Au cœur du vieux village de Saint-Laurent-du-Var, l'église Saint-Laurent se dresse comme le plus ancien monument de la commune. Construite entre le XIe et le XIIe siècle, elle a été le témoin privilégié de près de mille ans d'histoire locale, des pèlerinages médiévaux aux fêtes populaires contemporaines, façonnant l'identité de la cité.
Points Clés
- L'église Saint-Laurent est le plus ancien bâtiment de Saint-Laurent-du-Var, datant des XIe et XIIe siècles.
- À l'origine, un hospice pour pèlerins était rattaché à l'église, offrant gîte et services de traversée du Var.
- L'édifice a connu de multiples transformations, notamment la destruction de son clocher roman en 1925.
- Des ossements découverts en 1991 confirment que l'église a servi de lieu de sépulture pour les habitants.
- Aujourd'hui, l'église reste un lieu central pour les traditions et les festivités locales.
Un berceau médiéval pour la commune
L'histoire de Saint-Laurent-du-Var est intrinsèquement liée à celle de son église. Le village s'est développé autour de ce lieu de culte et du fleuve Var, qui nourrissait les terres agricoles environnantes. Dès le Moyen Âge, la vie s'organisait autour de l'édifice roman et d'une structure d'accueil essentielle pour l'époque : un hospice.
L'hospice des voyageurs et pèlerins
Attenant à l'église, cet hospice jouait un rôle social et charitable majeur. Il était destiné à accueillir les pèlerins et les personnes démunies de passage. Sa gestion était assurée par les chanoines de l'ordre de Saint-Augustin, venus d'Italie.
Selon Laetitia Berthoin, responsable du service archives, documentation et patrimoine culturel de la ville, les archives attestent de l'existence de cette institution. « On a retrouvé trace de cet hospice attenant à l'église, destiné à accueillir pèlerins et pauvres de passage », explique-t-elle.
Les services fournis étaient remarquables pour l'époque. L'hospice entretenait trois chambres et deux lits, et mettait à disposition une barque gratuite pour permettre aux voyageurs de traverser le fleuve Var en toute sécurité.
Le rôle des hospices au Moyen Âge
Au Moyen Âge, les hospices étaient des établissements charitables, souvent gérés par des ordres religieux. Situés sur les routes de pèlerinage ou près de points de passage difficiles comme les fleuves, ils offraient un abri, de la nourriture et des soins aux voyageurs, aux malades et aux pauvres, jouant un rôle crucial dans le maillage social et spirituel de l'époque.
Convoitises et déclin de l'hospice
La richesse de l'hospice, accumulée grâce aux dons, a fini par susciter l'intérêt des évêques de Vence. En 1327, une décision du pape Jean XXII a marqué un tournant : l'institution fut fermée et ses importants revenus furent transférés aux Hospitaliers.
Par la suite, les guerres successives et les épidémies de peste ont achevé de ruiner l'établissement. Aujourd'hui, il ne subsiste de cet hospice qu'une voûte, témoignage discret d'une époque révolue où la charité était au cœur de la vie du village.
Les transformations architecturales d'un monument millénaire
L'église Saint-Laurent, bien que d'origine romane, a subi de nombreuses modifications au fil des siècles. Sa structure a évolué pour s'adapter aux besoins de la communauté et aux aléas de l'histoire.
Construite en pierre calcaire de Gattières, elle a conservé des éléments de sa période de construction. Une frise dentelée médiévale est encore visible, tout comme un mur doté d'une fenêtre géminée (à deux ouvertures), considéré comme la plus ancienne structure maçonnée du village.
Un lieu de sépulture historique
Le sol de l'église cachait autrefois le premier cimetière de la commune. Cette pratique était courante avant que les cimetières ne soient déplacés à l'extérieur des villages pour des raisons sanitaires.
« Les habitants qui pouvaient payer avaient le privilège d’être inhumés à l’intérieur de l’église », rappelle Laetitia Berthoin.
Cette pratique funéraire a été confirmée lors de travaux de rénovation en 1991. Des fouilles ont mis au jour des ossements humains sous le dallage, confirmant les récits historiques sur l'usage de l'église comme dernière demeure pour une partie de la population.
Le campanile provençal
Le clocher d'origine, de style roman lombard, a été détruit en 1925. Il a été remplacé par un campanile en fer forgé, une structure ouverte typique de la Provence, qui abrite les cloches. Ce changement architectural a modifié la silhouette du village tout en l'inscrivant dans une tradition régionale forte.
Trésors et symboles à l'intérieur de l'église
L'intérieur de l'édifice abrite plusieurs éléments d'intérêt patrimonial. On y trouve notamment un reliquaire en bois doré datant du XVIIe siècle. La tradition rapporte qu'il contiendrait un fragment du tibia de Saint-Benoît.
Un autre élément remarquable est le vitrail situé au fond de la nef. Il rend hommage à Saint-Laurent, le patron de la commune, martyrisé sur un gril, qui est souvent représenté avec cet instrument de son supplice.
Un cœur battant pour la vie locale
Au-delà de sa fonction religieuse et de sa valeur historique, l'église Saint-Laurent a toujours été un point de ralliement pour la communauté. Elle est le centre névralgique des traditions et des festivités qui rythment la vie du village.
La place Castillon, qui lui fait face, est le théâtre de nombreux événements populaires qui rassemblent les Laurentins de toutes les générations. Parmi ces traditions, on compte :
- La Soupe au pistou, un repas convivial et traditionnel.
- La Fête du Gueyeur, qui rend hommage aux anciens passeurs du Var.
- Les concours de pans-bagnats, célébrant une spécialité culinaire niçoise.
Ces moments de partage et de convivialité perpétuent le rôle social de l'église, qui a su traverser les âges en restant un lieu de vie et de rassemblement.
« L’église Saint-Laurent, c’est à la fois le plus ancien monument du village et un lieu toujours vivant », résume Laetitia Berthoin. Elle incarne un lien tangible entre le passé médiéval de la commune et ses traditions populaires bien vivantes, continuant d'animer le cœur historique de Saint-Laurent-du-Var.
