiles et solitaires.
« Je n’essaie pas de photographier ce que je vois devant moi. J’essaie de photographier ce que je peux imaginer », confie-t-il. Cette démarche, qui consiste à chercher l'invisible derrière le visible, trouve un écho dans son expérience spirituelle. La photographie devient alors une forme de méditation, une quête de l'essence des lieux.
La magie de la chambre noire et du petit format
À l'ère du numérique, Michael Kenna reste un fervent défenseur du tirage argentique. Il développe lui-même toutes ses photographies dans sa chambre noire, un lieu qu'il décrit comme un « refuge sacré » et un espace de méditation. Ce processus artisanal lui permet de contrôler chaque nuance de gris et de donner à ses images leur texture unique.
Un choix artistique assumé
La grande majorité des tirages présentés sont de petit format, généralement autour de 20x20 cm. Ce choix délibéré vise à créer une relation plus intime et personnelle entre l'œuvre et le spectateur, l'incitant à s'approcher et à s'immerger dans les détails subtils de chaque composition.
L'exposition « Constellations » a été conçue par la commissaire Sabine Troncin-Denis à partir d'une sélection de près de 4 000 œuvres. Le nom de l'exposition fait référence à la géographie des lieux qui ont marqué la carrière de l'artiste, comme Paris, Venise ou le Japon, mais aussi aux images qui ont particulièrement touché le public par leur charge émotionnelle.
Michael Kenna et son lien avec Nice
Une section spéciale de l'exposition est consacrée au passage de Michael Kenna à Nice en 1997. Invité dans le cadre du projet « 10 photographes et une ville », il avait exploré la capitale azuréenne, capturant son atmosphère unique de jour comme de nuit.
L'exposition présente cinq de ces clichés, dont quatre encadrés et un reproduit en grand format sur un mur. Ces images offrent un regard différent sur des lieux emblématiques de la ville.
« Je n’étais jamais venu ici auparavant, j’avais trouvé la ville très belle », se souvient le photographe. « Je me souviens aussi avoir été escorté par la police pour aller photographier le cimetière de la colline du Château, de nuit. J’aurais pu passer des jours et des jours à Nice, qui est très riche en sujets. »
Cette rétrospective offre ainsi une double occasion : celle de découvrir l'univers d'un maître de la photographie contemporaine et de redécouvrir Nice à travers son regard poétique et intemporel. Un documentaire sur son parcours, réalisé en 2018 par David Freydt, est également projeté en continu pour compléter la visite.





