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Nice : Des places de parking privatisées à Cimiez divisent le voisinage

À Nice, la privatisation de places de parking par des copropriétés dans le quartier de Cimiez provoque de vives tensions entre voisins et soulève des questions juridiques.

Amélie Dubois
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Amélie Dubois

Journaliste spécialisée dans les questions de société, d'urbanisme et de vie locale sur la Côte d'Azur. Amélie Dubois enquête sur les problématiques qui touchent directement les citoyens, de l'immobilier aux services publics.

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Nice : Des places de parking privatisées à Cimiez divisent le voisinage

Dans le quartier résidentiel de Cimiez à Nice, une initiative de plusieurs copropriétés visant à privatiser des places de stationnement sur des voies privées ouvertes à la circulation a déclenché de vives tensions. Depuis le printemps 2025, des marquages au sol et des panneaux interdisant le stationnement aux non-résidents se sont multipliés, réduisant l'offre de places pour le grand public et provoquant un conflit entre voisins.

La situation a atteint un point critique, nécessitant l'intervention de la municipalité pour arbitrer le différend. Une réunion organisée le 26 septembre 2025 a mis en lumière la fracture entre les résidents bénéficiant de ces places réservées et ceux qui subissent une pression accrue pour se garer.

Points Clés

  • Des copropriétés du quartier Cimiez à Nice ont réservé des places de stationnement pour leurs résidents.
  • Cette privatisation a lieu sur des voies privées mais ouvertes à la circulation publique.
  • La mesure a provoqué des tensions importantes entre les habitants du quartier.
  • La municipalité a confirmé la légalité de la démarche tout en cherchant à apaiser la situation.
  • Une consultation sur l'instauration du stationnement payant est envisagée comme solution potentielle.

Un quartier sous tension à cause du stationnement

Le problème est visible dans plusieurs rues de Cimiez, notamment sur l'avenue d’Alsace. Des panneaux portant la mention « Parking privé – Défense de stationner » accompagnés du nom d’une résidence ont fleuri sur les murs. Au sol, des marquages délimitent clairement des emplacements désormais inaccessibles au public.

Pour de nombreux habitants, cette situation est devenue une source de frustration quotidienne. La recherche d'une place, déjà compliquée dans ce secteur dense, s'est transformée en un véritable casse-tête. Cette privatisation de fait d'un espace perçu comme public a rapidement dégradé l'ambiance dans le quartier.

« L'atmosphère est devenue électrique », confie une résidente. « Voir ces places privées rester vides une bonne partie de la journée alors que nous tournons pendant des dizaines de minutes est très agaçant. Cela crée un sentiment d'injustice. »

La légalité de la démarche confirmée par la mairie

Face à la montée des crispations, une réunion publique a été organisée le vendredi 26 septembre 2025 en présence de deux élus de la ville de Nice : Gaël Nofri, adjoint délégué à la Circulation, et Franck Martin, adjoint délégué au Territoire. L'objectif était de clarifier la situation et de trouver une issue au conflit.

Dès le début des échanges, les positions se sont révélées irréconciliables. D'un côté, des habitants excédés dénonçaient une « privatisation scandaleuse » de l'espace. De l'autre, les copropriétaires concernés défendaient leur droit, arguant qu'ils ne disposaient même pas d'assez de places pour tous leurs résidents.

Voie privée ouverte à la circulation : quel statut ?

Une voie privée ouverte à la circulation publique est une route qui appartient à des propriétaires privés (souvent une copropriété) mais sur laquelle le passage du public est autorisé. Le Code de la route s'y applique, mais les propriétaires conservent certains droits, notamment celui d'organiser le stationnement sur leur propriété, tant que cela n'entrave pas la circulation.

Gaël Nofri a apporté des précisions juridiques importantes pour calmer les esprits. Il a expliqué que la démarche des copropriétés était légale.

« Ces voies privées sont ouvertes à la circulation et ce statut n’ôte pas le droit des copropriétaires de se réserver du stationnement. Ils auraient même le droit de les fermer complètement », a-t-il détaillé.

L'élu a toutefois précisé qu'il ne souhaitait pas une fermeture totale de ces rues, car « cela engendrerait d’importantes difficultés de circulation dans l’ensemble du quartier ».

Quelles solutions pour apaiser les tensions ?

La confirmation de la légalité de la privatisation a laissé de nombreux résidents déçus. L'un d'eux a alors évoqué une solution alternative : l'instauration du stationnement payant dans le quartier, une mesure qui permettrait de réguler l'occupation des places et de garantir une meilleure rotation des véhicules.

La piste du stationnement payant

Cette proposition n'a pas fait l'unanimité, mais l'adjoint au maire a confirmé qu'elle pouvait être étudiée. « La Ville peut mener une concertation comme cela a été fait dans d’autres quartiers pour recueillir l’avis des habitants », a expliqué Gaël Nofri. Il a cependant tenu à avertir les résidents des conséquences potentielles :

  • Consultation nécessaire : La mise en place ne se ferait qu'après un vote majoritaire des habitants concernés.
  • Perte de places : L'application des normes réglementaires pour le stationnement payant (marquage, dimensions) entraînerait inévitablement une réduction du nombre total de places disponibles.

Intervention de la fourrière : des règles précises

Une autre question soulevée par les habitants concernait l'enlèvement des véhicules. Gaël Nofri a clarifié que la police municipale et la fourrière peuvent intervenir sur ces voies privées ouvertes à la circulation, au même titre que sur la voie publique. Cependant, l'intervention est conditionnée : elle n'est possible que si un véhicule est considéré comme gênant pour la circulation ou dangereux. Les services de secours, quant à eux, conservent un accès libre et permanent à toutes ces rues.

Un dialogue à poursuivre

La réunion n'a pas permis de résoudre le conflit, mais elle a eu le mérite de poser les bases d'un dialogue. Les résidents sont désormais mieux informés du cadre légal et des options qui s'offrent à eux. La municipalité s'est engagée à étudier la possibilité d'une consultation sur le stationnement payant, qui pourrait être la prochaine étape pour tenter de ramener la sérénité dans le quartier de Cimiez.

En attendant, la cohabitation entre les automobilistes en quête d'une place et les résidents bénéficiant d'emplacements réservés reste un défi quotidien, illustrant les difficultés de la gestion du stationnement dans les zones urbaines denses.