Une soirée s'est transformée en cauchemar pour des dizaines d'automobilistes à Saint-Laurent-du-Var. Le samedi 27 septembre, pas moins de 41 véhicules ont été enlevés et transportés à la fourrière de Cagnes-sur-Mer. Ces voitures étaient stationnées sur le parcours d'une course à pied, les Boucles laurentines, prévue le lendemain matin. L'incident a provoqué une vive polémique, opposant la version des automobilistes pénalisés à celle de la municipalité.
Alors que la mairie assure avoir respecté toutes les procédures de signalisation, plusieurs conducteurs, dont une témoin qui a contacté la presse, affirment que les indications étaient trompeuses ou inexistantes. Cet événement soulève des questions sur la communication lors des manifestations publiques et sur la responsabilité des organisateurs.
Points Clés
- 41 voitures ont été mises en fourrière le samedi 27 septembre au soir à Saint-Laurent-du-Var.
- Les véhicules étaient garés sur le parcours de la course des Boucles laurentines, qui se tenait le lendemain.
- Des automobilistes contestent la clarté de la signalisation interdisant le stationnement.
- La mairie défend la procédure, affirmant que des panneaux avaient été installés 48 heures à l'avance.
Une soirée inattendue pour des dizaines d'automobilistes
Le samedi 27 septembre, l'avenue France d’Outremer à Saint-Laurent-du-Var était un lieu de stationnement comme un autre pour de nombreux résidents et visiteurs. Pourtant, en quelques heures, le paysage a radicalement changé. Au total, 41 véhicules ont été enlevés par les services de la fourrière.
Parmi les personnes concernées, Katia Khelef-Mary, une Niçoise venue dîner au restaurant avec sa mère de 83 ans. Elle raconte s'être garée vers 20h15. « J'ai bien vu un panneau, mais il indiquait seulement que la route serait fermée à la circulation le lendemain à partir de 6 heures du matin », explique-t-elle. Rien, selon elle, ne mentionnait une interdiction de stationnement dès le soir même.
À leur retour vers 23h15, la surprise fut totale : leur voiture avait disparu, comme toutes celles qui étaient garées à proximité. Elles apprendront plus tard que leur véhicule se trouve à la fourrière de Cagnes-sur-Mer. La cause de cet enlèvement massif est l'organisation des Boucles laurentines, une course à pied populaire dont le départ était prévu le dimanche matin.
Les conséquences d'un stationnement problématique
Pour Katia et sa mère, les ennuis ne faisaient que commencer. L'heure tardive rendait impossible la récupération immédiate de la voiture. Or, les clés de son appartement se trouvaient à l'intérieur du véhicule. Contrainte de payer une course en VTC, elle a dû trouver refuge chez des amis pour la nuit.
« C'est inadmissible. Ma mère de 83 ans était au bord du malaise », s'indigne Katia Khelef-Mary.
Elle n'est pas la seule à avoir vécu cette mésaventure. Bien qu'elle soit la seule à avoir contacté les médias, les 40 autres propriétaires ont dû se rendre au commissariat de Saint-Laurent-du-Var pour régler l'amende et entamer les démarches pour récupérer leur bien. « Si j’avais été la seule, j’aurais payé l’amende et je n’aurais rien dit. Mais nous ne sommes pas 40 débiles », martèle-t-elle, persuadée que l'erreur ne vient pas des automobilistes.
Deux versions qui s'opposent radicalement
Face à la colère des usagers, la mairie de Saint-Laurent-du-Var se défend de toute négligence. Les services municipaux confirment le nombre de 41 enlèvements, mais contestent fermement toute irrégularité dans la procédure.
Réglementation des événements sur la voie publique
L'organisation d'une manifestation sportive comme une course à pied sur la voie publique nécessite la prise d'un arrêté municipal. Ce document officiel définit les restrictions de circulation et de stationnement. La loi impose que la signalisation correspondante soit mise en place dans un délai raisonnable avant l'événement, généralement 48 à 72 heures, pour informer correctement les usagers.
Selon la municipalité, la communication a été effectuée dans les règles. « L’interdiction de stationnement a été signalée 48 heures avant », précise un porte-parole. L'arrêté municipal en question, daté du 10 septembre, interdisait formellement le stationnement du samedi 27 septembre à 20 heures jusqu'au dimanche 28 septembre à 15 heures.
Une signalisation jugée suffisante par la mairie
Pour assurer une information large, la mairie affirme avoir déployé d'importants moyens. Une trentaine de panneaux aurait été installée le long du parcours de dix kilomètres. La municipalité compare la situation à celle de l'Ironman, un événement d'envergure internationale pour lequel le même dispositif est utilisé et où « seules deux voitures sont parties à la fourrière » lors de la dernière édition.
Le cabinet du maire ajoute un détail troublant : « Quand nous avons vu que les gens enlevaient les barrières pour se garer, nous avons positionné quatre policiers municipaux sur l’avenue Gerbault ». Cette affirmation suggère que certains automobilistes auraient délibérément ignoré les interdictions.
Coût moyen d'une mise en fourrière
En France, le coût d'une mise en fourrière varie selon la commune. Il inclut généralement plusieurs frais :
- L'immobilisation matérielle (environ 7,60 €)
- Les opérations préalables (environ 15,20 €)
- L'enlèvement du véhicule (environ 121,27 €)
- Les frais de garde journalière (environ 6,42 €)
- L'expertise si le véhicule n'est pas récupéré rapidement (environ 61 €)
Cette version est catégoriquement démentie par Katia Khelef-Mary. « Il n’y avait ni barrière, ni rubalise. Nous ne nous serions pas garées là sinon », rétorque-t-elle. Le témoignage d'un policier rapporté par la plaignante semble aller dans son sens : « Un policier a même dit que c’est la première fois de sa carrière qu’il voit ça », confie-t-elle, en référence au nombre élevé de véhicules enlevés simultanément.
Un casse-tête pour déterminer les responsabilités
La situation laisse place à de nombreuses interrogations. Comment expliquer un tel écart entre le nombre de véhicules remorqués lors de cet événement et celui d'autres manifestations similaires ? La signalisation était-elle vraiment claire et visible pour tous ?
Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette situation :
- Une signalisation ambiguë : Les panneaux mentionnaient-ils clairement une interdiction de stationner dès 20h, ou seulement une interdiction de circuler le lendemain ?
- Un manque de visibilité : Les panneaux étaient-ils bien éclairés et positionnés à des endroits stratégiques ?
- Un comportement inhabituel : La mairie évoque des barrières déplacées. Si cela est avéré, cela pourrait indiquer une volonté de certains de contourner les règles.
Il reste difficile de trancher entre la parole des automobilistes, qui se sentent victimes d'une injustice, et celle de la municipalité, qui assure avoir agi en toute légalité. Quoi qu'il en soit, cette soirée a coûté cher à 41 familles, tant sur le plan financier que sur le plan du stress et de l'organisation. L'affaire met en lumière l'importance cruciale d'une communication irréprochable lors de la privatisation temporaire de l'espace public.