Le groupe d'opposition Rassemblement Républicain au Conseil départemental des Alpes-Maritimes a exprimé de vives inquiétudes concernant la gestion actuelle, pointant du doigt des coupes budgétaires potentielles dans les services sociaux et un manque de clarté politique au sein de la droite locale. Franck Martin, conseiller départemental niçois, critique ouvertement les orientations prises par la majorité et demande une clarification des positions avant la fin de l'année.
Dans une récente communication, le groupe, qui rassemble des élus LR, Horizons, UDI et Renaissance, a dressé un bilan critique de la présidence de Charles Ange Ginésy, mettant en lumière des défaillances présumées dans des secteurs clés comme la protection de l'enfance, l'aide aux seniors et la gestion des collèges.
Points Clés
- L'opposition s'inquiète de possibles suppressions de postes dans les foyers de l'enfance.
- La politique d'aide aux personnes âgées dépendantes est jugée insuffisante.
- Des critiques sont émises sur la répartition des budgets, notamment pour la sécurité des collèges.
- Une demande de clarification politique est adressée aux élus LR concernant leurs liens avec l'UDR d'Éric Ciotti.
Inquiétudes sur les budgets sociaux
L'une des principales préoccupations soulevées par l'opposition concerne la menace de nouvelles réductions budgétaires. Selon Franck Martin, ces coupes pourraient affecter directement les services les plus vulnérables du département.
La protection de l'enfance en première ligne
Le groupe d'opposition alerte sur un projet qui viserait à supprimer des postes de surveillants de nuit dans les foyers de l'enfance. Cette mesure est jugée illogique par Franck Martin, qui rappelle que ces structures sont déjà confrontées à d'importantes difficultés.
« La vérité, c’est que le président de la commission des finances (Eric Ciotti, NDLR), qui prétend à la mairie de Nice, s’aperçoit qu’il a peut-être fait trop de cadeaux à ses amis et que désormais, les moyens manquent », déclare Franck Martin.
Il insiste sur le fait que l'action sociale est une obligation fondamentale du Département, une mission qui, selon lui, n'est pas remplie de manière adéquate. Le plan de réorganisation promis par le président Ginésy suite à des enquêtes de presse est qualifié de « plan de désorganisation » par l'élu d'opposition, qui estime que la situation ne s'est pas améliorée.
Subventions contestées
L'opposition dénonce également l'attribution de subventions jugées inappropriées. Franck Martin cite l'exemple de 10 000 euros promis à un collectif lyonnais, alors que, selon lui, ces fonds auraient été plus utiles pour les enfants des Alpes-Maritimes.
Des politiques jugées insuffisantes pour les seniors et les collèges
Au-delà de la protection de l'enfance, le Rassemblement Républicain critique d'autres aspects de la politique départementale, notamment ceux qui concernent les personnes âgées et les établissements scolaires.
Le soutien aux seniors en question
La question de l'aide à la dépendance est un point de friction récurrent. L'opposition souligne que le « point GIR », qui sert de base au calcul de l'aide, reste l'un des plus bas de France malgré une légère augmentation.
« Bien des familles n’ont pas les moyens de payer des aides à domicile ou des EHPAD », affirme Franck Martin. Il décrit une situation intenable pour de nombreux ménages qui doivent soutenir à la fois leurs enfants et leurs parents âgés. L'opposition s'engage à continuer de défendre ce dossier.
Le « point GIR », c'est quoi ?
Le Groupe Iso-Ressources (GIR) est un outil qui permet d'évaluer le degré de perte d'autonomie d'une personne âgée. Il existe 6 niveaux, du GIR 1 (dépendance la plus lourde) au GIR 6 (personne autonome). Le montant de l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA) dépend de ce classement. La valeur du « point GIR » est fixée par chaque département et influe directement sur le montant de l'aide versée.
La gestion du « Plan Collèges » critiquée
Si la majorité départementale met en avant son « Plan Collèges » avec la rénovation et la construction d'établissements, l'opposition estime que les efforts sont insuffisants, en particulier sur deux aspects cruciaux : la sécurité et l'adaptation au changement climatique.
Franck Martin regrette le manque d'investissements pour sécuriser les collèges face aux menaces actuelles et pour les protéger des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes. Il questionne la répartition des budgets, prenant l'exemple du collège Vernier à Nice pour illustrer ce qu'il perçoit comme un déséquilibre.
Une crise politique au sein de la droite locale
Les critiques de Franck Martin ne sont pas seulement d'ordre budgétaire ou social. Elles visent également la confusion politique qui règne, selon lui, au sein de son propre camp, Les Républicains (LR).
L'appel à une clarification urgente
L'élu niçois juge « affligeant » et « illogique » de voir des membres de LR siéger dans la majorité départementale aux côtés du groupe UDR d'Éric Ciotti, tout en s'opposant au Rassemblement National au niveau national. Il dénonce des arrangements politiques qui nuiraient à la clarté de la ligne du parti.
« Il va falloir que les uns et les autres s’expliquent. Il y a urgence, avec la campagne des municipales qui a commencé. Il faut fixer une ligne rouge : pas d’accointance avec l’UDR d’Eric Ciotti, sinon cela revient à être au RN », insiste-t-il.
Cette demande de clarification s'adresse à plusieurs figures politiques locales, dont des sénateurs et des maires, qui sont sommés de choisir leur camp avant la fin de l'année. Franck Martin suggère la signature d'une charte pour formaliser ces engagements.
« Carriérisme » contre engagement politique
Pour Franck Martin, cette situation est le symptôme d'un mal plus profond : le « carriérisme ». Il oppose les élus qui agissent par conviction et pour le bien public à ceux qui, selon lui, ne sont guidés que par des calculs personnels et l'ambition d'obtenir un poste futur.
« Ce n’est plus de la politique, c’est du carriérisme. Ça a assez duré », conclut-il, exprimant une profonde lassitude face à ces manœuvres politiques. Il se montre par ailleurs critique envers la stratégie de séduction du Rassemblement National, qualifiant son discours sur l'autorité d'« enfumage » au vu des affaires judiciaires touchant certains de ses dirigeants.