Politique16 vues5 min de lecture

Projet d'école coranique à Nice : le maire saisit le préfet

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a saisi le préfet pour enquêter sur un projet d'école coranique, citant des inquiétudes sur sa légalité et sa moralité.

Nicolas Martin
Par
Nicolas Martin

Journaliste spécialisé dans l'analyse des politiques publiques et des débats de société en France. Nicolas décrypte les enjeux juridiques et sociaux qui animent la vie politique française, avec un focus sur les questions de laïcité et de libertés publiques.

Profil de l'auteur
Projet d'école coranique à Nice : le maire saisit le préfet

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a officiellement demandé au préfet des Alpes-Maritimes d'enquêter sur un projet d'école coranique dans le quartier du Parc-Impérial. Cette initiative, portée par des proches de l'imam de la mosquée En-Nour, soulève des questions sur sa conformité avec les principes républicains.

La demande d'enquête intervient dans un contexte de méfiance, accentué par des soupçons financiers pesant sur l'imam concerné. La mairie cherche à obtenir des clarifications sur la nature exacte du projet et la moralité de ses responsables.

Points Clés

  • Christian Estrosi, maire de Nice, a saisi le préfet des Alpes-Maritimes pour une enquête approfondie.
  • Le projet concerne l'installation d'une école coranique dans une villa du quartier du Parc-Impérial.
  • L'établissement serait géré par l'Institut linguistique Victor-Hugo (ILVH), une association proche de l'imam de la mosquée En-Nour.
  • Des inquiétudes sont soulevées quant à la compatibilité du projet avec les valeurs républicaines et la moralité des porteurs du projet.

La réaction ferme de la municipalité

Suite à la parution d'informations dans la presse locale, le maire de Nice a réagi rapidement. Dans un communiqué officiel, Christian Estrosi a annoncé avoir contacté le préfet des Alpes-Maritimes pour diligenter une enquête complète sur le projet d'établissement.

L'objectif est clair : s'assurer que cette initiative respecte scrupuleusement le cadre légal et les valeurs de la République. La mairie exprime une position de vigilance face à un projet qu'elle dit découvrir par voie de presse.

« Tout doit être vérifié, notamment la compatibilité de ce projet avec nos valeurs républicaines ainsi que la moralité des personnes qui en portent la responsabilité », a déclaré Christian Estrosi.

Cette déclaration souligne la détermination de l'élu à ne laisser aucune zone d'ombre. La demande adressée au préfet vise à obtenir des garanties sur tous les aspects du projet, de son financement à son contenu pédagogique.

Un contexte de suspicion

La méfiance de la municipalité est renforcée par le profil des personnes impliquées. L'association derrière le projet, l'Institut linguistique Victor-Hugo (ILVH), a été fondée par des proches de l'imam de la mosquée En-Nour, M. Benzamia.

Cet imam est déjà au centre de controverses. Des soupçons financiers pèsent sur lui, notamment concernant la sortie inexpliquée d'une somme importante en espèces. Selon des informations de presse, il s'agirait de 126 000 euros en liquide, ce qui fragilise sa position et celle de son entourage.

Pour Christian Estrosi, ces éléments justifient une prudence accrue. « J'ai toujours dénoncé les ambiguïtés de l’imam Benzamia », a-t-il rappelé, liant directement ses inquiétudes actuelles à des préoccupations plus anciennes.

Les détails du projet controversé

Le projet porté par l'ILVH consiste à louer une grande villa, le Mas des Cigales, située avenue Paul-Arène. Cette demeure de plus de 300 m² deviendrait le siège d'un établissement proposant des cours de langue et de religion.

L'association a été créée en juin, et ses démarches pour trouver un local ont rapidement abouti à cette villa du quartier résidentiel du Parc-Impérial. L'objectif affiché par les promoteurs est de créer une « école privée musulmane », un modèle qui existe déjà pour d'autres confessions comme les cultes catholique et juif.

Qu'est-ce que l'Institut linguistique Victor-Hugo (ILVH) ?

L'ILVH est une association créée récemment, en juin 2025. Elle est dirigée par des personnalités de l'entourage de l'imam de la mosquée En-Nour. Son objectif officiel est de dispenser un enseignement linguistique et religieux. Le projet de location du Mas des Cigales constitue sa première initiative d'envergure connue publiquement.

Cependant, des voix critiques s'élèvent pour dénoncer ce qui pourrait être une manœuvre financière. Selon certains observateurs, le véritable but serait de capter le marché lucratif des cours d'arabe et d'enseignement coranique à Nice.

Un marché financier important

Les cours de langue arabe et d'enseignement religieux représentent une activité économique non négligeable. Selon les estimations relayées par la presse locale, ce marché pourrait générer jusqu'à 150 000 euros par an à Nice. Cette manne financière potentielle suscite des interrogations sur les motivations réelles derrière la création de l'école.

Les enjeux pour la ville de Nice

Au-delà de ce projet spécifique, l'affaire soulève des questions fondamentales pour la municipalité. La principale préoccupation de Christian Estrosi est de garantir la cohésion sociale et le respect des principes républicains sur son territoire.

Le maire insiste sur la nécessité de contrôler rigoureusement toute nouvelle structure éducative ou cultuelle. Il veut éviter l'implantation d'établissements qui pourraient promouvoir des idées contraires aux lois et aux valeurs de la France.

La laïcité comme principe directeur

La position du maire s'inscrit dans une défense ferme du principe de laïcité. Il s'agit de s'assurer que l'enseignement qui serait dispensé dans cette école soit compatible avec les programmes de l'Éducation nationale et ne contrevienne pas à la neutralité religieuse de l'espace public.

L'enquête demandée au préfet devra donc probablement examiner plusieurs points :

  • L'origine des fonds : Vérifier la transparence du financement du projet.
  • Les antécédents des responsables : S'assurer de la moralité et de l'absence de condamnations des fondateurs de l'ILVH.
  • Le contenu pédagogique : Examiner le programme d'enseignement prévu pour s'assurer de sa conformité avec la loi française.
  • La sécurité du bâtiment : Contrôler que la villa est adaptée à recevoir du public, notamment des enfants.

Christian Estrosi a conclu sa communication par un message clair destiné à rassurer ses administrés. Il a affirmé que les Niçois devaient avoir la certitude que rien ne pourrait s'implanter dans la ville si cela entrait en contradiction avec les principes de la République.

L'affaire est désormais entre les mains des services de l'État. Les conclusions de l'enquête du préfet seront déterminantes pour l'avenir de ce projet d'école coranique à Nice.