Les maladies respiratoires représentent la première cause d'hospitalisation à Nice, un constat alarmant qui engendre des coûts considérables pour la santé publique. Face à cette situation, le professeur Paul Hofman, directeur de l'Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) RespirERA, plaide pour une accélération de la végétalisation de la ville, la considérant comme une action essentielle pour la santé des habitants.
Spécialiste reconnu de la santé respiratoire, il souligne que l'aménagement d'espaces verts, comme l'extension de la Promenade du Paillon, est une réponse directe et efficace aux défis posés par la pollution de l'air, aggravée par la géographie unique de la métropole.
Points Clés
- Les affections respiratoires sont la principale raison des hospitalisations dans la ville de Nice.
- La topographie locale, entre mer et montagne, piège les polluants atmosphériques.
- Le professeur Hofman préconise la création de forêts urbaines comme solution de santé publique.
- Le choix d'espèces végétales non allergisantes est crucial pour le succès de cette stratégie.
- La végétalisation permet de rafraîchir la ville, de limiter l'usage de la climatisation et de réduire la circulation automobile.
Un constat alarmant pour la santé publique niçoise
La qualité de l'air est un enjeu majeur pour les grandes métropoles, et Nice ne fait pas exception. Selon le professeur Paul Hofman, une figure d'autorité dans le domaine, la situation est préoccupante. « Les maladies respiratoires sont la première cause d’hospitalisation à Nice », affirme-t-il, mettant en lumière une crise sanitaire silencieuse qui pèse lourdement sur le système de santé.
Ce constat n'est pas anodin. Il est le fruit d'observations cliniques et de recherches menées au sein de l'IHU RespirERA, un centre d'excellence dédié à la santé respiratoire qu'il dirige. Installé à l'hôpital Pasteur 1, cet institut rassemble médecins, chercheurs et universitaires pour améliorer les soins et la prévention de pathologies comme l'asthme, le cancer du poumon ou la mucoviscidose.
Qu'est-ce que l'IHU RespirERA ?
Créé il y a deux ans à l'initiative du gouvernement, l'Institut Hospitalo-Universitaire RespirERA est un pôle de référence pour la recherche, les soins et la prévention des maladies respiratoires. Il vise à développer des approches innovantes pour mieux comprendre et traiter les affections pulmonaires, en intégrant les facteurs environnementaux dans ses recherches.
La géographie de Nice un facteur aggravant
La situation géographique de Nice joue un rôle déterminant dans la concentration de la pollution atmosphérique. « Le territoire métropolitain constitue une bande allongée entre mer et montagne, situation géographique qui ralentit un peu la circulation d’air », explique le professeur Hofman. Cet effet de cuvette limite la dispersion des polluants.
En conséquence, l'air stagne, particulièrement lors des périodes de chaleur. « Les microparticules de pollution redescendent sur le territoire avec des pics de pollution », ajoute le scientifique. Ces particules fines pénètrent profondément dans les voies respiratoires, exacerbant les maladies existantes et pouvant en provoquer de nouvelles. C'est dans ce contexte que la prévention devient une priorité absolue.
La végétalisation une solution à multiples facettes
Face à ce défi environnemental et sanitaire, le professeur Hofman est un fervent défenseur de la « green activity ». Pour lui, l'aménagement d'espaces verts et de forêts urbaines est bien plus qu'une simple question d'esthétique ; c'est un levier d'action fondamental pour la santé publique.
L'arbre joue un rôle central dans cette stratégie. « L’arbre crée une circulation d’air, un rafraîchissement et dégage de l’oxygène », détaille-t-il. En créant des îlots de fraîcheur, les espaces végétalisés permettent de lutter contre les effets du réchauffement climatique et de réduire la dépendance à la climatisation, qui, selon lui, « rejette dans l’atmosphère un air pas bien sain ».
Il faut trouver des circuits d’air qui soient aussi une alternative à la climatisation. Voilà pourquoi, la végétalisation a son rôle à jouer.
Professeur Paul Hofman, directeur de l'IHU RespirERA
Choisir les bonnes espèces végétales
Cependant, toute végétalisation n'est pas bénéfique. Le choix des plantes est une étape critique pour garantir l'efficacité de la démarche. Le professeur Hofman met en garde contre l'utilisation d'espèces allergisantes. « Il faut choisir les bons arbres, les bons végétaux qui ne soient pas allergisants comme des cyprès, des mimosas... », insiste-t-il.
Il explique que l'allergène est « contre-productif » et que son impact est amplifié par la pollution. Une personne non allergique peut ainsi le devenir au contact répété de ces pollens dans un air chargé de particules fines. Une planification rigoureuse, en collaboration avec des botanistes et des allergologues, est donc indispensable.
L'eau, un allié précieux
Outre les arbres, les points d'eau comme les fontaines ou les miroirs d'eau jouent un rôle important. Ils contribuent à rafraîchir l'atmosphère et facilitent la respiration. Ces aménagements sont particulièrement bénéfiques pour les populations les plus vulnérables, notamment les jeunes enfants (les « 1 000 premiers jours ») et les personnes âgées.
Vers une ville plus saine et durable
La vision du professeur Hofman s'inscrit dans une démarche globale. La végétalisation doit être intégrée à une politique d'urbanisme repensée. Il mentionne la nécessité d'utiliser des matériaux de construction éco-compatibles, comme des bétons qui absorbent la chaleur, lors de la rénovation ou de la construction de nouveaux bâtiments.
De plus, une ville plus verte encourage des modes de vie plus sains. Elle incite à la marche et limite naturellement la circulation des véhicules motorisés, réduisant ainsi les émissions de gaz d'échappement. C'est un cercle vertueux où l'amélioration du cadre de vie a un impact direct sur la santé des citoyens.
Nice n'est pas seule dans cette voie. De nombreuses métropoles européennes, telles que Barcelone ou Milan, ont déjà engagé une transition similaire, reconnaissant les bénéfices des forêts urbaines. Pour le professeur Hofman, il s'agit d'une « logique » à suivre, une approche où l'écologie et la santé convergent pour le bien-être de tous.