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Frontière franco-italienne : la pression migratoire s'intensifie

La frontière franco-italienne près de Menton fait face à une nouvelle hausse des passages clandestins, avec près de 10 400 interceptions depuis janvier.

Victor Lambert
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Victor Lambert

Journaliste spécialisé dans les questions de sécurité intérieure, les politiques migratoires et leur impact sur les dynamiques locales. Victor Lambert enquête sur les zones de tension et analyse les stratégies mises en place par les autorités.

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Frontière franco-italienne : la pression migratoire s'intensifie

La frontière franco-italienne, particulièrement au point de passage de Menton, connaît une nouvelle augmentation des tentatives de traversées clandestines. Depuis le début de l'année, près de 10 400 personnes ont été interceptées, ravivant les inquiétudes des autorités qui craignent une nouvelle vague cet automne.

Face à cette situation, les forces de l'ordre ont renforcé leur présence et leurs opérations de contrôle. Parallèlement, le préfet des Alpes-Maritimes établit un lien entre cette immigration irrégulière et une hausse de la délinquance dans certains quartiers de Nice, où des individus sans-papiers seraient recrutés par des réseaux de trafiquants.

Les points clés de la situation

  • Près de 10 400 interceptions de migrants ont été réalisées à la frontière franco-italienne depuis janvier 2024.
  • Les expulsions d'étrangers en situation irrégulière ont augmenté de 30 % par rapport à l'année précédente.
  • Un dispositif de sécurité de 250 à 300 agents est déployé quotidiennement pour surveiller la zone frontalière.
  • Les autorités notent un lien entre l'immigration clandestine et les réseaux de trafic de drogue à Nice.

Une pression croissante à la frontière de Menton

La situation à la frontière entre Vintimille en Italie et Menton en France reste un sujet de préoccupation majeur pour les services de l'État. Bien que le pic de 44 000 arrestations enregistré en 2023 ne soit pas encore atteint, les chiffres de 2024 montrent une tendance à la hausse après plusieurs mois de baisse.

Les interceptions se multiplient, avec une moyenne de 200 à 300 personnes stoppées chaque semaine. Certains jours, ce chiffre peut dépasser les 80 interpellations quotidiennes, ce qui témoigne d'une dynamique en pleine accélération.

Contexte de la crise migratoire de 2023

L'année 2023 a été marquée par une pression migratoire record à cette frontière. Cette crise a conduit les autorités françaises à revoir et à intensifier leur dispositif de surveillance, menant à la création d'une force dédiée au contrôle frontalier pour mieux gérer les flux et lutter contre les réseaux de passeurs.

Laurent Hottiaux, le préfet des Alpes-Maritimes, a récemment exprimé son inquiétude dans les colonnes du Figaro. Il anticipe une possible nouvelle augmentation des passages clandestins à l'approche de l'automne. Selon les projections actuelles, le nombre total d'interceptions pourrait atteindre environ 15 000 d'ici la fin de l'année 2024.

Un dispositif de sécurité renforcé et des résultats concrets

Pour faire face à cette situation, une force spéciale, souvent appelée "border force", a été mise en place. Ce dispositif mobilise quotidiennement entre 250 et 300 agents issus de différentes unités pour assurer une surveillance continue.

Les forces impliquées dans cette mission comprennent :

  • Des agents de la police aux frontières (PAF)
  • Des gendarmes mobiles
  • Des douaniers
  • Des militaires de l'opération Sentinelle

Leur mission est de quadriller un large périmètre, incluant les axes autoroutiers, la voie ferrée, mais aussi les sentiers de montagne plus difficiles d'accès, souvent utilisés par les migrants pour éviter les contrôles principaux.

Lutte contre les réseaux de passeurs

La pression exercée par les forces de l'ordre a également permis de démanteler des filières. Depuis le début de l'année, 213 passeurs présumés ont été arrêtés dans la région, une action clé pour perturber l'organisation des traversées illégales.

Ce renforcement de la surveillance vise à maintenir une pression constante pour dissuader les passages et identifier les personnes en situation irrégulière dès leur arrivée sur le territoire français.

Accélération des expulsions et profils des personnes éloignées

En parallèle des contrôles à la frontière, les autorités ont intensifié les procédures d'éloignement du territoire. Depuis le mois de janvier, 434 étrangers en situation irrégulière ont été expulsés, ce qui représente une augmentation de 30 % par rapport à la même période l'année dernière.

L'objectif fixé par la préfecture est d'atteindre 600 renvois d'ici la fin de l'année. Les autorités soulignent que certains des individus expulsés présentaient des profils particulièrement préoccupants pour l'ordre public.

Répartition des profils des personnes expulsées :

  • 238 individus étaient connus pour des troubles à l'ordre public.
  • 158 personnes sortaient de prison après avoir purgé une peine.
  • 12 individus faisaient l'objet d'une fiche S pour radicalisation.

Ces chiffres illustrent la volonté des services de l'État de cibler en priorité les étrangers en situation irrégulière représentant une menace potentielle pour la sécurité publique.

Le lien entre immigration clandestine et délinquance à Nice

Le préfet Laurent Hottiaux a également mis en lumière une corrélation directe entre l'immigration clandestine et certaines formes de délinquance, notamment dans la ville de Nice.

Selon le représentant de l'État, les personnes en situation irrégulière constituent une main-d'œuvre vulnérable et facilement exploitable pour les réseaux criminels, en particulier pour le trafic de stupéfiants.

Le cas du quartier des Moulins, à l'ouest de Nice, est particulièrement cité. Dans ce secteur connu pour être une plaque tournante du trafic de drogue, près de la moitié des faits de délinquance signalés seraient liés à des étrangers sans-papiers, selon les informations communiquées par la préfecture.

Ces individus, souvent sans ressources ni attaches, sont recrutés pour des tâches subalternes comme la surveillance des points de vente ("choufs") ou la vente directe de drogue, les exposant à un cycle de précarité et de criminalité.