La mairie de Nice a officiellement annoncé son intention de transformer la Gare du Sud en un grand centre culturel pluridisciplinaire. Le projet, dont l'ouverture est prévue pour fin janvier 2026, représente un investissement de 10 millions d'euros et vise à remplacer l'actuel concept de food court qui n'a pas rencontré le succès escompté.
Cette décision stratégique implique le rachat par la Ville du bail emphytéotique détenu par le groupe italien Iera. Le futur pôle culturel a pour ambition de devenir un lieu de vie et de création central pour les Niçois, en particulier dans le quartier dynamique de la Libération.
Les points essentiels
- La Gare du Sud à Nice sera transformée en centre culturel d'ici janvier 2026.
- Le budget alloué au projet est de 10 millions d'euros.
- La Ville de Nice va racheter le bail pour reprendre le contrôle du site.
- Le projet inclura une agora, une bibliothèque agrandie, une ludothèque et un Fablab.
- L'annonce suscite des réactions partagées et s'inscrit dans un contexte politique local.
Un nouveau chapitre pour un lieu emblématique
L'annonce a été faite par le maire de Nice, Christian Estrosi, confirmant une nouvelle orientation pour l'ancienne gare ferroviaire. Depuis 2019, l'immense hall abrite le food court Mediterraneo, mais le concept a peiné à attirer un public régulier. La fréquentation est restée faible en dehors d'événements spécifiques.
Un employé travaillant sur place confirme cette tendance. "Il n’y a jamais personne, à part quand il y a des événements en lien avec le cinéma", a-t-il confié. Ce constat est souvent partagé par les observateurs et les quelques habitués.
Même un samedi matin, alors que le marché de la Libération bat son plein à quelques mètres, l'intérieur de la Gare du Sud reste étonnamment calme. La vaste salle, conçue pour accueillir jusqu'à 800 personnes, est souvent quasi déserte, tout comme les espaces de loisirs situés à l'étage.
Des réactions mitigées dans le quartier
Les résidents et les visiteurs du quartier de la Libération expriment des avis partagés sur ce changement à venir. Zoé, une mère de famille de 40 ans, fréquente régulièrement le lieu avec sa fille pour les aires de jeux.
"Je viens régulièrement avec ma fille de 7 ans en matinée pour les jeux, elle adore ça. Mais c’est vrai qu’il y a rarement du monde... Je me suis toujours posé la question de savoir pourquoi la sauce ne prenait pas, parce que moi j’aime beaucoup le concept", explique-t-elle.
Pour d'autres, comme Catherine, 71 ans, utilisatrice de la bibliothèque Raoul-Mille déjà présente sur le site, l'idée d'un pôle culturel est bonne mais soulève des questions sur la stratégie globale de la Ville. "C’est une bonne idée bien sûr, mais il fallait peut-être réfléchir avant de détruire Acropolis...", remarque-t-elle, faisant référence à la démolition récente du palais des congrès de Nice.
L'histoire récente de la Gare du Sud
Inaugurée en 1892, la Gare du Sud a cessé son activité ferroviaire en 1991. Après des années d'abandon, le bâtiment historique a été entièrement rénové et a rouvert en 2019 en tant que halle gourmande. Malgré son architecture remarquable et son emplacement stratégique, le modèle économique du food court n'a pas réussi à s'imposer durablement.
Le détail du projet culturel
Le futur centre culturel est pensé pour être un lieu de vie dynamique et accessible à tous. Le projet s'articulera autour de plusieurs espaces distincts mais complémentaires, visant à favoriser la création, l'apprentissage et la rencontre.
Le cœur du bâtiment sera une agora centrale, un espace modulable capable d'accueillir des spectacles, des concerts, des conférences ou encore des projections. Cette polyvalence est conçue pour garantir une programmation riche et variée tout au long de l'année.
Un projet chiffré
- 10 millions d'euros : C'est le budget estimé pour la transformation complète du site.
- Janvier 2026 : La date d'ouverture prévisionnelle du nouveau centre culturel.
- 800 personnes : La capacité d'accueil maximale du hall principal.
Une offre culturelle diversifiée
Le projet prévoit d'enrichir l'offre culturelle existante. La bibliothèque municipale Raoul-Mille, déjà installée à l'étage, sera maintenue et agrandie. Elle sera complétée par de nouveaux services :
- Une BDthèque, dédiée à l'univers de la bande dessinée.
- Des espaces documentaires thématiques.
- Une ludothèque, pour le prêt de jeux et l'organisation d'animations.
- Un Fablab, un atelier de fabrication numérique ouvert à tous.
- Une artothèque, qui permettra d'emprunter des œuvres d'art.
- Un espace d'exposition permanent.
L'objectif est de créer un écosystème où différentes formes de culture peuvent coexister et dialoguer, attirant ainsi un public large et intergénérationnel.
Une annonce au cœur d'enjeux politiques
La transformation de la Gare du Sud n'est pas seulement un projet culturel, elle est aussi devenue un sujet politique. L'avenir du bâtiment a fait l'objet de plusieurs propositions, notamment de la part de l'opposition municipale.
En janvier dernier, le député Éric Ciotti, principal opposant de Christian Estrosi, avait suggéré d'y installer un théâtre. Suite à l'annonce de la mairie, il a rapidement réagi en réaffirmant sa propre vision pour le site.
"Lorsque les Niçois choisiront leur maire en mars prochain, je ferai de ce bâtiment un vrai centre culturel. J’y installerai le théâtre de Nice, aujourd’hui relégué sous un chapiteau aux Moulins. La Gare du Sud deviendra le pôle culturel de la ville", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
Cette prise de position place le projet au centre des débats pour les prochaines élections municipales, chaque camp défendant sa propre vision de la politique culturelle de la ville. Le projet de la municipalité actuelle doit encore être validé en conseil municipal avant la fin de l'année pour que les travaux puissent commencer et respecter l'échéance de 2026.