Un débat sur la protection animale oppose la municipalité de Nice à l'association PAZ. L'organisation critique plusieurs aspects de la politique municipale, notamment la gestion du Parc Phœnix, les méthodes de dératisation et l'utilisation de feux d'artifice. La Ville de Nice a répondu point par point à ces accusations, défendant ses actions et ses choix réglementaires.
Ce dialogue met en lumière les tensions croissantes entre les attentes des associations de défense des animaux et les contraintes opérationnelles et légales des collectivités locales. Le conflit s'étend au-delà de Nice, puisque PAZ prépare une charte d'engagement destinée aux candidats des 50 plus grandes villes de France pour les prochaines élections municipales.
Les points clés du débat
- Parc Phœnix : L'association PAZ demande la fermeture du parc zoologique et botanique de Nice et a sollicité des documents officiels sur son fonctionnement.
- Dératisation : PAZ propose des méthodes contraceptives non létales pour gérer la population de rats, une solution que la Ville juge inapplicable en raison de la réglementation européenne.
- Feux d'artifice : L'association dénonce l'impact écologique des feux d'artifice, tandis que la municipalité affirme utiliser des produits respectant des critères environnementaux stricts.
- Action politique : PAZ entend influencer les futures politiques locales en proposant une charte d'engagement sur le bien-être animal aux candidats des prochaines élections municipales.
Le Parc Phœnix, un point de friction majeur
La demande la plus radicale de l'association Paris Animaux Zoopolis (PAZ) concerne le Parc Phœnix. L'organisation milite pour sa fermeture définitive, considérant que la place des animaux sauvages n'est pas en captivité. Cette position s'inscrit dans un mouvement plus large de remise en question des parcs zoologiques en milieu urbain.
Pour étayer sa démarche, PAZ a entrepris des actions administratives afin d'obtenir des documents relatifs à la gestion et aux conditions de vie des animaux au sein de l'établissement. Cette initiative vise à évaluer la conformité des pratiques du parc avec la réglementation en vigueur et les standards de bien-être animal.
Qu'est-ce que le Parc Phœnix ?
Inauguré en 1990, le Parc Phœnix est un parc botanique et zoologique de 7 hectares situé à l'ouest de Nice. Il abrite l'une des plus grandes serres d'Europe et présente plus de 2 500 espèces de plantes et plusieurs centaines d'animaux. Il joue un rôle éducatif et touristique important pour la métropole niçoise.
La municipalité de Nice n'a pas encore communiqué en détail sur cette demande spécifique de fermeture, mais la défense de ses autres politiques montre une volonté de maintenir ses infrastructures tout en affirmant prendre en compte le bien-être animal.
La question controversée de la dératisation
Un autre sujet de désaccord important porte sur la gestion des populations de rats en ville. PAZ critique les méthodes létales traditionnellement utilisées et promeut des alternatives qu'elle juge plus éthiques.
Une alternative non létale proposée
Amandine Sanvisens, cofondatrice de PAZ, met en avant l'expérimentation de solutions contraceptives. « Pour la question des rats, nous souhaiterions que la Ville expérimente des méthodes non létales contraceptives », explique-t-elle. Elle cite en exemple un produit spécifique qui a été testé avec succès dans des villes comme New York pour réguler les naissances sans tuer les animaux.
Cette approche, selon l'association, permettrait une gestion à long terme des populations de rongeurs tout en évitant la souffrance animale liée aux poisons et aux pièges.
La réponse réglementaire de la Ville
Face à cette proposition, la municipalité de Nice oppose une fin de non-recevoir, fondée sur des arguments légaux. Richard Chemla, adjoint au maire délégué à la Protection animale, apporte des précisions techniques sur le sujet.
« Le produit ne possède pas d’autorisation de mise sur le marché en Europe. Le service de la lutte anti-vectorielle ne pourra ni les acquérir, ni les utiliser », déclare Richard Chemla.
Cette réponse souligne une contrainte majeure pour les collectivités françaises : l'obligation de se conformer aux réglementations européennes en matière de produits biocides. Tant que le produit contraceptif ne sera pas homologué au niveau de l'Union européenne, son utilisation reste impossible sur le territoire national.
L'impact environnemental des feux d'artifice
Le troisième point de crispation concerne une tradition festive populaire : les feux d'artifice. PAZ se mobilise pour faire cesser leur usage, alertant sur leurs conséquences néfastes pour la faune sauvage.
Selon Amandine Sanvisens, les détonations et les résidus chimiques ont « un impact désastreux sur les oiseaux et les poissons ». Le bruit panique les oiseaux, provoquant des abandons de nids ou des collisions mortelles, tandis que les particules retombent dans les plans d'eau, polluant l'habitat aquatique.
Des critères environnementaux stricts à Nice
En réponse à ces préoccupations, la Ville de Nice affirme avoir déjà intégré des exigences environnementales dans ses cahiers des charges pour les spectacles pyrotechniques. Richard Chemla détaille les mesures mises en place :
- 0 % d'aluminium et 0 % de métaux lourds dans la composition des produits.
- Utilisation de bombes en carton pour garantir zéro plastique.
- Exigence de déchets entièrement biodégradables issus des bombes.
- Obligation contractuelle pour le prestataire d'assurer le nettoyage complet du plan d'eau après chaque tir.
Avec ces mesures, la municipalité estime concilier la tenue d'événements populaires et la protection de l'environnement, une position que les associations jugent encore insuffisante.
Une charte pour peser sur les élections municipales
Au-delà de ses actions ciblées à Nice, PAZ cherche à avoir un impact politique à l'échelle nationale. L'association prépare activement les prochaines élections municipales en élaborant une charte d'engagements pour la cause animale.
Un engagement demandé aux futurs maires
Cette charte sera proposée à la signature de tous les candidats au poste de maire dans les cinquante plus grandes villes de France. L'objectif est clair : faire du bien-être animal un enjeu central des programmes politiques locaux et obtenir des engagements concrets de la part des futurs élus.
Les thèmes abordés dans la charte devraient reprendre les principaux combats de l'association, tels que la gestion des animaux liminaires (pigeons, rats), la fin des animaux dans les cirques, la promotion de l'alimentation végétale dans la restauration collective et une meilleure prise en charge des animaux errants.
Cette stratégie vise à créer un standard national en matière de politique animale municipale et à permettre aux électeurs de comparer les candidats sur la base de leurs promesses en faveur des animaux. Le débat entre PAZ et la Ville de Nice pourrait ainsi préfigurer les discussions qui animeront de nombreuses campagnes électorales à travers le pays.