Le marché immobilier de la Côte d'Azur présente un tableau complexe, marqué par une timide reprise des ventes dans l'ancien mais assombri par de vives inquiétudes concernant la construction neuve et le marché locatif. Le dernier rapport de l'Observatoire Immobilier d'Habitat, dévoilé par la CCI Nice Côte d'Azur, met en lumière une dynamique à plusieurs vitesses qui impacte l'ensemble de l'économie locale.
Alors que les transactions de logements existants augmentent légèrement, la chute drastique des permis de construire et la pression sur les loyers créent des défis majeurs pour les résidents et les entreprises du territoire.
Les points essentiels
- Les ventes d'appartements anciens ont progressé de 5,2 % sur un an, avec un prix médian stable.
- Le secteur du neuf est en difficulté, avec une chute de 22 % des permis de construire accordés.
- Le marché locatif subit une forte tension en raison d'un déséquilibre entre une offre faible et une demande croissante.
- L'accès au logement reste difficile pour les actifs et les primo-accédants, freinant l'attractivité économique de la région.
Une embellie fragile dans l'immobilier ancien
Le secteur des logements existants sur la Côte d'Azur montre des signes encourageants, bien que mesurés. Selon les données couvrant la période de juin 2024 à juin 2025, le volume des transactions a enregistré une hausse notable.
Les ventes d'appartements anciens ont augmenté de 5,2 %. Le prix médian, quant à lui, s'est stabilisé autour de 4 750 euros par mètre carré, un chiffre qui témoigne de la solidité de la demande sur ce segment.
Les maisons anciennes suivent une tendance similaire, avec une activité en progression de 2,3 %. Le prix de vente médian pour une maison dans la région s'établit désormais à 540 000 euros. Cette légère croissance redonne un peu d'air à un marché qui avait connu plusieurs années de ralentissement.
Un marché toujours sélectif
Malgré cette reprise, l'accès à la propriété demeure un défi pour une large partie de la population locale. Le rapport de la CCI souligne que le marché reste principalement animé par des acheteurs disposant d'un budget conséquent.
Ce sont majoritairement les retraités, la clientèle internationale et les ménages bénéficiant d'un apport personnel important qui concrétisent leurs projets. Pour les actifs et les primo-accédants des Alpes-Maritimes, les prix élevés constituent encore un obstacle majeur, rendant le "rêve immobilier azuréen" difficilement accessible.
Le logement neuf face à une crise profonde
Si l'ancien affiche une légère reprise, la situation du logement neuf est bien plus préoccupante. Bien que les ventes aient augmenté de 20 % par rapport à 2024, ce chiffre doit être interprété avec prudence. Il s'agit davantage d'un effet de rattrapage que d'une véritable reprise durable.
En effet, cette hausse est largement tirée par les ventes en bloc à des investisseurs institutionnels. Les ventes au détail, destinées aux particuliers, n'ont progressé que de 10 %. Le prix moyen d'un logement neuf reste très élevé, se situant aux alentours de 6 700 euros le mètre carré.
L'alerte sur les permis de construire
L'indicateur le plus alarmant pour les professionnels du secteur est la chute spectaculaire du nombre de permis de construire. En l'espace d'un an, le département des Alpes-Maritimes a enregistré une baisse de 22 % des autorisations. Cette tendance lourde fait craindre une pénurie de logements neufs dans les années à venir.
La Chambre de Commerce et d'Industrie Nice Côte d'Azur tire la sonnette d'alarme. Ce recul menace directement l'ensemble de l'écosystème du bâtiment, depuis les promoteurs jusqu'aux artisans, et pourrait avoir de graves conséquences sur l'emploi local.
Un marché locatif sous haute tension
Les difficultés d'accès au logement sur la Côte d'Azur ne se limitent pas à l'achat. Le marché de la location est lui aussi confronté à un déséquilibre structurel entre l'offre et la demande. Trouver un appartement à louer est devenu un véritable parcours du combattant pour de nombreux ménages.
Le déséquilibre offre-demande
La demande de logements locatifs ne cesse de croître, particulièrement dans les grandes agglomérations comme Nice, Cannes ou encore Antibes. Parallèlement, l'offre de biens disponibles à la location est très insuffisante pour répondre à ce besoin. Ce déséquilibre chronique alimente une forte tension sur les prix.
La conséquence directe est une augmentation des loyers souvent plus rapide que celle des revenus des ménages. Cette situation fragilise non seulement les locataires mais aussi le tissu économique local.
Le logement n'est pas seulement un sujet social, c'est aussi un enjeu économique majeur pour l'attractivité de notre territoire.
Cette déclaration de la CCI Nice Côte d'Azur rappelle que la crise du logement a des répercussions bien au-delà de la sphère privée. Elle complique la mobilité des salariés et représente un frein au recrutement pour de nombreuses entreprises de la région, qui peinent à attirer des talents ne parvenant pas à se loger à un coût raisonnable.
Quelles perspectives pour l'immobilier azuréen ?
Le marché immobilier de la Côte d'Azur se trouve à la croisée des chemins. La légère reprise dans l'ancien offre une bouffée d'oxygène, mais elle ne doit pas masquer les problèmes structurels qui persistent.
La crise de la construction neuve, si elle n'est pas endiguée, risque d'aggraver la pénurie de logements et de maintenir une pression sur les prix à long terme. De même, la tension sur le marché locatif nécessite des réponses politiques fortes pour permettre aux actifs de continuer à vivre et travailler dans la région.
Les acteurs économiques, menés par la CCI, appellent à une prise de conscience collective pour que le logement redevienne un moteur de développement et non un frein à l'attractivité de la Côte d'Azur.