Le parquet de Nice a officiellement lancé une enquête pour des soupçons de blanchiment d'argent et d'abus de confiance visant la mosquée En-Nour. Cette décision fait suite à la découverte de 126 000 euros en espèces dans le bureau de l'imam, une somme qui soulève de nombreuses questions sur la gestion financière du lieu de culte.
Les investigations, confiées au service interdépartemental de police judiciaire (SIPJ 06), devront faire la lumière sur l'origine et la destination de ces fonds. L'affaire met en évidence de profondes tensions internes qui secouent l'institut religieux depuis plusieurs mois.
Points Clés de l'Affaire
- Une enquête pour "abus de confiance et blanchiment" a été ouverte par le parquet de Nice.
- La découverte de 126 000 euros en liquide dans le bureau de l'imam est à l'origine de la procédure.
- La gestion de la mosquée En-Nour est marquée par de vives tensions internes.
- Une administratrice judiciaire a été nommée pour superviser le fonctionnement de l'association gestionnaire.
La découverte qui a tout déclenché
L'affaire a éclaté au grand jour lorsque des fidèles, préoccupés par la gestion financière de la mosquée, ont demandé des comptes à l'imam historique, Mahmoud Benzamia. Face à la pression, ce dernier a d'abord reconnu détenir 40 000 euros en liquide dans son bureau. Cependant, une fouille plus approfondie de son coffre-fort a révélé une somme bien plus importante.
Un montant considérable
Au total, 126 000 euros en espèces ont été retrouvés. L'imam a peiné à fournir des justifications claires sur la provenance de cet argent, évoquant vaguement les dons des fidèles lors de la prière du vendredi et les cotisations pour l'école coranique.
Cette opacité a été jugée inacceptable par Adil Echaoui, président de l'association socio-culturelle et cultuelle de Nice-La Plaine, qui gère la mosquée depuis mars 2025. C'est son signalement qui a conduit la justice à intervenir.
L'ouverture d'une enquête judiciaire
Informé de la situation, le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, a rapidement agi. Il a effectué un signalement auprès du procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, en vertu de l'article 40 du code de procédure pénale.
Que dit l'article 40 ?
Cet article impose à toute autorité publique ou fonctionnaire ayant connaissance d'un crime ou d'un délit dans l'exercice de ses fonctions d'en informer sans délai le procureur. C'est un mécanisme essentiel pour garantir que des faits potentiellement illégaux soient portés à la connaissance de la justice.
Fin novembre, le parquet a donc ouvert une enquête préliminaire pour "abus de confiance et blanchiment". Les enquêteurs spécialisés du SIPJ 06 sont désormais chargés d'analyser en détail les flux financiers de l'institut En-Nour. Leur mission sera de déterminer si des infractions pénales ont été commises dans la gestion des dons et des cotisations.
Un climat de tension interne
Cette affaire judiciaire s'inscrit dans un contexte de crise profonde au sein de la mosquée. Depuis des mois, des conflits opposent une partie des fidèles et des bénévoles à l'imam Mahmoud Benzamia. Le style de gestion de ce dernier est décrit comme autoritaire et ses méthodes pour collecter des fonds sont vivement critiquées.
Un mouvement de grève des bénévoles, un fait extrêmement rare dans un lieu de culte, a illustré l'ampleur du mécontentement. Ils dénonçaient notamment les appels aux dons insistants de l'imam, en particulier pendant le Ramadan.
"Soyez généreux ! Vos cartes, vos poches, videz tout… Les femmes, donnez l’or, l’argent, donnez tout…"
Ces demandes pressantes, couplées à un manque de transparence sur l'utilisation des fonds, ont semé le doute et la méfiance au sein de la communauté.
Une administration sous contrôle judiciaire
Face à cette crise de gouvernance, le président de l'association gestionnaire, Adil Echaoui, a saisi la justice en octobre pour demander une aide extérieure. Le tribunal a répondu favorablement à sa requête en nommant une administratrice judiciaire provisoire du cabinet Huertas.
Son rôle est double :
- Assurer la gestion courante de l'association en attendant que la situation s'apaise.
- Remettre en place un fonctionnement démocratique, notamment en organisant de nouvelles élections pour le conseil d'administration.
Cette mesure vise à restaurer la confiance et à garantir une gestion saine et transparente pour l'avenir. Pendant que l'administratrice s'attelle à la réorganisation administrative, la police judiciaire poursuivra son travail d'enquête pour clarifier les aspects financiers et déterminer les éventuelles responsabilités pénales dans cette affaire qui secoue la communauté musulmane de Nice.





