L'acteur belge Jérémie Renier a présenté son documentaire « Un monde à l’autre » en avant-première au 7e Festival Cinéroman à Nice. Ce film retrace son expédition éprouvante en Arctique, une quête personnelle entreprise pour surmonter le deuil après la disparition tragique de son ami, l'acteur Gaspard Ulliel, en janvier 2022.
Accompagné de l'explorateur Loury Lag, Jérémie Renier s'est confronté à des conditions extrêmes, documentant un voyage qui est autant une aventure physique qu'une profonde introspection sur la vie, l'amitié et le sens de son métier.
Points Clés
- Le documentaire « Un monde à l’autre » suit le voyage de Jérémie Renier dans l'Arctique.
- Cette expédition a été initiée après la mort de son meilleur ami, l'acteur Gaspard Ulliel.
- Le film a été présenté au Festival Cinéroman à Nice, révélant une quête de résilience.
- Renier y affronte des conditions extrêmes, avec des températures atteignant -61°C.
Une quête personnelle née d'un drame
Le 19 janvier 2022, la disparition soudaine de l'acteur Gaspard Ulliel dans un accident de ski a profondément marqué le monde du cinéma et ses proches. Pour son meilleur ami, Jérémie Renier, ce fut un basculement. C'est dans ce contexte de deuil que s'est présentée une opportunité inattendue.
L'explorateur Loury Lag, connu pour son goût des défis extrêmes, a proposé à l'acteur de l'accompagner dans une expédition en Arctique. Pour Jérémie Renier, cette proposition a résonné comme une nécessité. « J'avais un besoin fondamental de reprendre vie, c'était comme une prophétie », a-t-il confié lors d'un entretien à Nice.
Le Festival Cinéroman
Le Festival Cinéroman, qui se tient à Nice, est un événement unique qui célèbre les liens entre la littérature et le cinéma. Il met en avant les adaptations de romans à l'écran et réunit auteurs, réalisateurs et comédiens pour des projections et des rencontres avec le public.
Un départ pour se reconstruire
L'acteur de 44 ans, révélé au grand public par les frères Dardenne dans La Promesse en 1996, a accepté le défi. Malgré un fantasme ancien pour l'aventure, il reconnaît avoir sous-estimé la difficulté de l'entreprise. La fenêtre de départ étant très courte, il n'a pas pu suivre une longue préparation physique avant de s'envoler pour le grand froid.
Le documentaire, initialement, ne devait pas le mettre en scène. Cependant, le voyage est rapidement devenu une expérience si personnelle qu'il s'est imposé au cœur du récit, transformant le projet en un témoignage intime de sa reconstruction.
L'Arctique : entre beauté et brutalité
Le film « Un monde à l’autre » plonge le spectateur dans les paysages grandioses et silencieux de l'Arctique. La blancheur infinie de la banquise offre des images d'une beauté saisissante, mais ce décor majestueux cache une réalité impitoyable.
Des conditions extrêmes
Au cours de l'expédition, l'équipe a dû faire face à des températures glaciales, le thermomètre descendant jusqu'à -61 degrés Celsius. À ce froid intense s'ajoutaient des dangers constants, comme la menace d'une rencontre avec des ours polaires.
La réalité du terrain
Loin du confort de la vie quotidienne, le voyage a été une épreuve physique et mentale. Jérémie Renier a dû s'adapter à un environnement où la survie est le principal objectif. Chaque geste, de la préparation du campement à la progression sur la glace, demandait un effort considérable.
« Je me suis toujours fantasmé en aventurier, mais je n’avais jamais fait une chose pareille, j’ai sans doute minimisé la difficulté. »
Cette confrontation directe avec les éléments a mis son corps à rude épreuve. L'acteur a d'ailleurs confié avoir souffert de « quelques séquelles » physiques pendant un certain temps après son retour, un témoignage de l'intensité de l'expérience vécue.
Un dialogue intime et une introspection
Au-delà de l'exploit physique, l'expédition arctique a été un profond voyage intérieur pour Jérémie Renier. Le documentaire est structuré autour d'une voix off, prenant la forme d'un journal intime adressé à son ami disparu, Gaspard Ulliel. Ce fil rouge narratif confère au film une dimension poignante et universelle sur l'amitié et l'absence.
Frôler les limites pour se sentir vivant
Pendant les longues heures de marche dans le silence blanc, l'acteur a été confronté à ses propres pensées. Il s'est interrogé sur les motivations de son compagnon d'aventure, Loury Lag, à rechercher des situations aussi dangereuses. « Cela pourrait paraître futile, débile même, mais en l’accompagnant, on comprend tout ça », explique-t-il.
Cette quête de sensations fortes, cette nécessité de « frôler les limites pour se sentir vivant », est un thème central du film. C'est une manière d'explorer comment l'épreuve peut devenir un chemin vers la résilience et un moyen de se reconnecter à l'essentiel.
Trouver des réponses
Jérémie Renier a avoué que, lors de discussions passées avec Gaspard Ulliel, il remettait parfois en question le sens de son métier d'acteur. Ce voyage semble lui avoir apporté une forme d'apaisement et de nouvelles perspectives.
- La place du métier : Il a réalisé que sa profession ne pouvait pas « remplir toutes les cases d’une existence ».
- Le besoin de stimulation : L'expérience lui a confirmé la nécessité de trouver d'autres sources d'épanouissement.
- Un sentiment puissant : « J’ai le sentiment d’avoir traversé quelque chose d’inexplicable, mais très puissant et très intime », conclut-il.
« Un monde à l’autre » est donc bien plus qu'un simple récit d'aventure. C'est le témoignage d'un homme qui, face à la perte, a choisi de se confronter à la nature la plus sauvage pour retrouver un chemin vers la vie.





