Face à la flambée des prix de l'immobilier à Nice, la métropole a lancé un nouveau dispositif pour permettre aux familles de la classe moyenne d'accéder à la propriété. Appelé Bail Réel Solidaire (BRS), ce mécanisme dissocie l'achat des murs de la location du terrain, réduisant ainsi considérablement le coût d'acquisition. Les huit premiers logements de ce type ont été livrés fin septembre 2025.
Cette initiative, portée par le bailleur social Côte d’Azur Habitat, vise à retenir les actifs et les familles qui sont souvent contraints de quitter la ville en raison de prix inaccessibles. Le président de Côte d'Azur Habitat, Anthony Borré, explique les objectifs et le fonctionnement de ce programme qui pourrait changer la donne pour de nombreux ménages.
Points Clés
- Le Bail Réel Solidaire (BRS) permet d'acheter un logement sans acheter le terrain, ce qui réduit le prix.
- Les huit premiers logements BRS ont été livrés à Nice en septembre 2025.
- Le dispositif cible les ménages qui gagnent trop pour le logement social mais pas assez pour le marché privé.
- La Métropole prévoit la construction de 84 logements BRS d'ici 2030, dont 71 à Nice.
Comprendre le Bail Réel Solidaire
Le Bail Réel Solidaire est un outil juridique innovant conçu pour faciliter l'accession à la propriété. Son principe est simple mais efficace : l'acheteur devient propriétaire de son appartement ou de sa maison, mais le terrain sur lequel le bien est construit reste la propriété d'un Organisme de Foncier Solidaire (OFS). L'acquéreur signe alors un bail de longue durée pour l'usage du terrain, en échange d'une redevance mensuelle modeste.
Cette dissociation entre le bâti et le foncier permet de neutraliser la spéculation sur le prix du terrain, qui représente souvent une part importante du coût total d'un bien immobilier, particulièrement dans des zones tendues comme la Côte d'Azur.
Un Cadre National Appliqué Localement
Le dispositif du Bail Réel Solidaire a été instauré en France par la loi ALUR de 2014 et consolidé en 2017. Il a pour but de créer une offre de logements abordables de manière pérenne, en soustrayant les terrains au marché spéculatif. À Nice, c'est Côte d’Azur Habitat qui joue le rôle d'opérateur pour déployer cette solution.
Grâce à ce montage, le prix d'achat peut être réduit de 25 % à 40 % par rapport à un bien équivalent sur le marché classique. Cela ouvre la porte de la propriété à des ménages qui en étaient jusqu'alors exclus.
Une Réponse à la Crise du Logement Niçois
Nice est l'une des villes les plus chères de France, rendant le parcours résidentiel extrêmement difficile pour une grande partie de la population. Anthony Borré, président de Côte d’Azur Habitat, souligne l'urgence de la situation.
« À Nice, se loger est devenu extrêmement compliqué. C’est l’une des villes où le foncier est le plus cher en France. Cela est inaccessible pour la majorité des familles, même quand elles ont un emploi stable. »
Le marché locatif n'offre pas plus de solutions, avec une offre limitée et des loyers très élevés. De nombreux Niçois se retrouvent ainsi dans une situation paradoxale : leurs revenus sont trop élevés pour prétendre à un logement social, mais insuffisants pour acheter ou louer dans le secteur privé.
Le BRS a été spécifiquement pensé pour ce public. « Le Bail Réel Solidaire a justement été créé pour eux », affirme Anthony Borré. L'objectif principal est de permettre aux familles de rester vivre et travailler dans leur ville, préservant ainsi la mixité sociale et le dynamisme local.
Maintenir les familles sur le territoire
Pour le président de Côte d'Azur Habitat, l'enjeu dépasse la simple construction de logements. Il s'agit d'une politique sociale visant à stabiliser la population locale.
« Ce n’est pas une question de quotas ou de chiffres mais c’est une manière très concrète de garder les familles dans leur ville, de préserver la mixité sociale et de leur offrir la sécurité de devenir propriétaires. »
Cette approche cherche à contrer l'exode des classes moyennes vers des communes plus éloignées et moins chères, un phénomène qui fragilise le tissu économique et social des grandes métropoles.
Les Critères pour Accéder au BRS
L'accès au Bail Réel Solidaire est encadré par des conditions précises afin de garantir qu'il bénéficie bien aux ménages auxquels il est destiné. Ces critères sont fixés par la législation nationale.
- Plafonds de ressources : Les revenus du ménage ne doivent pas dépasser un certain seuil, qui varie en fonction de la composition du foyer et de la zone géographique.
- Résidence principale : Le logement acquis en BRS doit obligatoirement être occupé en tant que résidence principale par l'acheteur.
À Nice, une attention particulière est portée aux candidats déjà implantés localement. « Mon souhait est que ce dispositif profite en priorité à des ménages qui vivent et travaillent déjà ici, des Niçois qui sont attachés à leur ville, mais en danger de devoir la quitter », précise Anthony Borré.
Ce critère de priorité vise à renforcer l'utilité sociale du dispositif en répondant directement aux besoins des habitants de la métropole.
Un Déploiement Ambitieux sur la Côte d'Azur
Le lancement du programme « Villa Candide » en septembre 2025, avec ses huit premiers logements BRS, n'est qu'un début. Côte d’Azur Habitat a un plan de développement clair pour les années à venir.
Objectif 2030
D'ici 2030, le bailleur social prévoit de livrer un total de 84 logements en Bail Réel Solidaire sur le territoire métropolitain. La grande majorité de ces logements sera concentrée à Nice, mais d'autres communes sont également concernées.
La répartition prévue des futurs logements est la suivante :
- Nice : 71 logements
- Mougins : plusieurs unités prévues
- La Gaude : un programme en développement
- Menton : inclusion dans les futurs projets
Pour l'instant, le développement se concentre principalement sur les programmes de construction neuve. Cependant, Anthony Borré indique que d'autres pistes sont à l'étude pour diversifier l'offre. Il mentionne notamment des dispositifs comme la surélévation d'immeubles existants pour créer de nouveaux logements.
L'objectif final est de multiplier les solutions pour répondre à une demande forte et persistante. « Sur la Côte d’Azur, chaque logement compte : c’est une condition essentielle pour répondre à la difficulté structurelle de produire du logement sur notre territoire », conclut-il.