Face aux débats persistants sur la place de l'automobile dans les centres urbains, la Métropole Nice Côte d’Azur clarifie sa position. Gaël Nofri, vice-président de la Métropole et président de la régie Lignes d’Azur, affirme que l'objectif n'est pas de mener un "combat contre la voiture", mais plutôt de développer des alternatives de transport en commun suffisamment attractives pour encourager un changement volontaire des habitudes.
Points Clés
- La stratégie de la Métropole Nice Côte d’Azur vise à offrir des solutions de mobilité compétitives plutôt qu'à imposer des restrictions sur l'usage de la voiture.
- Le trafic sur la Promenade des Anglais a diminué d'environ 20 % depuis la mise en service de la ligne 2 du tramway.
- Selon une étude de 2025, l'usage de la voiture pour les déplacements dans le centre-ville de Nice a baissé de 5 points depuis 2009.
- Des projets d'extension du réseau, comme les lignes 4 et 5 du tramway, sont en cours pour renforcer l'offre de transports en commun.
Une Stratégie Basée sur l'Alternative et non la Contrainte
Dans un contexte où de nombreuses métropoles européennes adoptent des politiques restrictives envers les véhicules individuels, Nice choisit une voie différente. La congestion routière reste une préoccupation majeure pour les habitants, et la question de la mobilité s'annonce comme un enjeu central des prochaines élections municipales de 2026.
La vision portée par Gaël Nofri est claire : la réduction de l'usage de la voiture doit être une conséquence de l'attractivité des transports publics, et non le résultat d'une politique autoritaire. "L’enjeu est de fournir des nouvelles mobilités et que les gens se les approprient", explique-t-il.
"La baisse de l’usage de la voiture qui est souhaitable en centre-ville ne peut venir que par la mise en place de solutions de mobilités compétitives et non par un choix politique autoritaire." - Gaël Nofri, vice-président de la Métropole Nice Côte d’Azur
Pour l'élu, le succès de cette approche repose sur la qualité du service offert. Les transports en commun doivent être sûrs, propres, réguliers et compétitifs en termes de temps de trajet pour convaincre les automobilistes de changer leurs habitudes.
La Promenade des Anglais : Un Cas d'École Réussi
Pour illustrer l'efficacité de cette stratégie, Gaël Nofri cite l'exemple de la Promenade des Anglais. Avant l'arrivée des nouvelles lignes de tramway, cet axe emblématique était saturé par un trafic automobile dense.
L'introduction de la ligne 2 du tramway, qui dessert l'axe est-ouest de la ville jusqu'à l'aéroport, a eu un impact mesurable sur la circulation. Les données montrent une diminution significative du nombre de véhicules quotidiens.
Baisse du Trafic sur la Promenade des Anglais
Selon les chiffres communiqués, le nombre de véhicules par jour est passé de plus de 80 000 à environ 57 000 depuis la mise en service des lignes de tramway T2 et T3. Cela représente une baisse de près de 29 %, un chiffre encore plus marquant que les 20 % souvent cités, qui témoigne d'un report modal significatif.
Ce résultat démontre, selon la Métropole, qu'il est possible de réduire la circulation sans interdire les voitures, à condition de proposer une alternative crédible et performante. Le tramway est devenu un choix logique pour de nombreux trajets qui étaient auparavant effectués en voiture.
Analyse des Tendances de Mobilité sur le Territoire
Les observations sur le terrain sont corroborées par des études plus larges. En juillet 2025, le Département des Alpes-Maritimes a publié une enquête approfondie sur les habitudes de déplacement des habitants de la région. Les résultats pour la métropole niçoise sont particulièrement éclairants.
À l'échelle de la métropole, la voiture reste le mode de transport principal, représentant 37 % des déplacements. Les transports en commun, quant à eux, captent 11 % des trajets. Cependant, lorsque l'on se concentre sur le centre-ville de Nice, les chiffres évoluent.
Évolution des Usages dans le Centre de Nice
L'étude révèle une tendance de fond encourageante pour les partisans des mobilités douces. Dans le cœur de la ville, la part des déplacements effectués en voiture est tombée à 15 %. Ce chiffre est en baisse notable par rapport à 2009, où il atteignait 20 %. Cela représente une diminution de 5 points en une quinzaine d'années.
Dans le même temps, l'utilisation des transports en commun dans cette même zone a progressé, passant de 9 % à 11 %, soit une augmentation de deux points. Cette évolution, bien que graduelle, confirme que le développement du réseau porte ses fruits et modifie progressivement les comportements.
Le Contexte du Débat sur la "Ville sans Voiture"
Le concept de "ville sans voiture" gagne en popularité dans de nombreuses agglomérations pour lutter contre la pollution, le bruit et la congestion. Des villes comme Pontevedra en Espagne ou Oslo en Norvège ont mis en place des politiques très restrictives. La position de Nice, axée sur l'incitation plutôt que la coercition, offre un modèle alternatif dans ce débat global sur l'avenir de la mobilité urbaine.
L'Avenir de la Mobilité : Entre Tramway et Parkings-Relais
La Métropole ne compte pas s'arrêter là. Pour continuer à renforcer l'attractivité de son réseau, plusieurs projets majeurs sont en cours de développement. L'extension du tramway, avec les futures lignes 4 et 5, ainsi que la mise en place de lignes de bus à haut niveau de service (BHNS), sont au cœur de la stratégie.
Ces nouvelles infrastructures visent à mieux desservir les territoires et à offrir des liaisons rapides et efficaces, capables de rivaliser avec la voiture individuelle sur de nombreux parcours.
Parallèlement, la Métropole reconnaît que la voiture demeure indispensable pour une partie de la population et pour certains types de déplacements. C'est pourquoi la politique de développement des transports en commun s'accompagne de la construction de parkings, notamment des parkings-relais.
"Je ne crois pas à la ville sans voiture. C’est pour ça que nous continuons à construire des parkings et des parking-relais, car pour plein de gens, la voiture est et reste un besoin." - Gaël Nofri
Cette approche pragmatique vise à faciliter l'intermodalité : permettre aux automobilistes venant de l'extérieur de la ville de garer facilement leur véhicule à un point stratégique et de continuer leur trajet en transport en commun. C'est une manière de concilier les besoins de chacun tout en réduisant le nombre de voitures dans les zones les plus denses.
En conclusion, la Métropole de Nice Côte d'Azur défend un modèle de transition de la mobilité qui se veut équilibré. Plutôt qu'une rupture radicale avec l'automobile, elle promeut une évolution progressive des usages, encouragée par un investissement massif dans un réseau de transports publics moderne et performant.





