Le sénateur Les Républicains des Alpes-Maritimes, Henri Leroy, a récemment partagé son analyse de la situation politique actuelle, marquée par de profondes divisions au sein de son parti. Ancien maire de Mandelieu-La Napoule, il aborde sans détour les tensions entre les différentes factions de la droite, l'alliance proposée par Éric Ciotti avec le Rassemblement National, et les enjeux locaux à Nice et dans le département.
Fidèle à ses convictions gaullistes, M. Leroy exprime ses inquiétudes quant à l'avenir de sa famille politique et défend des positions fermes sur la sécurité et l'identité républicaine, tout en clarifiant ses soutiens et ses oppositions en vue des prochaines échéances électorales.
Points Clés
- Henri Leroy reste membre des Républicains par loyauté envers Bruno Retailleau, malgré les divisions internes.
- Il considère l'alliance avec le Rassemblement National, initiée par Éric Ciotti, comme une réponse à un désordre préexistant au sein de LR.
- Le sénateur s'oppose fermement à Christian Estrosi à Nice et soutient la candidature d'Éric Ciotti pour les municipales.
- Il exprime une vive préoccupation face à la montée de ce qu'il nomme "l'islamo-gauchisme" et aux agressions contre les forces de l'ordre.
- M. Leroy soutient une proposition de loi visant à renforcer les pouvoirs des polices municipales.
La crise interne du parti Les Républicains
La situation au sein du parti Les Républicains (LR) dans les Alpes-Maritimes est devenue complexe, avec une scission visible entre les partisans d'Éric Ciotti et ceux de Christian Estrosi. Pour Henri Leroy, cette situation est le résultat des positionnements de certains membres. Il rappelle que l'héritage de LR est gaulliste, fondé sur des valeurs comme la République, l'ordre et l'autorité.
Son maintien au sein du parti est directement lié à la présence de Bruno Retailleau à la tête du groupe au Sénat. "J'ai travaillé huit ans avec lui au Sénat. Il dit ce qu'il fait, il fait ce qu'il dit", explique le sénateur. Cette loyauté envers M. Retailleau est le principal facteur de son engagement actuel.
Il se montre en revanche très critique envers Laurent Wauquiez, qu'il juge responsable d'une partie du désordre actuel. Selon lui, la position de M. Wauquiez contre une participation au gouvernement n'était motivée que par une opposition à Éric Ciotti, élu par 75 % des militants.
"J'ai dit à Bruno Retailleau que cette situation ne me convenait pas, mais je reste, par loyauté."
L'union des droites et la position d'Éric Ciotti
Henri Leroy analyse la décision d'Éric Ciotti de s'allier avec le Rassemblement National (RN) non pas comme une cause du désordre, mais comme une réaction à une situation devenue "quasiment ingouvernable" au sein de LR. Il estime que certains membres refusaient d'appliquer les règles votées par les élus et les militants.
Concernant l'idée d'une "union des droites", le sénateur estime qu'Éric Ciotti a eu raison avant les autres. "Politiquement, je pense qu'il a eu raison avant beaucoup de monde en défendant cette union des droites", affirme-t-il. Il précise ne pas avoir suivi M. Ciotti "pour l'instant", mais n'exclut pas de le faire à l'avenir.
Évolution du paysage politique
Selon Henri Leroy, le Rassemblement National a changé au cours des quinze dernières années. Il souligne que la "ligne rouge" qui existait auparavant s'est estompée, notamment avec le départ de nombreux responsables de la droite classique vers le RN. Il cite l'exemple d'Alexandra Masson dans les Alpes-Maritimes, qu'il connaît depuis le RPR et qu'il ne considère pas comme une extrémiste.
Le sénateur reconnaît que des divergences persistent, notamment sur les questions économiques et les retraites. Cependant, il observe une évolution dans le discours de Jordan Bardella, qu'il juge différent de celui de Marine Le Pen. Pour lui, une union ne peut se faire que sur des convergences claires et des divergences assumées.
Enjeux politiques locaux dans les Alpes-Maritimes
La bataille pour la mairie de Nice
La position d'Henri Leroy sur la politique niçoise est sans équivoque. Il annonce qu'il ne soutiendra jamais Christian Estrosi, même si ce dernier obtenait l'investiture de LR. Il avance trois raisons principales à cette opposition : une gestion financière qu'il juge désastreuse, un style de gouvernance solitaire et un manque de constance dans ses convictions politiques.
"C'est une véritable girouette. Je suis ancré dans des valeurs gaullistes, je ne peux pas soutenir quelqu'un qui fait l'inverse."
En conséquence, son soutien va à Éric Ciotti pour les prochaines élections municipales. "Je soutiendrai Éric Ciotti et je souhaite sa victoire aux municipales. Il va gagner, j'en suis sûr", déclare-t-il, estimant que Christian Estrosi a fait son temps et devrait savoir se retirer.
La gestion du Conseil départemental
Henri Leroy porte un regard positif sur la manière dont Charles Ange Ginésy dirige le Conseil départemental des Alpes-Maritimes. Il salue sa capacité à maintenir l'unité de la majorité et à éviter les clivages partisans. Selon lui, la gestion départementale doit se faire "en bon père de famille", dans l'intérêt de tous les habitants.
Il approuve également la décision de M. Ginésy de ne pas avoir cédé aux pressions visant à exclure Éric Ciotti, une modération qu'il juge bénéfique pour la stabilité politique locale.
Sécurité et autorité de l'État : les priorités du sénateur
Ancien officier de gendarmerie, Henri Leroy accorde une importance capitale aux questions de sécurité. Il soutient pleinement l'action du préfet des Alpes-Maritimes dans la lutte contre le trafic de drogue, saluant sa "fermeté républicaine".
Proposition de loi pour les polices municipales
Face aux agressions de plus en plus fréquentes contre les forces de l'ordre, Henri Leroy promeut une proposition de loi portée par Bruno Retailleau. Ce texte vise à renforcer les compétences des polices municipales en leur permettant de constater neuf types de délits et de disposer du même matériel que les forces d'État, sans pour autant leur donner des prérogatives d'officier de police judiciaire (OPJ).
L'objectif est de mieux équiper les policiers municipaux, qui sont en première ligne, tout en maintenant un cadre juridique strict pour éviter les dérives procédurales.
Inquiétudes sur "l'islamo-gauchisme"
Le sénateur exprime également une forte préoccupation face à ce qu'il appelle "l'islamo-gauchisme", notamment à l'université. Il a présidé une commission d'enquête sur ce sujet et dénonce une progression de "l'islamisme radical" et un "endoctrinement politique" dans certains établissements comme Sciences Po.
Il critique également la gauche radicale, en particulier La France Insoumise (LFI), pour son discours qui, selon lui, dévalorise la nation et promeut "l'assistanat permanent". Pour lui, la laïcité et les symboles républicains doivent être défendus avec fermeté. "Évoluer, oui, renier notre histoire et notre culture, non", conclut-il.