La réalisatrice et productrice tunisienne Selma Baccar est présente au festival Cinéalma à Carros pour la projection de son nouveau long-métrage, « La maison dorée ». Ce film, qui s'inscrit dans la continuité de son œuvre dédiée à la mémoire des femmes tunisiennes, explore les destins croisés de trois héroïnes dans la Tunisie post-révolutionnaire. La sortie en salles en France est prévue pour 2026.
Née en 1945, Selma Baccar est une figure majeure du cinéma tunisien, reconnue pour son engagement social et politique. Son travail a été récompensé par plusieurs distinctions, dont les insignes d’officier de l’ordre de la république tunisienne en 2015.
Points Clés
- La réalisatrice tunisienne Selma Baccar présente son film « La maison dorée » au festival Cinéalma à Carros.
- Le film suit le parcours de trois femmes issues de milieux différents dans la Tunisie après la Révolution.
- Il s'agit d'une suite thématique de son précédent film, « El Jaida », explorant la libération des femmes.
- Le cinéma de Selma Baccar est décrit comme un « acte militant » centré sur la mémoire sociale et politique.
- La sortie nationale du film dans les cinémas français est annoncée pour l'année 2026.
Un cinéma au service de la mémoire
Le travail de Selma Baccar a toujours été profondément ancré dans l'histoire de son pays, avec une attention particulière portée à la condition féminine. « J’ai toujours fait des films sur la mémoire tunisienne, et sur celle des femmes en particulier », explique la réalisatrice. Cette démarche est au cœur de son nouveau projet, « La maison dorée ».
Ce film prolonge une réflexion entamée avec son œuvre précédente, « El Jaida », qui se déroulait dans les années 1950. La séquence finale de ce film montrait la fille de l'héroïne, devenue députée à l’Assemblée Nationale Constituante après la Révolution de 2011. Selma Baccar souhaitait ainsi établir un lien direct entre le passé et le présent.
Elle souligne l'importance de montrer comment « une génération de femmes brimées par une société patriarcale a donné naissance à une lignée de femmes libres qui avaient leur mot à dire ». Pour elle, « La maison dorée » est l'aboutissement de ce parcours, un projet dans lequel elle a investi sa propre mémoire et son expérience personnelle.
Un engagement au-delà du cinéma
L'implication de Selma Baccar ne se limite pas au grand écran. Elle a été une actrice politique active, siégeant en tant que députée à l’Assemblée nationale Constituante pour le parti politique Al Massar. Cette expérience a nourri son œuvre, lui offrant une perspective unique sur les transformations de la société tunisienne.
Trois femmes, trois destins, un pays
« La maison dorée » raconte l'histoire de trois femmes dont les chemins se croisent. Bien qu'elles viennent de mondes très différents, leur amitié leur permettra de surmonter leurs épreuves respectives. L'amitié féminine est d'ailleurs un thème récurrent dans la filmographie de Baccar.
Les personnages incarnent différentes facettes de la société tunisienne contemporaine :
- Jalila : Elle vit avec la culpabilité d'avoir laissé son mari, un homme opportuniste, et l'argent prendre le dessus dans sa vie.
- Salwa : Elle représente les femmes marginalisées, qualifiées de « femmes légères » par la société. La réalisatrice exprime une « énorme compassion » pour ces figures souvent jugées.
- Marwa : Son personnage symbolise une tragédie post-révolutionnaire, celle des jeunes femmes « embobinées ou enlevées » et devenues esclaves sexuelles en Syrie ou en Libye.
À travers ces trois portraits, le film tisse une fresque où les destins individuels s'entremêlent avec celui de la Tunisie, reflétant les espoirs, les douleurs et les contradictions du pays.
Sortie française en 2026
Selma Baccar a confirmé que son film « La maison dorée » bénéficiera d'une sortie dans les salles de cinéma en France au cours de l'année 2026, permettant à un plus large public de découvrir cette œuvre importante.
Le cinéma comme acte militant
La participation de Selma Baccar au festival Cinéalma de Carros n'est pas anodine. Elle apprécie particulièrement cet événement pour sa dimension conviviale, qui favorise les échanges entre les cinéastes et le public. « Ce festival m’intéresse énormément, car sa dimension permet de la convivialité », confie-t-elle.
« J'ai participé à ce mouvement des films d’intervention sociale et politique. Avec cette idée que faire du cinéma, c’était un acte militant avant tout. »
Cette vision du septième art comme un outil d'engagement est une constante dans sa carrière. Prochainement, elle sera d'ailleurs mise à l'honneur en Tunisie lors du festival « Regards de femmes », une reconnaissance pour sa contribution significative au cinéma social et politique.
Informations pratiques sur la projection
La projection de « La maison dorée » de Selma Baccar a lieu ce samedi 11 octobre à 20 h 30 à la salle Juliette Greco de Carros. Le festival Cinéalma, dédié au cinéma méditerranéen, se poursuit jusqu'au 19 octobre. Le programme complet et les tarifs sont disponibles sur le site officiel du festival.