À la cour d'assises du Var, une femme de 42 ans, dont le corps est brûlé sur 30 %, a livré un récit bouleversant de l'agression qui a changé sa vie. Son ex-mari, Nabil Raouafi, jugé en appel pour tentative de meurtre, continue de nier les faits survenus en août 2021 à Nice.
Le silence s'est fait dans la salle d'audience lorsque Hanane s'est avancée à la barre ce mardi. Voile sur la tête pour dissimuler ses cheveux perdus et ses oreilles brûlées, la main gauche gantée, elle a fait face à l'homme qu'elle accuse de l'avoir transformée en torche humaine. « Je suis une morte-vivante », a-t-elle déclaré, la voix brisée par l'émotion.
Les points clés de l'affaire
- Nabil Raouafi est jugé en appel par la cour d'assises du Var pour tentative de meurtre sur son ex-conjointe.
- Il avait été condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité.
- La victime, Hanane, a été brûlée sur 30 % de son corps le 13 août 2021 à Nice.
- Le témoignage de la victime et les expertises médicales contredisent la thèse de l'auto-immolation avancée par la défense.
Un récit d'horreur au cœur du tribunal
Avec l'aide d'un interprète, Hanane a raconté la journée du 13 août 2021, un jour qui a « détruit » sa vie. Elle a décrit une dispute avec son mari concernant des bijoux disparus, accusant sa belle-mère de les avoir pris. La tension, déjà palpable depuis des mois dans ce couple de cousins éloignés venus de Tunisie, a atteint son paroxysme ce soir-là.
« Il m'a menacé avec un couteau », a-t-elle expliqué. Après avoir réussi à le calmer, elle est allée se servir un verre d'eau. C'est à ce moment qu'elle a senti un liquide froid sur elle. « J'ai pensé que c'était du vin », a-t-elle confié. Il s'agissait en réalité de pétrane, un produit inflammable utilisé pour les barbecues.
« Je n’oublierai jamais l’odeur de ma chair et de ma main. On ne peut pas imaginer cette douleur... »
Les instants qui ont suivi sont un cauchemar. Les flammes, la douleur insoutenable, les cris. Un témoin a immédiatement appelé la police, décrivant une scène terrifiante : un homme armé d'un couteau poursuivant une femme en feu dans les couloirs de l'immeuble.
La thèse de la défense mise à mal
Depuis le début de la procédure, Nabil Raouafi et son avocat, Me Christian Scolari, soutiennent qu'il s'agit d'une tentative d'auto-immolation de la part de Hanane. Cependant, plusieurs éléments du dossier semblent contredire cette version.
Les expertises médico-légales
Le rapport de la médecin légiste, le Dr Véronique Alunni, est l'une des pièces maîtresses de l'accusation. Selon ses conclusions, la localisation des brûlures est incompatible avec un geste volontaire.
Des blessures qui parlent
Les brûlures les plus sévères se situent « essentiellement sur la partie postérieure et gauche du corps, au dos, aux lombaires, derrière le bras gauche ». D'après l'experte, ces localisations ne correspondent pas aux schémas observés dans les cas d'auto-immolation décrits dans la littérature scientifique internationale.
L'experte a également souligné l'important état de stress post-traumatique de la victime, même plusieurs années après les faits, ce qui, selon elle, n'est pas cohérent avec un acte d'autolyse.
Une vie brisée par les flammes
Après un mois de coma, Hanane s'est réveillée dans un nouveau corps, marqué par des cicatrices indélébiles, et avec une peur qui ne la quitte plus. « Même ici, dans le tribunal, j'ai peur que quelqu'un vienne me donner un coup de pistolet », a-t-elle avoué.
Sa vie quotidienne est un combat permanent contre la douleur et les séquelles. « Je ne peux plus vivre sans climatiseur. Je me gratte tout le temps, je ne peux pas bouger la main », a-t-elle détaillé, évoquant un avenir anéanti. « Qui va m’accepter maintenant ? Je ne pourrai jamais avoir d’enfants avec mon traitement... »
Un contexte familial tendu
Le couple s'était marié en Tunisie avant de s'installer à Nice cinq mois avant le drame, au domicile de la mère de Nabil. Hanane a décrit un climat de brimades constantes de la part de sa belle-mère et de sa belle-sœur, qui la traitaient comme « une servante ». Elle a expliqué que son mari avait changé à leur arrivée en France, prenant systématiquement la défense de sa famille contre elle.
Le divorce entre Hanane et Nabil Raouafi a été officiellement prononcé le 14 janvier 2025. Le procès en appel se poursuit à Draguignan, où la cour devra déterminer si les preuves présentées suffisent à confirmer la peine de réclusion à perpétuité pour tentative de meurtre par conjoint. Le verdict est attendu dans les prochains jours.





