La recherche d'un site pour construire un nouveau centre de rétention administrative (CRA) dans les Alpes-Maritimes est revenue à la case départ. L'abandon récent du projet d'extension de la prison de Grasse plonge les autorités dans l'incertitude, alors que la structure actuelle à Nice est jugée vétuste et surchargée.
Cette décision marque un nouveau revers dans un dossier jugé prioritaire, confronté à une pénurie de terrains disponibles et à une série d'échecs techniques et logistiques.
Les points clés
- Le projet de construire un CRA à la maison d'arrêt de Grasse a été abandonné pour des raisons techniques et financières.
- Plusieurs autres sites, notamment près de l'aéroport de Nice, ont déjà été écartés par le passé.
- Le centre actuel de Nice, avec seulement 40 places, est considéré comme obsolète et inadapté.
- Les autorités peinent à trouver un terrain constructible rapidement pour répondre à l'urgence de la situation.
Le revers du projet de Grasse
L'espoir de voir un nouveau centre de rétention administrative sortir de terre s'est récemment évanoui. Le projet, qui consistait à construire une extension au sein de la maison d'arrêt de Grasse, a été officiellement abandonné par les services de l'État.
Selon la préfecture des Alpes-Maritimes, des études approfondies ont révélé des obstacles majeurs. Les difficultés techniques et les coûts financiers se sont avérés trop importants pour permettre une construction dans un délai jugé raisonnable. Cette option, un temps privilégiée par l'ancien ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, est donc définitivement écartée.
La préférence du maire de Grasse
De son côté, le maire de Grasse, Jérôme Viaud (Les Républicains), n'a jamais caché sa préférence pour un autre projet. Il milite de longue date pour un agrandissement de la prison elle-même, afin de renforcer le statut de sa commune en tant que pôle judiciaire majeur.
« J’ai toujours plaidé pour un doublement de la taille de cette maison d’arrêt et je préfère cela plutôt qu’un CRA car la position de Grasse comme cité judiciaire serait renforcée », a expliqué l'élu.
M. Viaud a indiqué avoir repris contact avec le nouveau garde des Sceaux, Gérald Darmanin, pour plaider sa cause, précisant que ce dernier s'était engagé à se rendre sur place avant la fin de l'année.
Une recherche de terrain complexe
L'échec du projet de Grasse n'est que le dernier d'une longue série. Avant cela, les autorités avaient exploré plusieurs autres pistes pour implanter ce nouvel équipement indispensable, toutes sans succès.
Une première option avait été étudiée sur la commune de La Trinité, dans la première couronne niçoise, mais elle a été abandonnée en raison de diverses complexités. Un autre projet, considéré comme le plus pertinent sur le plan logistique, prévoyait une installation à proximité de l'aéroport de Nice. Sa localisation aurait grandement facilité les procédures d'expulsion des étrangers en situation irrégulière.
Un risque d'inondation rédhibitoire
Le projet près de l'aéroport a été stoppé net par une contrainte naturelle majeure. Des études de terrain ont révélé un risque d'inondation élevé sur la parcelle envisagée, rendant impossible toute construction sécurisée d'un tel établissement.
La directrice de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes, Aurélie Lebourgeois, a reconnu les difficultés rencontrées. « Toutes les pistes vont devoir être rouvertes afin d’augmenter le nombre de places en CRA, ce qui est toujours une priorité », a-t-elle déclaré, soulignant la difficulté à trouver du « foncier exploitable dans un temps court ».
La situation critique du centre de Nice
Pendant que la recherche d'un nouveau site piétine, la situation au CRA actuel, situé dans la caserne Auvare à Nice, devient de plus en plus préoccupante. L'établissement est non seulement vieillissant, mais sa capacité d'accueil est très limitée.
Seulement 40 places disponibles
Le centre de rétention de Nice ne dispose que de 40 places pour l'ensemble du département des Alpes-Maritimes, un chiffre largement insuffisant au vu des besoins. Cette faible capacité contraint régulièrement les services de l'État et complique la gestion des personnes en attente d'expulsion.
L'urgence de trouver une solution a été brutalement rappelée en décembre 2024, lorsqu'une évasion de huit détenus a mis en lumière les failles de sécurité de cette structure obsolète. Cet événement a renforcé la détermination des autorités à accélérer le projet de construction d'un nouveau centre, mais les résultats se font toujours attendre.
Quel avenir pour le site d'Auvare ?
Le commissariat Auvare, où se trouve le CRA, est voué à fermer ses portes à terme, avec le déménagement des services de police vers le nouvel hôtel des polices de Nice. Cependant, la préfecture a précisé que ce transfert se ferait indépendamment du sort du centre de rétention.
« Le CRA restera là tant qu’une nouvelle structure n’aura pas vu le jour », a assuré Aurélie Lebourgeois. Cette déclaration confirme que, malgré son état, le site actuel continuera de fonctionner par défaut, prolongeant une situation jugée insatisfaisante par de nombreux acteurs locaux.
Les autorités n'envisagent pas non plus de solution temporaire, comme la création d'un local de rétention administrative (LRA) qui avait été suggérée par le maire de Nice, Christian Estrosi. La priorité reste la construction d'un CRA pérenne, moderne et de plus grande capacité, mais le chemin pour y parvenir semble encore long et semé d'embûches.





